« En latin, on dit “Saxa loquuntur”, “Les roches parlent”. Et elles parlent. »
Au cours des 55 dernières années, l’artiste italien Luigi Lineri a travaillé sans relâche sur « La Ricerca » (La recherche). Il s’agit d’une installation unique en son genre, composée de milliers de pierres soigneusement ordonnées et cataloguées. En ramassant des cailloux dans l’Adige et les montagnes de Lessinia, Luigi traduit en un poème visuel une vision profonde de la condition humaine. Un voyage dans le temps à travers l’art, le langage, le mythe, la technologie et l’écologie. Des outils primitifs en silex aux sculptures symboliques, Luigi dépeint les tournants d’une évolution collective, enquêtant sur le monde intérieur qui définit notre espèce et notre lien avec l’écosystème.
Avec La ricerca, Giuseppe Petruzzellis combine documentaire créatif et cinéma expérimental, afin d’offrir une ode au dévouement, un récit sur les efforts déployés pour façonner sans relâche l’avenir, depuis notre enfance primitive jusqu’à l’histoire qui n’a pas encore été écrite.
La ricerca est le témoignage de la mission de vie de Luigi : une vocation artistique conçue comme un moyen de servir la communauté humaine universelle. Un projet au long processus de développement qui a duré plus de 7 ans.
Malgré que ce film se veuille quelque peu expérimental, il est construit de manière très classique. Images de l’homme qui cherche des cailloux, homme en entrevue devant la caméra pour témoigner – témoignage qui est parfois en voix-off alors qu’on voit l’homme chercher ses roches – et plans des œuvres. Tout ça pour un résultat quelque peu ennuyant. Il faut dire que l’homme de 85 ans n’est pas des plus dynamique. Il faut rester attentif pour comprendre ce qu’il dit, car par moment les mots ne sont pas clairs.
Mais malgré cela, le réalisateur persiste en donnant la parole à cet homme hors normes, qui donne tout son temps à son œuvre. Je ne jugerai pas de la valeur de l’œuvre ici, puisque cette notion reste discutable et de bons arguments pourraient être donnés d’un côté comme de l’autre. Mais d’un point de vu cinématographique, le documentaire gagnerait à mettre des images un peu plus vivantes, ou à donner la parole à une autre personne – peut-être sa femme – afin de briser le rythme beaucoup trop lent.
Il y a un autre point qui me dérange dans ce film. Certes, l’homme est suffisamment intéressant pour en dresser un portrait. Mais qui est-il exactement pour analyser ces cailloux? Jamais on ne nous laisse croire qu’il s’agisse d’un quelconque spécialiste. Est-il géologue? Historien? Anthropologue? Comment peut-il déclarer de façon aussi certaine ce que sont ces roches? Je ne parle pas de savoir s’il s’agit de silice ou non, mais plutôt de la représentation de ces pierres.
Lorsqu’il nous montre certaines pièces en disant que ce sont clairement des représentations de femme enceinte ayant été modelée par une personne d’un lointain passé, on ne peut que se questionner. S’il est réellement un expert, il aurait été bien de le mentionner. S’il n’est qu’un amateur qui s’amuse à trouver des significations dans les roches qu’il trouve, on aurait aussi pu le clarifier. Du coup le message en serait renforcé.
Cela étant dit, son « musée » est spectaculaire. La quantité de pierres qu’il y a assemblées est impressionnante. Un travail qui se rapproche de la folie tellement ça a dû être exigeant. Il faut, à tout le moins, lui donner ça.
À la fin, La ricerca demeure un film plutôt ordinaire qui n’emballera pas grand monde. Peut-être que mon fils qui adore ramasser des cailloux serait impressionné par le musée de cet homme… Mais d’un point de vue cinématographique, on repassera.
Pour ceux qui aiment s’intéresser aux passions insolites des humains, ce film pourrait tout de même avoir de l’intérêt. Car, disons-le, cet homme reste un phénomène et une belle image de persévérance.
Son œuvre lui survivra-t-elle? Il est fort probable que non. Du coup, ce film prend un peu plus de sens.
La ricerca est présenté au FIFA, le 16 mars et en ligne du 22 au 31 mars 2024.
Bande-annonce
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