Pleins Écrans 2024 - Jour 9 - Une

[Plein(s) Écran(s)] Jour 9

Il ne reste plus que quelques jours au festival Plein(s) Écran(s). Mais avant que les lauréats soient dévoilés, il reste deux belles journées de cinéma gratuit à voir. 

Cet avant-dernier jour de nouveaux films offre 4 courts métrages de grande qualité, dont Simo, qui ramasse presque tout sur son passage. 

On regarde ça ensemble!

Compétition officielle

Yvon / L’éternel (Benoit Massé) – Québec | 20 minutes

Yvon, atteint du VIH, est à l’automne de sa vie. Amoureux de musique, il fredonne sans cesse des airs pour les fleurs, les oiseaux, son ami Alain et pour lui-même.

Yvon éternel

Avec Yvon / l’éternel, Benoit Massé offre un portrait intime d’un homme ordinaire, mais si intéressant. 

Avec une caméra tout aussi discrète que présente, le réalisateur réussit à entrer dans l’intimité de son personnage afin qu’il livre ses pensées, ses rêves et ses souvenirs. Pour y parvenir, il utilise beaucoup de gros plans d’Yvon, qu’il sépare par quelques plans larges de l’appartement, du parc ou encore de son lieu de vie. 

Le film est divisé en 4 actes et un entracte, un peu comme un opéra, genre artistique dont le personnage est amoureux. Souvent, ce genre de portrait tombe rapidement à plat, devient ennuyant, parce que les sujets ne passent pas bien à l’écran. Parfois, une histoire intéressante n’est pas suffisante pour faire un bon film. Ici, on a un peu l’impression inverse. Bien que cet homme ne semble pas avoir une histoire si palpitante, il est très charismatique et ce qu’il nous livre un témoignage devient franchement intéressant à entendre. C’est un peu comme aller voir son grand-père et l’écouter raconter avec amour ses histoires aux gens qu’il aime. 

Voici donc une très belle surprise. 

Simo (Aziz Zoromba) – Québec | 23 minutes

La rivalité fraternelle entre Simo et Emad prend une tournure dangereuse lorsque Simo infiltre en direct la chaîne de jeux vidéo de son grand frère.

Simo est une exploration de l’adolescence. Il s’agit d’un regard intime sur la résilience d’une famille immigrée et le pouvoir qu’elle détient lorsqu’elle est unie. 

Simo

En passant par la musique, les jeux vidéo et le football (soccer) – diverses activités représentant des visions alternatives de la masculinité dans notre société et dans la société égyptienne, Aziz Zoromba approfondit ce que c’est que d’être adolescent et fils d’immigrants en 2023.

Ce court métrage traite aussi des répercussions que peut avoir le fait de grandir avec des étiquettes qui coïncident avec le fait d’être arabe en Occident. On s’entend, même en 2024, si moi je fais une blague en disant que j’ai une bombe à la maison, versus la même blague faite par une personne d’origine arabe, il est fort probable que la réaction de l’extérieur ne sera pas la même. 

Ainsi, sans en faire un pamphlet, le réalisateur déploie avec grandeur ses émotions sur ce sujet risqué. Il frappe fort avec un scénario solide et une réalisation juste. Les acteurs offrent une bonne performance dans ce film qui, avec Nanitic, a été l’autre grand gagnant du dernier Gala Prend ça court!

Non seulement Simo est un film intelligent et marquant, il est aussi facile et en mesure de rejoindre le grand public. J’ai vraiment hâte de voir ce qu’Aziz Zoromba proposera avec son prochain film. Et vivement un long métrage.

6 minutes/km (Catherine Boivin) – Québec | 3 minutes

Au rythme des pas de ses ancêtres atikamekws, Catherine nous plonge dans l’univers onirique de ses courses matinales.

6 minutes km 2

Quel beau film expérimental, si simple et si complet à la fois. Un écran divisé en 3. Dans une, on voit la femme qui coure, alors que dans les autres, on observe le paysage, qui défile à la vitesse de ses pas. La narration relate ses pensées, à propos de qui elle est, de ses ancêtres et de ce que cela représente. 

On a tendance à séparer le cinéma dit « autochtone » du reste. Lorsque je regarde 6 minutes/km, je réalise que cette division n’a pas forcément sa raison d’être. À tout le moins, pas au niveau de la forme et de la qualité. En ce qui concerne le contenu, dans le cas présent, ça pourrait certainement s’adresser à n’importe quel humain. Bien sûr, Catherine Boivin questionne son héritage à elle, mais elle le fait de la même manière que je pourrais le faire ou qu’un Japonais, ou un Congolais pourrait le faire. 

D’ailleurs, en 3 minutes, elle en dit beaucoup plus que ce que la majorité des cinéastes disent en 90 minutes. Une belle réussite!

Impression(s)

Reste (Ginger Le Pêcheur) – Québec | 7 minutes

Par une matinée d’été, l’ennui vient se mêler à la lourdeur d’une soirée ayant dégénéré la veille pour Chichou, 6 ans.

Reste

Avec Reste, Ginger Le Pêcheur propose un beau film assez typique de ce qu’on peut offrir en court métrage. La qualité est là, tout comme la simplicité. 

Je dis beau, mais ce court métrage est avant tout déprimant. Quand on sait à quel point adopter un enfant est difficile, on ne peut que déprimer en voyant une enfant de 6 ans ramasser des « botchs » de cigarette et des cadres cassés au petit matin après que la mère ait fait le party. 

La réalisatrice propose aussi de belles idées, dont celle de faire interagir la petite directement avec la caméra, à un certain moment. Le résultat est un bon court métrage, qui se laisse regarder. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième