La Carte blanche de cette année se veut une célébration du cinéma d’animation. Ainsi, elle est signée par le Festival international du film d’animation d’Annecy et en plus d’être présentée en ligne, elle sera présentée gratuitement à la Cinémathèque québécoise le samedi 20 janvier à 16h.
Programmée par Marcel Jean, délégué artistique du Festival d’Annecy, cette sélection en provenance des quatre coins du monde, offre une vision variée des réalités que l’on rencontre partout sur le globe. Pour cette première journée, Plein(s) Écran(s) présente des films d’Iran, des États-Unis, d’Afrique du Sud et de France.
L’annonce d’un projet de loi sur les bienfaits de la colonisation française vient troubler le quotidien de Louise et de sa famille.
J’aurais envie de dire que plus ça change et plus c’est pareil. Dans Y’a bon?, on se promène dans la maison de Louise, une maison qui semble contenir un lourd passé. En effet, pour expliquer la colonisation, le réalisateur mélange le passé au présent dans l’habitation qui se révèle peuplée par d’étranges présences.
Ces présences, ce sont les hommes et les femmes qui ont été colonisés par la France quelques années auparavant. Que ce soit un homme qui creuse une fosse pour y mettre un cadavre, ou cette femme, attaché, qui se fait torturer, ces traces du passé sont présentes.
Un passé que l’on semble de plus en plus oublier, ce qui fait place à une montée des extrémismes un peu partout en occident. Comment peut-on éviter les erreurs du passé si on fait semblant qu’elles n’ont pas existées?
Voilà pourquoi cette animation est importante. Gardons un oeil sur le passé pour ne pas échapper le présent…
Un homme et sa femme vivent dans une maison avec l’illusion de leur fils sur le mur, qui amène progressivement des complications dans leur vie.
Avec une approche originale, Abbas Jalali Yekta offre un film puissant sur le deuil. Plutôt que de faire apparaître l’enfant décédé comme une sorte de fantôme, le réalisateur iranien utilise une technique mixte dans laquelle il mélange acteurs réels et dessins 2D.
J’ai vu beaucoup de films sur le deuil d’un parent pour son enfant mort, mais c’est la première fois que je vois cette technique. Le petit bonhomme apparaît sur les murs de l’appartement, dessiné au crayon noir. Chaque fois qu’il interagit avec un parent, ou un objet, l’objet se dédouble pour apparaitre au dessin sur le mur pour permettre au gamin d’y toucher.
Ce court métrage qui parait inintéressant au départ, montre rapidement la force de la technique employée. Et pour ajouter à l’intérêt du sujet, ce n’est pas la mère iranienne qui n’arrive pas à accepter le départ du fils, mais le père. C’est aussi une occasion, pour le réalisateur, de montrer l’effet que la mort d’un enfant peut avoir sur le couple. Et pour nous, occidentaux, ça permet de réaliser que le deuil se vit de la même manière, peu importe où on vit et en quoi on croit.
Une œuvre magistrale, sans dialogue.
Dans une maison où les repas sont un merveilleux festin permettant de se réunir et d’échanger, trois membres de cette famille unie deviennent diabétiques.
Avec 3 teaspoons of sugar, Kabelo Maaka et Tshepo Maaka offrent un rare documentaire animé présentant le diabète de façon simple et bien imagé.
Le diabète est une maladie très répandue et, pourtant, elle est encore plutôt méconnue du public en général. Les réalisatrices réussissent à expliquer les enjeux reliés au diabète sans alourdir leur film.
Il faut dire que l’animation de style « naïf » aux couleurs plutôt vives rend l’expérience plutôt agréable. Sans que le film soit palpitant, il reste léger et le spectateur se laisse entraîner dans l’histoire de cette famille plutôt sympathique.
Une œuvre qui mérite donc le détour.
Chasse Galerite est un chasseur passionné avec un désir farouche qui le mène à de sérieux ennuis.
Cette histoire est basée sur un mythe en provenance de l’Illinois. L’histoire en tant que telle est plutôt amusante : un chasseur blanc qui tombe amoureux d’une autochtone et qui tentera de prouver au père, le chef, qu’il est digne de marier sa fille.
Malheureusement, le positif s’arrête là. Les images, peintes sur pellicule, donnent un rendu peu captivant. On a un peu trop l’impression de regarder des peintures à l’aquarelle plutôt qu’un film animé.
Mais ce qui détruit complètement ce film, c’est la narration d’une piètre qualité. Le narrateur n’est clairement pas à l’aise dans son rôle. De plus, à quelques reprises il s’enfarge même dans ses mots. Il me semble que ces séquences auraient pu être réenregistrées. Ça aurait donné un peu de crédibilité à l’œuvre.
Un film à éviter.
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