Novembre - Une

[RIDM] Novembre – Baume saisonnier

« It’s the feeling of being betwixt and between… »
[C’est le sentiment d’être entre deux choses…]

Novembre - Affiche

Novembre est une expérience itinérante à la recherche des multiples âmes qui peuplent la ville de Montréal, entre l’automne coloré et l’hiver immaculé, dans ce no man’s land saisonnier bien connu pour sa tendance spleenétique. C’est une excursion dans les rues de la ville à travers ses déplacements incessants et une incursion dans l’aliénation du monde moderne urbain. 

Novembre, c’est l’histoire des identités montréalaises métissées en quête de sens et de lumière.

Le mois de novembre

Si dans le synopsis ci-haut, le mot novembre désigne avant tout le nom du film, il pourrait tout aussi désigner la période de l’année en général. Loin d’être le temps favori du peuple québécois en raison de sa température bipolaire et de ses ciels grisâtres (soit la température exacte qu’il faisait en me rendant au cinéma pour visionner le film), novembre représente pour la plupart des gens la période malaisante, transitoire, mais nécessaire entre la fin de l’été ainsi que de son beau temps et le début de l’hiver, du temps des fêtes. Pour cette raison, rares sont les gens qui ont hâte à cette période : si on l’attend impatiemment, c’est pour qu’elle passe le plus vite possible. Bien que novembre soit personnellement mon mois favori, je ne blâme pas les Québécois de ne pas se hâter dehors lorsqu’il cogne à la porte : pas grande chose à voir dehors, si ce n’est que des arbres vides et une ambiance maussade qui se transmet aux visages sans hâte des habitants déprimés.

Novembre - Le mois de novembre
Montréal

Je m’emporte. Ce que je dis aurait beaucoup plus de sens si je parlais d’un film tout aussi déprimant que le mois qu’il représente. Cependant, c’est tout le contraire : Novembre, c’est une occasion de redécouvrir sous un nouveau jour un mois sous-apprécié, et c’est un pari que les documentaristes Karine van Ameringen et Iphigénie Marcoux-Fortier gagnent haut la main. Sous son expression la plus simple, Novembre est une série de portraits de personnages tous plus charismatiques les uns que les autres tournés dans la grande région de Montréal (sauf un ou deux portraits en région que je ne pouvais situer avec certitude). À priori, rien ne semble lier ces individus dont nous ne connaissons la provenance, sinon qu’ils et elles semblent s’être dressé.e.s sur le chemin d’errance des réalisatrices lors de la conception du documentaire. Dans une scène, un père Noël de centre d’achat nous fait part de son anxiété reliée à sa vie quotidienne; dans une autre, un sans-abri de la vingtaine, souriant et couché dans une ruelle (pour son mal de dos, nous dit-il), nous partage sa joie d’être libre, de n’avoir de comptes à rendre à personne. Aucun lien entre ces scènes, ainsi qu’entre ses personnages que nous ne reverrons pas dans le film.

Voir ce que nous ne voyons pas

Cependant, voilà, là, la force du film; Novembre nous force à nous arrêter là où nous ne regardons pas assez, les réalisatrices se rendant aux quatre coins de la ville dans des lieux que les Montréalais reconnaîtront sans doute. Les personnages (que je prends soin d’appeler ainsi plutôt que « intervenants ») se livrent avec une honnêteté désarmante que nous voyons rarement à la caméra, proximité sans doute accentuée par la petite équipe de tournage (les deux réalisatrices s’étant relayées aux tâches de production telles que la caméra, la prise de son, etc.) En ressort un film aussi brut et honnête que parfois drôle et soulageant, le tout dans un mélange qui n’est pas sans rappeler l’ambiance de notre Stéphane Lafleur adoré. Les sujets abordés, même les plus lourds, sont amenés avec une certaine légèreté bienvenue en ces temps maussades. 

Novembre - Voir ce que nous ne voyons pas

On se rappelle presque Ferris Bueller (l’ode ultime à la joie de vivre) qui nous disait il y a trente ans : « La vie va très vite. Si vous ne vous arrêtez pas pour regarder autour de vous de temps en temps, vous risquez de tout rater. » Si c’est une réplique qui peut nous paraître un peu quétaine, il est souvent bon de se rappeler ces sages paroles, et c’est ce que Novembre fait parfaitement. C’est un film qu’il vous faut voir à ce temps précis de l’année. C’est un film qui donne envie de sortir, de rencontrer des gens, de prendre un café avec un inconnu, de faire un coucou à un gars de construction… Bref, Novembre représente un baume saisonnier, nous rappelant au passage qu’il nous revient de faire de ce mois habituellement maussade une expérience plaisante.

Novembre est présenté aux RIDM les 25 et 26 novembre 2023.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Novembre
Durée
95 minutes
Année
2023
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Karine van Ameringen et Iphigénie Marcoux-Fortier
Scénario
Karine van Ameringen et Iphigénie Marcoux-Fortier
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
Novembre
Durée
95 minutes
Année
2023
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Karine van Ameringen et Iphigénie Marcoux-Fortier
Scénario
Karine van Ameringen et Iphigénie Marcoux-Fortier
Note
7 /10

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