« — Chu enceinte.
— Quoi?!? Chu même pas venu encore! »
Vivre avec l’enfant de son conjoint ne va pas toujours de soi. Partageant cette réalité, Frédérique (Camille Felton), Christophe (Sacha Charles) et Geneviève (Myriam Fournier) se rencontrent chaque semaine afin de se confier et se défouler.
Avec Belle-mère, réalisée par Hervé Baillargeon et écrite par Francesca Gauthier, Marie-Soleil Dion et Julien Pelletier, TouTV propose une série solide sur les angoisses, les bonheurs et la réalité de ce que c’est que d’être une belle-mère ou un beau-père.
C’est avec beaucoup d’ouverture, d’humour et d’autodérision que Belle-mère nous fait partager le quotidien de ce trio qui ne demande pas mieux que d’apprendre à vivre en harmonie au sein de leur famille recomposée.
Y a-t-il quelque chose de plus terrifiant pour une personne qui arrive dans une nouvelle relation que de devoir faire face à l’idée de s’intégrer dans une relation parent-enfant? Et l’inverse est aussi vrai. Il est terrifiant pour un parent de faire entrer une nouvelle personne dans notre vie de « famille ». Bien que Belle-mère met l’emphase sur le point de vue de la personne qui entre dans la vie familiale, on ne met pas totalement de côté l’autre perspective.
La série montre avec justesse et juste assez d’humour et de caricature ce que c’est que de « choisir » cette vie. Car c’est une chose de choisir de faire un enfant et d’avoir tout le temps (même si en fin de compte on n’est jamais totalement prêt lorsque le grand jour arrive) pour s’y préparer, mais lorsqu’on arrive en cours de route, les changements sont parfois brutaux. Non, on ne fait pas les mêmes choses lorsqu’on n’a que soit à qui penser et lorsqu’on vit avec un enfant de 4 ans.
Même si la série montre de façon bien divisée les 3 relations, l’emphase est surtout mise sur la relation entre Fred et Jules. Lorsque Frédérique, 25 ans, tombe amoureuse de Jules (Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques), 35 ans, et découvre qu’il est le père d’Arnaud (Luka Ruel-Watt), un petit garçon de 4 ans, elle se demande si elle est prête, mais surtout si elle a ce qu’il faut pour être belle-mère. Sa tête lui dit de fuir, mais son cœur dit autre chose… Elle s’inscrit donc à un groupe de soutien pour beaux-parents dans l’espoir de mieux apprivoiser son nouveau rôle et de donner une chance à son couple. Lorsqu’elle se fait expulser du groupe avec Christophe et Geneviève, le trio décide de se rencontrer chaque semaine à la salle de quilles où Fred travaille afin de se défouler sur le quotidien pas toujours facile.
Tout ça, même si ce sont parfois des situations très lourdes, nous est présenté avec juste la bonne dose d’humour et de drame.
Fred, donc, est jeune et se retrouve propulsé dans une vie « de grand ». Geneviève vient d’emménager chez son amoureux, Ollyndo (Maxime Mompérousse). Pour réussir à faire cohabiter les deux familles, elle doit gagner le cœur de sa belle-fille, Rosa (Kiara Gaudin), qui a du mal à accepter la séparation de ses parents. C’est pourquoi la fillette mène la vie dure à Geneviève, mais surtout à son fils, Axel (Yoan Charbonneau), espérant qu’ils partent. Christophe, lui, doit se préparer à être le père d’un enfant qui n’est pas le sien. Agent d’immeuble, il est tombé sous le charme d’une de ses clientes, Fleur (Daphnée Côté-Hallé), et le coup de foudre était réciproque. Le hic, c’est que sa blonde est enceinte d’un autre homme, qu’elle ne reverra jamais.
On se retrouve ainsi avec une histoire bien diversifiée montrant 3 réalités plus ou moins fréquentes, mais tout aussi terrifiantes et magnifiques à la fois. La série est bien balancée alors que chaque relation propose un ton différent. Geneviève offre le volet le plus dramatique, Fred montre le positif et le négatif plus fréquent qu’on retrouve dans ce genre de relations, alors que Christopher amène un élément plus drôle avec ses commentaires très « gars-gars », mais qui représentent tout de même une réalité bien réelle, quoique moins fréquente. D’ailleurs, lorsqu’il raconte sa première fois avec Fleur, on a droit au dialogue le plus drôle de la série. Alors qu’ils sont en train de baiser adossés au mur d’une maison qu’ils visitent, elle lui lance, entre deux halètements, « Chu enceinte ». Et lui de répondre « Quoi?!? Chu même pas venu encore! »
Le premier épisode utilise le groupe de soutien pour montrer très rapidement qu’il y a des relations très faciles, et d’autres simplement horribles. Puis on focalise sur les trois relations principales.
Les trois acteurs principaux ont une superbe chimie à l’écran. On a rarement des séries courtes avec des dialogues aussi bien écrits au Québec.
Est-ce que cette série peut plaire réellement à ceux qui n’ont jamais vécu ce type de relation? La question se pose. Mais je peux vous dire avec certitude qu’elle est excellente pour tous ceux qui l’ont vécu et pour tout parent séparé.
Au-delà de la caricature habituelle des séries drôles, les réalités qu’on y présente sont au centre des angoisses réelles des parents célibataires et des personnes qui tombent amoureuses d’eux. Si on fait abstraction du jeu de certains des enfants, les performances sont excellentes et les personnages centraux sont attachants.
Les scénaristes touchent aussi assez juste dans leur façon de montrer comment les parents ont tendance à sous-estimer les défis que ces unions représentent pour le conjoint. Franchement, une série à voir.
Les 8 épisodes de 15 minutes seront tous mis en ligne dès le mercredi 28 février sur ICI TOU.TV EXTRA.
Bande-annonce
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