S’avance le cortège mortuaire d’une année qui aura été pleine de changements pour moi. Je commençais un nouveau travail comme journaliste culturel chez Le Petit Septième; endroit qui m’amène à m’épanouir davantage semaine après semaine. François Grondin, encore une fois, merci de m’avoir offert cette chance incroyable que tous n’ont pas (l’humilité c’est aussi un cadeau à faire durant le temps des fêtes); cette chance de me rapprocher peu à peu du but qui me motive chaque jour. Faire le don de soi au monde qui m’a engendré me semble la plus noble et pertinente des quêtes qu’un être puisse entreprendre (sans les autres on ne serait pas là).
D’autres changements auront toutefois été moins agréables. Comme de quitter un emploi auquel j’ai donné 10 ans de ma vie; où j’ai fait le don de moi, où tout se termine sans tambour ni trompette. Et puis après tout, j’ai quand même entretenu des amitiés plus longues pour qu’elles me pètent au visage. Finalement, il n’y a pas que les divorces; le monopole de la sensation de trahison et de temps perdu ne leur appartient pas.
Malgré cela, après un temps (comme presque tout), les sentiments de tristesse et de rancœur se transforment et peuvent laisser place à la reconnaissance. L’attachement; l’engagement; le don de soi; la fidélité; les sacrifices; les joies; les souvenirs; les amitiés développées; et les expériences acquises, même si elles sont faites dans l’amour, il s’agit rarement DU grand amour (oui celui qui existe pas juste dans les contes de fées). Cependant, une fois la désillusion passée, on peut se retourner et regarder en arrière et dire : « Je vous aime. Je ne vous oublie pas. Au plaisir de se revoir. »
En ce moment, le monde n’est peut-être pas à son meilleur, mais il ne faut pas abandonner. Parfois quand la nuit semble plus noire que jamais, c’est que le jour va bientôt se pointer à l’horizon. C’est sur cette note de bonne volonté que je fais une récapitulation de l’année 2023 du cinéma selon ce que j’ai pu observer par moi-même. Je ne suis pas de ceux qui chassent la nouveauté, car j’aime surtout rattraper le temps perdu; c’est-à-dire, les œuvres que je n’ai pas encore vu et qui valent la peine. Ici, je n’aborderai que les films que j’ai visionnés et qui sont parus cette année.
1- Barbie — Elle est exactement comme je le voudrais!
Cette année à été forte en divisions et en controverses (pour faire honneur à la tradition depuis la pandémie 2020). Les conflits ukraino-russes ou israélo-palestiniens; le droit des femmes à l’avortement aux États-Unis qui faisait marche arrière. Faut-il s’arrêter ou continuer en ne sachant plus sur quels pieds de poule danser (c’est un SOS)? La plus importante césure sociétaire fut quand même le passage simultané sur les grands écrans de Barbie et Oppenheimer.
Étrangement, ce n’est pas le film sur la bombe nucléaire et la folie que crée le pouvoir dans l’esprit de ceux et celles qui s’y frottent qui laissa un impact dans la pensée populaire. À ma grande surprise, la bombe qui s’abattit sur les foules référait davantage à cette façon que l’on avait jadis (et peut-être encore un peu aujourd’hui) de décrire les attraits physiques associés au corps de la femme. Arborant son classique rose bonbon qui pique les yeux, Barbie est interprétée avec justesse par Margot Robbie dans le film du même nom.
Pour ma part, je reste encore surpris de toute la polémique que souleva le film autant au sein de la pensée populaire que celui des plus fins connaisseurs. On la déteste ou on la vénère, mais nul ne fut laissé de glace par la reine des jouets incarnée en chair et en os.
De quoi parle le film? Bien, un peu de tout et c’est là que les tranchées se creusent dans l’opinion du public. Barbie n’est pas un film féministe, mais il n’est pas non plus un film pro-patriarcat. Difficile de se faire des amis quand on ne choisit pas de camp; la nature humaine est ainsi faite à vouloir diviser les choses en deux (tout vient en pair ou on laisse faire). L’œuvre réalisée par Greta Gerwig n’a pas la prétention de connaître toutes les réponses, mais elle a tout de même l’audace de poser des questions. C’est un peu aussi là que réside l’âme du récit; la protagoniste qui n’a jamais rien remis en question du monde qui l’entoure commence soudainement à éprouver quelque chose de dérangeant que l’on appelle le doute. Un travail d’une humilité insoupçonnée venant d’un produit aussi superficiel.
