« Il était insatiable et d’une tendresse infinie. »

Quand Blanche croise le chemin de Grégoire, elle pense rencontrer celui qu’elle cherchait. Les liens qui les unissent se tissent, ils se laissent rapidement emporter par leur histoire qui se construit. Quand le couple déménage, Blanche s’éloigne de sa famille et de sa sœur jumelle pour s’ouvrir à une nouvelle vie. Mais fil après fil, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux.

L’amour et les forêts est un film adapté de l’œuvre éponyme d’Éric Reinhardt, publiée en 2014 et ayant reçu un grand succès critique. Il a notamment obtenu le prix Renaudot des lycéens cette même année. Ce long-métrage de Valérie Donzelli relate une rencontre, puis le développement d’une relation toxique suite à l’emprise qu’exerce Grégoire, interprété par Melvil Poupaud, sur Blanche, qu’incarne Virginie Efira.

Une rencontre malvenue

Au cours d’un été comme un autre, deux sœurs jumelles, interprétées toutes deux par Virginie Efira, passent des moments paisibles en compagnie de leur mère. La sœur de Blanche, davantage extravertie, insiste pour qu’elle se rende à une soirée où elle pourrait faire une rencontre décisive. C’est lors de cette soirée que Blanche recroisera le chemin de Grégoire, une connaissance du passé. Il s’avère être très intéressé par elle, et soucieux de mieux la connaître. La vie de cette jeune femme va alors basculer.

À la suite de cette rencontre, la mise en scène de Valérie Donzelli met subtilement en avant la montée progressive de l’emprise psychologique, par des dialogues ambivalents et des remarques insidieuses de la part de Grégoire, qui alterne entre la plainte et le repentir. La scène au restaurant, lorsque Blanche apprend que Grégoire a menti à son supérieur afin qu’elle aille vivre avec lui dans une autre région qui l’éloigne de sa famille, met réellement mal à l’aise. Il reconnaît juste après une partie des faits, puis retourne les arguments en sa faveur. En tant que spectatrices et spectateurs, nous observons la relation évoluer au détriment du bien-être de Blanche, qui semble progressivement prise dans un étau au risque d’étouffer.

Vers la libération 

La jeune femme cache cette relation toxique à sa famille et ses collègues de travail. Enseignante de français dans un lycée, elle est appréciée de ses élèves comme ses collègues. Intelligente et auparavant épanouie, elle avait tout pour être heureuse avant la rencontre de Grégoire. Maintenant mère de deux enfants et coincée dans une région qu’elle n’apprécie guère, loin de sa Normandie natale, elle subit les remarques de plus en plus violentes de son mari, qui fait parfois mine de reconnaître son penchant destructeur avant de montrer de nouveau sa face sombre et agressive. Il décide de gérer les comptes de sa femme, la suit parfois dans son quotidien, la rabaisse de façon insultante. Il faudra un repos forcé ainsi que le soutien de ses proches pour que Blanche décide de stopper cette relation qui la menace de l’intérieur.

Ce long-métrage fait parfois froid dans le dos, car il met en avant un phénomène bien trop présent au sein de certains couples qui semblent pourtant développer une relation équilibrée. L’histoire est racontée en flash-back, nous savons donc dès le début du film que l’héroïne s’en sort, ceci au détriment d’une perte de confiance en elle et de joie de vivre. Sa personnalité semble être affaiblie, car prisonnière d’un homme que nous percevons assez vite comme faible mais manipulateur, avec un discours à double tranchant. Ce film est à recommander pour sa lucidité et sa mise en scène à la fois réaliste et poétique. Habile dans sa construction et son scénario, il ne semble malheureusement pas si éloigné d’une certaine réalité…

Bande-annonce  

Révision linguistique par Maeva Kleit.