Pleins Écrans 2024 - Jour 6 - Une

[Plein(s) Écran(s)] Jour 6

Après deux jours de carte blanche signée Annecy, nous sommes de retour dans la programmation régulière de Plein(s) Écran(s). Ce sont donc 3 films en compétition et un de la section Impression(s) dont je vous parle cette fois-ci. 

D’où proviennent ces films? 3 du Québec, pour la compétition, dont le seul film autochtone de cette année, et un film du Canada pour compléter cette journée numéro 6.

Compétition officielle

Gaby les collines (Zoé Pelchat) – Québec | 20 minutes

Pour Gaby, peu de choses ont changé depuis l’été dernier. Pour les autres, apparemment, tout est différent.

À maintenant 13 ans, Gaby arrive aux Îles-de-la-Madeleine pour y passer l’été chez son père, comme chaque année. Elle y retrouve avec enthousiasme la mer qu’elle aime tant, les amis des Îles, les collines sinueuses qui se dessinent à l’horizon et la joie bienveillante du foyer paternel. Mais il semblerait que son corps d’adolescente cause bien des bouleversements.

GABY LES COLLINES 1

Avec Gaby les collines, la cinéaste Zoé Pelchat exprime ce sentiment de décalage qui parfois prend place à l’adolescence lorsque le corps change, et comment ce moment charnière affecte les relations qu’une fille a avec les autres. En naviguant entre la femme qu’elle devient et ce que les autres attendent de sa féminité, Gaby tente de trouver sa façon unique et magnifique d’être femme en ce monde.

En utilisant le principe du retour après un certain temps à l’extérieur, la réalisatrice peut plus facilement montrer l’effet de changement qui vient avec le développement du corps. Ce concept est un peu difficile à cerner pour un homme, puisque ce changement ne se vit pas tout à fait de la même manière. 

Il faut dire qu’en situant son film aux Îles-de-la-Madeleine, ça permet à la réalisatrice de jouer sur un point assez important : tout le monde se connaît et un changement de ce genre risque d’affecter beaucoup plus ses relations que  ce serait le cas dans une grande ville comme Montréal, par exemple. 

Gaby les collines reste un très bon film à faire voir à des jeunes pour les amener à comprendre ce qui s’en vient et à les préparer pour éviter de grands malaises comme on le voit ici.

Les Escaliers sont en papier (Antoine Foley-Dupont) – Québec | 15 minutes

Lorsque Félix rentre chez lui, il réalise que sa mère a mis en vente leur maison.

Les escaliers sont en papier traite du caractère à la fois immuable et précaire de la vie. Il y a des choses auxquelles on s’attache, elles deviennent extrêmement précieuses à nos yeux, et parfois les circonstances nous forcent à nous en séparer, à les oublier. 

Les escaliers sont en papier 2

C’est dans une de ces situations que le personnage de Félix se trouve. C’est ainsi confronté à la perte de sa maison d’enfance qu’il associe à ses souvenirs, à son identité, qu’il devra aller au-delà des mauvais sentiments qui l’assaillent afin de grandir de cette expérience, et d’accepter la décision de sa mère qui, maintenant seule dans cette grande maison de banlieue, se sent prisonnière de tous les souvenirs et aimerait s’offrir une nouvelle vie axée vers l’avenir plutôt que de vivre éternellement dans leur passé.

Ceci étant dit, on dirait que le réalisateur voulait faire de cette histoire un film aux frontières de l’étrange, un peu à la David Lynch. Mais créer ce genre d’ambiance est vraiment difficile dans un film de 15 minutes, et ici, c’est un échec. Le film se termine et on se dit : « heu, c’est tout? »

Foley-Dupont maîtrise le langage du cinéma. Ses angles de caméra et les plans sont bien pensés. Mais malheureusement, l’ambiance n’y est pas et le film tombe à plat. Reste à voir si son style pourra mieux le développer dans un format plus long.

Milikᵘ tshishutshelimunuau (Accordez-moi votre confiance) (Isabelle Kanapé) – Québec | 13 minutes

Le parcours d’un jeune candidat aux élections du conseil de bande de la communauté de Pessamit.

Milikᵘ tshishutshelimunuau

Il est bien ce court documentaire. Je dois commencer par ça, car j’ai souvent l’impression que les festivals programment des films autochtones pour bien paraître, sans vraiment prendre le temps de voir si le film est bon et s’il mérite sa place. Mais cette fois-ci, il s’agit d’un film qui mérite sa présence, tout autant que n’importe quel autre film sélectionné.

Avec une approche intimiste, la réalisatrice amène le spectateur au cœur de sa communauté. L’utilisation de beaucoup de gros plans des visages donne une réelle impression de proximité avec les gens du village. C’est intéressant comme approche, car souvent, nous allochtones avons une grande impression de distance avec les gens des premiers peuples. Mais pour une rare fois, j’avais l’impression que ce film s’adressait tout autant à moi qu’aux personnes d’origines autochtones.

De plus, l’intrigue (même s’il s’agit d’un documentaire) est captivante et on a hâte de savoir si le candidat que l’on suit gagnera son élection. Voici une jeune réalisatrice sur qui je garderai un oeil. 

Impression(s)

High tail (Victoria Biste) – Canada | 2 minutes

Un chien se rend compte que la ville et la vie d’adulte ne correspondent pas tout à fait à ses attentes.

high tail_still_1

Voici un petit film sur la répétitivité du quotidien. Cette réalité quelque peu aliénante que nous recherchons tout en ne voulant pas y tomber. Le tout est présenté dans une animation 2D qui rappelle les émissions de ma jeunesse. 

Je ne pourrais pas dire qu’il s’agit d’un très bon film, mais il s’agit d’un film prometteur pour une jeune réalisatrice. 

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