En soi, n’est-ce pas l’essence même de ce qui est matériel? D’abord, il faut prendre corps pour ensuite pouvoir gagner en substance. Certes, l’idole des jeunes filles n’est pas blanchie de toute responsabilité quant à l’image qu’elle projette sur le monde, et par ricochet des perceptions et des interprétations de l’esprit humain parfois néfaste à l’égard des femmes; mais elle le questionne et tente de comprendre comment exister sans nuire, ou plutôt, comment être au-delà de son emballage et du plastique.
Sans doute que Barbie ne sera pas reconnue comme le plus grand film de l’année ni peut-être même un grand film, tout court. Cependant, malgré qu’il n’ait pas toutes les qualités pour qu’on le couvre de gloire, ce plus que charmant long métrage est loin de mériter la haine du public. À prendre avec une pincée de naïveté (et non avec des pincettes), la qualité est indéniable et laisse l’auditoire avec une surprenante quoique subtile insatisfaction provoquant inévitablement une réflexion chez ceux et celles qui le regardent. Du moins, ce fut mon cas et j’espère que vous saurez apprécier le film à sa juste valeur.
Une pensée effleure mon esprit; si les Five Stars chantaient encore aujourd’hui peut-être qu’ils nous diraient de qui entre Barbie et Oppenheimer est la vraie bombe atomique.
2- Divinity — Here’s my key. Philosophy
J’ai déjà fait la revue de Divinity cette année alors je ne m’éterniserai pas en long et en large sur le sujet. Si mes impressions sur le film vous intéressent tout de même, vous pouvez aller consulter l’article.
Une expérience inattendue et cinématographiquement enrichissante. L’usage du noir et blanc rappelle une époque révolue du cinéma qui ne devrait pas l’être. L’œuvre prouve que le cinéma ce n’est pas que de la couleur et du CGI et que les possibilités au niveau de la réalisation sont presque infinies.
Le générique d’introduction est particulièrement prenant et m’électrise à chaque fois que je le regarde. Assurément un incontournable pour les créateurs voulant trouver une nouvelle source d’imagination.
J’aimerais vous laisser sur un air de Guru Josh Project qui résume en partie l’atmosphère éthérée que dépeint le film dans mon esprit. Une chanson à écouter durant l’affrontement final pour un effet très spécial😉.
3- Five Nights At Freddy’s — Restaurant 5 étoiles
2024 approche à grands pas et selon la carte céleste du cinéma on peut voir que la constellation « Marvel-DC » est en rétrograde, mais la lune « jeu vidéo » est en ascension. On peut s’attendre à une augmentation drastique de l’engouement pour le divertissement virtuel, mais aussi pour son marché. Tandis que l’univers du 9e art laisse déjà tranquillement sa place à un autre; est-ce un bon présage pour le 7e? Personne ne peut le dire encore, mais ce qu’il y a de certain c’est qu’il faut s’habituer à voir plusieurs de nos jeux favoris être adaptés au cinéma ou à la télévision. S’envient bientôt une cavalcade qui secouera les fondements de la culture populaire pour les années avenirs pour le meilleur et pour le pire.
Dans cette première vague qui déferle dans nos salles (désolé, pas de calembours sur le COVID volontaire), on aurait cru que les jeux les plus populaires seraient les mieux adaptés à l’écran. Pourtant, selon moi, les séries comme Last of Us n’ont pas su complètement capter l’essentiel de ce qui rendait à l’origine ces jeux fantastiques. De son côté, Super Mario Bros. Movie n’est pas encore le chef-d’œuvre qui pourra dorer cet étendard une bonne fois pour toutes comme l’auront été Star Wars ou The Lord of the Rings dans leur genre cinématographique respectif.
