« It’s hard isin’t it… being a person? »
[C’est difficile, n’est-ce pas, être une personne?]
Fran (Daisy Ridley), qui aime penser à la mort, fait rire le nouveau venu au travail, ce qui mène à des rencontres et bien plus encore. Désormais, la seule chose qui leur fait obstacle, c’est Fran elle-même.
Avec Sometimes I think about dying, Rachel Lambert offre un film qui se situe quelque part entre la comédie romantique et le film contemplatif. Une œuvre originale qui vaut le détour.
Quand on dit que le cinéma indépendant permet d’amener du nouveau dans le cinéma de genre, Sometimes I think about dying est l’exemple parfait. Tout d’abord, l’image n’est pas toute colorée, belle, joviale. Au contraire, elle est d’un monotone presque terne, qui sied parfaitement au personnage principal qui vit une vie ennuyante, sans rebondissements, jusqu’au moment de la rencontre…
Mais contrairement à ce qu’on a l’habitude de voir dans les comédies romantiques (surtout celles de Hollywood), cette première rencontre ne déclenche pas d’étincelles. La scène est assez typique du genre de rencontre qu’on peut parfois voir dans des entreprises où une cheffe d’équipe un peu trop motivée prend en charge le côté humain de la boite.
Les plans sont presque toujours fixes, les personnages coincés dans des espaces exigus et des décors que l’on pourrait nommer de « beige ». Mais est-ce réellement une comédie romantique? Bien sûr, puisque le film crée la rencontre de deux êtres esseulés qui trouveront l’amour auprès l’un de l’autre… ou presque.
On pourrait dire qu’il s’agit d’une comédie romantique aux accents beaucoup plus réalistes, mettant en scènes des personnages qui ont un certain mal à vivre entourés de gens.
Mais ce qui fait de Sometimes I think about dying un film particulièrement bon, c’est son scénario – en particulier les dialogues – et la solide performance de Daisy Ridley.
Interpréter un personnage introverti, presque antipathique, n’est pas une mince tâche. Surtout lorsqu’il s’agit d’un personnage qui doit rester sympathique et pour lequel le spectateur doit développer un certain attachement. C’était la mission de Daisy Ridley, mission à laquelle elle répond admirablement en offrant un personnage réaliste, doux et juste assez marginal pour qu’on l’aime immédiatement.
La justesse de l’interprétation est bien appuyée par les dialogues, surtout lors des interactions entre Fran et Robert (Dave Merheje). Vous savez le genre de phrase que juste une personne introvertie et quelque peu dépressive pourrait sortir? Genre : « How do you call a decaf coffee? A depresso. » [Comment appelle-t-on un café décaf? Un dépresso.] Oui, moi cette phrase m’a vraiment fait rire.
À ces moments qui font déborder ce film du classique de la comédie romantique, on trouve aussi des phrases plus habituelles du genre : « I like you. I want to get to know you, but you just won’t let me. And I don’t know what to do. It’s confusing. » [Je t’aime bien. Je veux apprendre à te connaitre, mais tu ne me laisses tout simplement pas. Et je ne sais plus quoi faire.]
Oui, ce long métrage est déstabilisant pour celui ou celle qui s’attend à une simple comédie romantique. Mais pour celle ou celui qui veut se laisser séduire, il s’agit d’une œuvre magnifique, qui arrive juste à temps.
Sometimes I think about dying joue sur la thématique de la mélancolie, mais aussi sur l’idée que l’amour devrait être accessible à tous. Mais malheureusement, pour certains types de personnes, les relations humaines ne sont jamais simples.
Avec une trame musicale qui pousse le spectateur dans cette douce mélancolie, avec des pièces comme Remember the day, de Sibylle Baier, le film de Rachel Lambert montre que le genre des comédies romantiques peut être bousculé pour en faire quelque chose qui se rapproche de la grandeur que le genre ne connaît pas.
Voici une œuvre à découvrir tant pour la performance de l’actrice principale que pour la musique, ou le scénario impeccable. On pourrait certainement aussi mentionner la direction effacée, mais efficace de Lambert.
Bonne St-Valentin!
Bande-annonce
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