Lakay nou - Une

Lakay Nou – Une maison, 3 générations | Tou.tv

« Tout est une question de timing. » 

Tout est une question de timing, tout est une question de choix, tout est une question de perspective. En ce début d’année 2024, Radio-Canada et tou.tv (Extra hein) misent sur leur première série Afrodescendente, Lakay Nou (notre maison en créole), qui a vu le jour sur la plateforme le 18 janvier. 

Une dramédie de 10 épisodes relatant les péripéties de Myrlande et Henri, couple québécois d’origine haïtienne, coincé entre les deux rives culturelles et générationnelles de leurs enfants purs produit de la belle province et de leurs parents encore attachés à leurs racines et aux attentes plus traditionnelles de leur génération.

Il n’est pas rare d’utiliser le conflit générationnel comme ressort comique, pour soulever des thématiques familiales qui, à mesure que le temps passe, celles-ci évoluent et Lakay Nou en fait partie. Cependant, la série lui ajoute une touche haïtienne. Un gout de diversité bienvenu dans lequel le créole et les références culturelles caribéennes donnent une grille de lecture supplémentaire, voire un enjeu social majeur : la représentation de la diversité dans le paysage télévisuel québécois. 

Lakay nou - Introduction

Au bout des 3 épisodes présentés en visionnement de presse, plusieurs questions me sont intuitivement venues à l’esprit. Est-ce que cette série articule ses racines cultuelles haïtiennes, à l’heure où une demande de diversité plus accrue est demandée au sein des séries d’ici (tout est une question de timing en y revient) ? Comment est représentée cette famille tout au long de l’émission? Comment s’articule son discours? Quelles sont les thématiques qui ont été et qui seront traitées? La communauté haïtienne peut-elle se reconnaitre à minima dans cette fiction qui se veut intergénérationnelle? Frédéric Pierre, son créateur, a-t-il su marier ses références dans une série pour laquelle le diffuseur public offre une place prépondérante? Et la comédie dans tout ça? 

Coincé, décider, assumer et avancer 

Si la série dépeint un clan québécois d’origine haïtienne tissé TRÈS serré, c’est pour mieux mettre en exergue ses défaillances, pour mieux présenter ses enjeux, et sans doute pour mieux expliquer tout en nous faisant rire. Loin des clichés habituels, loin des personnages haïtiens archétypaux, Lakay Nou, se veut, à bien des égards, une série où ses protagonistes ont des défis « normaux », loin de la criminalité, loin tout ce qui est illégal en somme, arrondir les angles d’une représentation parfois trop dénigrée par le petit écran. Et quoi de mieux que relater l’histoire d’une famille, dont Fréderic Pierre traîne ses péripéties dans un coin de sa tête depuis au moins 20 ans. 

Lakay nou - Coincé - Frédéric Pierre
Henri (Frédéric Pierre)

À l’instar de l’affiche de la série, Myrlande et Henri sont pris en « otage », coincé entre deux générations dont les similitudes n’ont d’égales que le nombre de clients de la libraire d’Henri (merci de rire à cette blague après avoir vu la série). On y voit ce couple de bobo trimbalé d’une aventure à une autre entre le conservatisme de leurs parents respectifs les défis contemporains de leurs trois enfants tout en essayant de tracer un chemin porté par leurs propres choix qui vont s’offrir à eux (je ne veux pas trop spoiler). 

C’est bien là tout le cœur de l’histoire, comment cette génération, décrite comme sandwich, arrive à évoluer au sein d’un environnement où les choix déterminants n’ont d’égales que la susceptibilité du père d’Henri (encore une fois merci de rire après avoir vu la série), où les dissonances et quiproquos arrivent à vous faire rire (à des degrés divers) ou nous attaches à des personnages qui sont eux-mêmes des sortes de vecteur représentant la perception d’un immigrant (toute génération confondue) du Québec. Sur cet aspect-là précisément, il faudra regarder la série en entier, pour connaître comment s’articule son scénario, mais des pistes ont été semées lors de ces 3 épisodes.  

Plus globalement, on y retrouve tous les ingrédients classiques d’une comédie familiale comprenant les ressorts humoristiques habituels (et c’est bien dommage), les blagues potaches sur la perception de la famille, les liens parents enfants, comment s’accommoder du changement, comment in fine s’émanciper d’une famille bien trop envahissante sans pour autant casser le lien. 

Lakay nou - Fin - Frédéric Pierre et Catherine Souffront
Henri et Myrlande (Catherine Souffron)

Il en ressort de ces 3 épisodes, un beau potentiel qui, je l’espère va être maximisé. De là à ce que les diverses communautés culturelles, et surtout celle haïtienne, arrivent à s’identifier et à bien aimer la série, il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas. 

Série de curiosité 

Encore une fois tout est une question de timing et Lakay Nou, au-delà d’être une série, se révèle être un objet de curiosité bienvenu. Car si Après le déluge a dessiné les contours sombres de la communauté haïtienne, la fiction de Frédéric Pierre vient offrir au spectateur un moment de douceur sentant bon le griot et les bananes pesées.

Fiche technique

Titre original
Lakay nou
Durée
22 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Ricardo Trogi
Scénario
Frédéric Pierre, Catherine Souffront, Angelo Cadet et Marie-Hélène Lebeau-Taschereau
Note
6.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Lakay nou
Durée
22 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Ricardo Trogi
Scénario
Frédéric Pierre, Catherine Souffront, Angelo Cadet et Marie-Hélène Lebeau-Taschereau
Note
6.5 /10

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