Pleins Écrans 2024 - Jour 5 - Une

[Plein(s) Écran(s)] Jour 5 | Carte blanche

Petit rappel avant de commencer…

La Carte blanche de cette année se veut une célébration du cinéma d’animation. Ainsi, elle est signée par le Festival international du film d’animation d’Annecy et en plus d’être présentée en ligne, elle était présentée gratuitement à la Cinémathèque québécoise le samedi 20 janvier à 16h. 

Programmée par Marcel Jean, délégué artistique du Festival d’Annecy, cette sélection en provenance des quatre coins du monde, offre une vision variée des réalités que l’on rencontre partout sur le globe. Pour cette deuxième journée, Plein(s) Écran(s) présente des films d’Indonésie, d’Iran, du Québec, du Mexique et d’Israël.

Carte Blanche

Island (Michael Faust) – Israël | 7 minutes

Sur la durée de plusieurs millénaires, l’histoire d’une petite île isolée portant une leçon révélatrice sur la nature humaine.

Island 2

L’histoire de cette petite île isolée – racontée sur plusieurs millénaires, amène le spectateur aux confins de la nature humaine. De l’ascension de l’île vers la richesse jusqu’à sa chute ultime en ruines, le film explore les différents chapitres de l’île au fil du temps : un lieu où seuls les goélands vivent qui ressemble à un énorme gisement de guano, une oasis tropicale où vit un peuple ancestral, un territoire colonial après que les explorateurs aient tué les habitants, une mine à ciel ouvert au centre de l’île avec des hôtels de vacanciers aux pourtours de l’île, finissant par dévorer l’île jusqu’à la faillite et la désolation.

Le film débute et se termine sur une image assez forte : des oiseaux qui chient sur une pierre et sur un reste d’hôtel. Une image qui semble dire qu’au final, l’humain ne créera rien de plus que de la merde, la même qui était là au début, mais en laissant un tas de ruines entre les deux. 

Le film de Michael Faust pourrait être vu comme la vision réaliste de la présence de l’humain sur terre. Le tout animé par des dessins simples rappelant les animés des années 90. Un très bon film à ne pas manquer.

Annah la Javanaise (Fatimah Tobing Rony) – Indonésie | 6 minutes

En 1893, une jeune fille de 13 ans surnommée Annah devient la domestique et le modèle du peintre Paul Gauguin.

Annah la javanaise

Voici une animation qui est tout sauf joyeuse. C’est aussi très actuel dans sa thématique, puisqu’on y traite d’abus sexuel fait par une personne célèbre d’une autre époque.Ici, la réalisatrice imagine comment le peintre Gauguin abusait cette enfant noire qu’il a fait venir d’Afrique. 

Là, on touche un point très sensible. On fait une relecture de l’histoire en utilisant nos valeurs et normes actuelles. Je trouve ce genre d’exercice toujours dangereux. Heureusement, dans le cas présent, on ne sent pas trop l’idée de la cancel culture. La réalisatrice garde une certaine prudence dans sa dénonciation. On peut comme si elle acceptait que ces choses étaient « correctes » au 19e siècle, tout en voulant s’assurer qu’on savait ce qui s’était passé. Probablement pour s’assurer que ce genre de choses ne se reproduirait pas. 

Je crois, par contre, que ce film serait plus fort si on ne nommait pas Gauguin. En le nommant, ça donne encore cette impression qu’on cherche à détruire l’image d’une personne importante dans l’histoire de l’art. En se gardant de nommer des personnes précises, la dénonciation de ces actes terribles serait plus crédible.

Cela dit, le film reste très bon et la narration faite par la jeune fille est solide!

Divare Chaharom (Mahbooeh Kalaee) – Iran | 10 minutes

Foyer, famille, relations, désirs, souhaits, tout se joue dans une cuisine. Le garçon hésitant y est seul, livré à son imagination.

Divare

Avec Divare Chaharom, Mahbooeh Kalaee propose un film complètement déjanté sur un sujet lourd. C’est en utilisant une technique mixte que la réalisatrice donne vie à cette scène de querelle familiale dans laquelle un jeune garçon est coincé. 

Kalaee use de beaucoup d’imagination pour illustrer la cacophonie ambiante et l’imaginaire de l’enfant. Elle mélange les prises de vues réelles aux dessins pour créer des décors étranges. Par exemple, un robinet en prise réelle se déverse dans un évier dessiné. L’effet est surprenant puisque la goutte part d’un objet en trois dimensions provenant du réel et termine sa course au fond d’un évier en 2D. Quelque part, entre les deux, la goutte d’eau passe d’un univers en trois dimensions pour s’aplatir et finir animé en 2D. 

Par moment, c’est carrément du dessin sur pellicule qui ajoute un détail à l’image, alors qu’à d’autres moments c’est de l’animation plus classique en 2D qui ajoute une couche à l’histoire. 

Les personnages sont aussi quelque part entre le 2D et le 3D. Le résultat est un peu dérangeant au début, mais lorsque le style s’installe, on comprend la valeur de ce mélange de supports. L’univers familial est cacophonique, et cette mixité visuelle ajoute justement à cet effet. 

Le résultat est un film qui ne laisse pas indifférent. Voici probablement le genre de film qu’on adore ou qu’on déteste. Mais le genre de film qui ne laissera personne indifférent.

Trasiego (shifting) (Amanda Woolrich) – Québec / Mexique | 7 minutes

À travers leurs carnets et leurs croquis, une grand-mère et sa petite-fille échangent sur la mort, la migration, la mémoire et l’expression.

Trasiego

En utilisant le paysage comme personnage principal et ses évolutions comme fil conducteur, cette histoire explore différents moments, périodes et pensées. Elle aborde quatre thèmes communs : la mort, la persistance des expériences et des idées à travers l’écriture et les dessins, la migration influencée par le racisme, et enfin, la perte des souvenirs et l’estompage des souvenirs. De la Pologne à Paris, puis finalement au Mexique, les protagonistes de cette histoire, des femmes artistes et graveuses, engagent le dialogue et se remémorent le voyage de la vie.

Ce court métrage est visuellement frappant, d’une somptueuse beauté tragique. Les conversations narrées de main de maître sont quelque peu déprimantes, mais teintées d’une véracité poignante. Le seul point négatif apparaît pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, car le texte passe vite et les sous-titres sont durs à suivre. 

Mais au final, il s’agit d’un film qui laisse pantois.

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