Je poursuis ma couverture du FIFA, mais cette fois-ci, j’ai décidé de me foutre des façons de faire et de traiter de deux films qui ont happé mon attention. Deux films complètement différents, qui ne font même pas partie du même programme. Leurs deux seuls points communs sont d’être des courts métrages et d’être présentés au FIFA de cette année.
Le premier provient d’Argentine et traite de la place des femmes au grand écran, alors que le second vient du Liban et nous plonge au cœur de la thérapie de conversion par électrochocs.
Quarante-huit ans après sa théorisation par Laura Mulvey, que reste-t-il du male gaze au cinéma? À travers une analyse de films hollywoodiens d’hier à aujourd’hui, Salomé Bazin se questionne à savoir comment les stéréotypes de genre continuent d’influencer les rôles donnés aux femmes.
Bien qu’il soit intéressant de revoir ces séquences de films, le message ne passe pas vraiment. Le film, divisé en 3 parties, montre des extraits de films avec des femmes. La première partie montre des séquences de vieux films comme Touch of Evil (Orsol Welles) ou Gilda (Charles Vidor) avec un doublage en espagnol qui rend la chose terriblement insupportable. Ça me rappelait ces après-midi pluvieux pendant lesquels on regardait Les feux de l’amour, sans le son, pour s’amuser à inventer des répliques par-dessus les images.
Les deuxièmes et troisièmes parties sont plus agréables à regarder, et font jaillir des souvenirs pour celui ou celle qui a vu les œuvres. Mais de là à y voir une analyse du male gaze au cinéma, on repassera.
Cet empilage d’images et de musiques donneront au final un film un peu brouillon qui, à part de donner des élans de nostalgie pendant qu’on entend la musique de Clint Mansell de Requiem for a dream (Darren Aronofsky), n’offre pas réellement de réflexion, sinon, celle sur une occasion manquée.
Fatale-cinema est présenté au FIFA le 18 mars 2024.
Fiche technique
Titre original : Fatale-cinema
Durée : 10 minutes
Année : 2023
Pays : Argentine
Réalisateur : Salomé Bazin
Scénario : Salomé Bazin
Note : 5.5/10
L’histoire de Maya, une jeune fille qui subit une thérapie de conversion par électrochocs et commence à avoir des hallucinations après que sa mère découvre sa relation avec une fille.
Parfois, ce qui semble peu choquant pour les uns, l’est beaucoup pour les autres. Ainsi, lorsque l’on regarde Rupture divine, il faut se mettre en contexte. Le Liban n’est pas le pays le plus progressiste. Ainsi, en mettant en scène et sans censure une histoire amoureuse entre deux femmes, Malak Mroueh s’attaque à quelque chose de gros. En plus, il offre de la nudité à l’écran, ce qui n’est pas fréquent au Liban.
Il faut ajouter que ce film est une mise en opposition sublime de l’amour et de la répression. Le réalisateur passe d’une scène charnelle particulièrement érotique et excitant, et alors que la jeune femme se courbe en arrière, frappée par l’orgasme, on se retrouve dans une chambre d’hôpital froide, avec la jeune femme dans la même position, mais cette fois-ci le corps se contorsionne à cause d’un électrochoc qu’elle vient de recevoir. D’un bout à l’autre, le réalisateur alterne avec brio les scènes d’amour aux teintes jaunes et orangées, avec les scènes bleutées froides de l’hôpital et des séances de thérapie de conversion.
Les actrices sont superbes. On sent l’implication et le talent. Pourquoi ce film? Parce qu’en 2019, au moment de la sortie du film, ces thérapies de conversion existaient encore au Liban.
Pour ajouter une couche à son film et montrer l’hypocrisie générale, Mroueh intègre dans ses images, des tableaux, dont La femme damnée, de Nicolas François Octave Tassaert. Et d’autres peintures classiques de corps nus entremêlés.
En résulte un film puissant, aux images évocatrices et à la force dénonciatrice vibrante. Un film à ne pas manquer.
Rupture divine est présenté au FIFA le 17 mars 2024.
Fiche technique
Titre original : Rupture divine
Durée : 20 minutes
Année : 2018
Pays : Liban
Réalisateur : Malak Mroueh
Scénario : Malak Mroueh
Note : 9/10
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