C’est donc avec beaucoup de surprises que Five Nights At Freddy’s, ou FNAF, remporte selon moi une note de 2 étoiles, mais des étoiles michelins (contrairement à un certain autre film dont j’ai déjà fait la revue cette année). Cette concoction plus que divertissante signée Emma Tammi réussit à capturer l’âme du jeu avec une simplicité étonnante à travers une construction qui avance avec le même rythme qu’un automaton rouillé. Pour avoir expérimenté cette série de jeux vidéo au fil des années, je ne peux que constater la justesse de l’atmosphère. Des moments qui paraîtront quelques fois rigolos ou abracadabrants, mais c’est exactement ce qui arrive sporadiquement lorsqu’on expérimente le jeu lui-même.
Pourtant, si je me fiais simplement à ma quasi inexistante affection pour la compagnie qui a produit M3GAN, je n’allais pas assister à cette projection sans peur. Je me suis dit advienne que pourra. Si c’est mauvais, on va rire comme avec M3GAN, malgré tout j’avais la nette impression qu’il y avait là le potentiel pour une adaptation plus que satisfaisante.
L’ironie que le style à la fois horrible et adorable était le bon pour cette production. Dans la précédente, on avait du mal à saisir si l’humour était volontaire ou simplement une conséquence d’une mauvaise direction. Là, il n’y a pas de doute, le côté enfantin vient souligner l’horreur de la situation présente. On tente de fuir l’angoisse et la terreur avec un peu de légèreté, mais elles nous rattrapent à chaque tournant.
Five Nights At Freddy’s est superbement exécuté et très divertissant. Une œuvre qui ose sortir des sentiers battus du genre de l’horreur pour y amener une mythologie, et donc une symbolique à la fois familière et nouvelle. Pas le meilleur film d’horreur, mais l’objectif est atteint; je n’avais envie ensuite que de rentrer chez moi, fermer les lumières, et retourner à mon Pizza Fazzbear Simulator. Celui-là est gratuit en plus, et il est parfait pour les adeptes de la peur comme moi (j’adore un jeu ou un film qui puisse me donner la frousse).
À ne pas manquer! Félicitations à Matthew Lillard pour son rôle (même s’il est peu présent) qui arrive de loin avec des films comme Scooby-Doo. Sa première scène dans FNAF m’a marqué par son habileté d’exécution. Impossible d’oublier les réactions complices du public dans la salle lorsque j’y étais. À la fin du visionnement, mon ami présent ainsi que moi-même avons pu assister à une ovation debout accompagnée de clameurs et d’applaudissements. Tout simplement épatant!
Devant une cuisine aussi impeccable, même le célèbre Gordon Ramsay fondrait sous le charme de cette recette telle une tarte encore chaude au fond d’un estomac gourmand.
4- The Flash — Si l’on pouvait changer l’Histoire
Je sais, je viens de mentionner plus haut comme quoi l’ère des superhéros tirait à sa fin, néanmoins je crois que l’un d’entre eux à su se démarquer dans la course pour le meilleur film du genre.
Je suis désolé d’annoncer que je ne suis pas du tout fan des films de superhéros depuis le premier Avenger au cinéma; puis les choses se sont mises à dégringoler davantage suite au rachat par Disney de Marvel Studios (clairement nous sommes au début d’un âge des ténèbres). De l’autre côté, DC Comics n’a jamais vraiment su sortir de l’ombre après la série de Batman par Christopher Nolan. En cela, Superman: Man of Steel à tenter de se propulser dans le ciel pour finalement tomber de haut et s’enfoncer comme un clou dans le cercueil de la franchise qui depuis se débat comme le Diable dans l’eau bénite pour ne pas disparaître.
The Flash c’est un vent de fraîcheur sur les plaies encore ouvertes de ceux qui auraient souhaité voir autre chose que du Emo / Edge Lord à la Zack Snyder au cinéma. L’histoire est bien travaillée surtout avec une des matières littéraires les plus lourdes de tout DC Comics et des plus difficiles à suivre pour les nouveaux venus dans le milieu.
5- The Iron Claw — Un véritable rush d’adrénaline et d’endorphine
Je l’ai peut-être déjà mentionné, mais je ne suis pas du type qui entretient une relation profonde et fusionnelle avec les biopics. Cette année, j’ai pu, dans le cadre de mon travail, assister à quelques visionnements comprenant ce genre qui ne me sied que rarement (les Divertimento de ce monde). Heureusement pour moi, peu d’entre elles furent une expérience déplaisante, mais aucune ne peut se comparer à l’émerveillement que m’a procuré The Iron Claw.
