Abbé Pierre - Une

L’Abbé Pierre – Une vie de combats – Tout un abbé

« J’étais à vos côtés… »

Henri Grouès est un de ces personnages de l’histoire dont le curriculum vitae est juste impressionnant. D’abord prêtre, où il a fait vœu de pauvreté, il s’engage ensuite dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale et devient résistant suite au régime de Vichy. C’est là qu’il rencontre sa grande partenaire Lucie Coutaz et prend le nom d’Abbé Pierre. Car après une courte carrière politique, les deux fondent le mouvement Emmaüs, une organisation qui a pour mission de venir en aide aux personnes sans-abris. 

Il se fera surtout connaître en 1954 avec son appel sur Radio-Luxembourg, qui demandait à la population de venir en aide aux personnes dans le besoin pendant un hiver très rude. Cela lui donnera une grande image dans toute la France, mais aussi partout dans le monde. Et si cela ne suffisait pas, il survécut à de nombreux accidents, dont un naufrage sur la côte de l’Argentine. Bref, un homme dont l’histoire mériterait un film sur sa vie.

Les films

C’est ce que pense Frédéric Tellier, à qui on doit les films L’affaire SK1, Sauver ou périr, et plus récemment Goliath. Ce n’est pas, cependant, le premier cinéaste à s’intéresser à la figure de l’Abbé Pierre, le premier étant en 1955 avec Les Chiffonniers d’Emmaüs de Robert Darène et le deuxième en 1989 avec Hiver 54, l’abbé Pierre de Denis Amar. Mais si ces deux films se focalisent surtout sur Emmaüs et l’hiver de 1954, Frédéric Tellier tente quant à lui de dresser un portrait complet de l’homme.

Abbé Pierre - Avant On voit donc

On voit donc non seulement toutes les actions entreprises par l’Abbé Pierre, incarné par Benjamin Lavernhe, mais aussi sa relation avec sa grande amie et collaboratrice Lucie Coutaz interprétée par Emmanuelle Bercot, les nombreux défis qu’il a relevés, surtout face à sa santé fragile, et une introspection de sa personne.

Authenticité

Et tout ça se veut authentique. Il y a peut-être quelques libertés prises, mais la grande majorité de ce qui est raconté dans le film s’est réellement passé. On peut prendre en exemple le célèbre appel de 1954, qui est un copié-collé du véritable. Cela est dû à la participation de membres de la fondation Abbé Pierre qui ont supervisé le tout. Et contrairement à Bohemian Rhapsody, où les membres de Queen ont détourné la réalité pour se donner une meilleure image, la Fondation a permis un portrait moins embelli et plus vrai de leur fondateur.

Ce dernier est d’ailleurs magnifiquement interprété par Benjamin Lavernhe, qui méritera amplement sa nomination aux Césars. Il donne vraiment vie à l’Abbé Pierre, que ce soit avec sa voix particulière, ses moments de méditation et ceux où ils ne mâchent pas ses mots, et il est d’autant plus impressionnant sous une tonne de maquillage en vieil abbé.

Raconter authentiquement l’ensemble de la vie de l’Abbé Pierre est une idée intéressante, mais elle mène vers le grand piège des biopics modernes : l’envie de tout raconter. C’est notamment le cas avec l’Abbé Pierre dont la vie a été bien remplie. Mais si on vient à raconter trop de choses, le scénario n’a pas le temps de bien s’attarder sur son histoire, et donc le spectateur a moins la chance de s’investir émotionnellement dans le film. On a plus l’impression de regarder une suite de scènes que l’introspection d’une grande figure de l’histoire. 

Abbé Pierre - Avant Tout comme

C’est d’autant plus dommage lorsque le film passe à côté d’éléments plus polémiques de la vie de l’Abbé Pierre, plus précisément l’Affaire Roger Garaudy, dans lequel un de ses amis a sorti un livre aux propos antisémites. Ce genre de moments peut servir d’excellents enjeux dramatiques, notamment en explorant comment ça affecte l’image publique et la vie privée du protagoniste. Mais ici, ce n’est que mentionné pendant une phrase.

Tout comme cette idée de scènes où l’Abbé erre dans un lieu désertique, métaphore évidente des doutes auxquels il est confronté. Mais là encore, c’est sous utilisé. Et concernant le reste de la mise en scène, Frédéric Tellier fait un travail classique, mais efficace. Par contre, on se demande quelle est l’intention derrière tous les flous qui parsèment le film.

Tous ces problèmes ne font pas de L’Abbé Pierre – Une vie de combats un mauvais film. Il est même intéressant de découvrir et de s’intéresser à une figure aussi unique dans l’histoire. Cependant, en imitant tous les grands biopics qui existent et en reprenant la plupart de leurs problèmes, le long-métrage de Frédéric Tellier n’arrive pas à se démarquer du reste de la masse et à se trouver une identité propre. Le film vaut quand même le coup d’œil, mais ce n’est pas le biopic du siècle.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
L’Abbé Pierre - Une vie de combats
Durée
137 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Frédéric Tellier
Scénario
Olivier Gorce et Frédéric Tellier
Note
6.5 /10

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fiche technique

Titre original
L’Abbé Pierre - Une vie de combats
Durée
137 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Frédéric Tellier
Scénario
Olivier Gorce et Frédéric Tellier
Note
6.5 /10

© 2023 Le petit septième