Je ne ferai pas l’éloge de cette œuvre estomaquante plus longtemps, car j’ai déjà fait la revue de celle-ci. Si mes impressions sur le film vous intéressent tout de même, vous pouvez aller consulter l’article.
Je dois vous laisser sur la chanson emblématique de Rush qui servit d’introduction pour Kerry Von Erich lors de ses matchs de lutte professionnelle de 1981 à 1983. Aussi, j’aimerais rendre un petit hommage à mon grand ami Alain pour qui Rush est un des meilleurs groupes de Rock à avoir foulé le sol terrestre (je partage l’opinion, je l’admets).
0 – Prix Cul-de-Sac — AIMEE — Honteux
J’aurais voulu décerner le prix à Kill Shot, mais vu que je ne le considère pas comme un film, il est automatiquement disqualifié. Il sera toujours dans mon cœur un éternel numéro deux tellement il est mauvais même pour être un bon dernier.
Avant toute chose, prenons le temps de considérer les autres nominés qui tentèrent leur chance avec un saut de bungee pour se retrouver en mille miettes sur le pavé.
Le prix du pire film que j’ai vu cette année revient à AIMEE. En plus de toutes mes non-félicitations pour avoir remporté ce loin d’être prestigieux sac brun plein de vomi comme trophée, je n’ai même pas à en faire la revue puisque c’est déjà fait. Si mes impressions sur le film vous intéressent tout de même, vous pouvez aller consulter l’article.
Disons que AIMEE c’est ce type de mélange rare qui rend un film mauvais sans même le rendre drôle à regarder. Je vous le déconseille fortement, à moins qu’un jour l’envie incontrôlable de ne pas avoir de plaisir vous assiège… Alors peut-être que là ce sera le bon moment. Pour le reste, je serai toujours contre une production qui veut sauver de l’argent en essayant de transformer une IA médiocre en une performance artistique. L’art fait par les machines n’en est pas, c’est comme l’amour sur ce point. Je n’empêche personne d’utiliser ses jouets et autres gadgets, mais faut pas essayer de monter un bateau non plus et me faire croire que c’est pareil à faire l’amour. Pour continuer l’analogie, tant qu’à mal le faire, laisse faire.
Je vous laisse sur un air qui dépeint clairement comment la société de consommation nous amène à une superficialité, une artificialité de notre intelligence et nos valeurs. Une tentative pauvrement exécutée de la part du film pour qui je ferais passer la chanson en boucle.
Mot de la fin de 2023
De toute évidence, 2023 aura été chargée en émotions pour tout le monde et pas toujours des bonnes raisons. Pour ma part, j’ai trouvé que le cinéma s’est épuisé et que l’industrie perd déjà des morceaux révélant la mécanique défaillante avec le corps inanimé d’un enfant logé dans le mécanisme. Bon débarras, le cinéma n’a pas besoin de ceux qui le veule pour son argent. Il en va de même pour les réunions de famille. Soyons honnête les uns avec les autres et prenons le temps de retrouver cette naïveté de l’enfance et à ne pas voir notre passage sur Terre comme une compétition, mais une bénédiction; de pouvoir le voir et de pouvoir y participer. Sur cette planète les portefeuilles se sont les arbres pas les pochettes en cuir, il serait bon de s’en rappeler de temps en temps.
Dans cette optique d’ouverture sur le monde, même si celui-ci est en mode catastrophe depuis quelques temps, c’est le temps de célébrer, peu importe nos croyances. Comme le chante Jean-Leloup; même si le monde est apeuré, à pleurer, on se dit « Allez Hop » pour la prochaine année!
Joyeux Noël et Bonne année à tous! Merci à tous celles et ceux qui me lisent, mais surtout qui m’accompagnent dans ma vie; mes amis, ma famille, mes collègues et surtout mes amours! J’apprends chaque jour en votre compagnie et j’espère de tout cœur vous permettre la même chose de mon côté. 2024, soyons là les uns pour les autres.
