Le ravissement - Une

[Cinemania] Le ravissement – Beauté toxique du mensonge 

« Depuis quand demander de l’aide, c’est laisser tomber? »

Le ravissement - Affiche

Comment la vie de Lydia (Hafsia Herzi), sage-femme très investie dans son travail, a-t-elle déraillé? Est-ce sa rupture amoureuse, la grossesse de sa meilleure amie Salomé (Nina Meurisse), ou la rencontre de Milos (Alexis Manenti), un possible nouvel amour? Lydia s’enferme dans une spirale de mensonges et leur vie à tous bascule…

Si on a bien appris quelque chose durant notre vie, c’est bel et bien de ne jamais mentir. Le mensonge est un terreau de problème qui se transforme en sable mouvant dès qu’on y met les pieds. Oui, mais voilà, il y a bien une chose qu’on omet de mentionner : c’est que le mensonge est facile, accessible et c’est tout ce qui le rend paradoxalement beau et attirant. Mais à quel moment pensons-nous à mentir? Comment se construit cet enchaînement? Mentir a-t-il un sens? 

Une vie morose

Si les couleurs et rues champêtres de Paris cachent la gravité de la situation de Lydia, c’est pour mieux souligner ses dégâts dans l’attitude de cette dernière. Car oui, la photographie aux couleurs chaudes et le grain soyeux de l’image contrastent avec la froideur et la morosité psychologique que cette jeune sage-femme vit. 

Le ravissement - Une vie morose 1
Lydia (Hafsia Herzi) et Milos (Alexis Manenti)

Trompée par son compagnon de 3 ans, oubliée par Milos, pour qui sa rencontre ne fut qu’une relation passagère, Lydia s’est enlisée dans un déni ayant pris ses aises dans le mensonge. Pourquoi adopter cette posture, se demanderait-on? Pourquoi cacher sa peine à Salomé (meilleure amie) qui, contrairement à elle, va connaître la joie de la maternité? Pourquoi sombrer dans l’omerta alors que la parole est libératrice? Si cette approche est choisie, c’est sans doute pour mieux nous faire ressentir de l’empathie envers la protagoniste à qui le bonheur des autres a fait perdre sens. Mais le sens de quoi?

Les traits que donne Iris Kaltenbäck à son œuvre ressemblent beaucoup aux difficultés d’aborder le chagrin amoureux, ou la solitude destructrice. Cependant, la mise en scène et le développement scénaristique donnent à cette phase de l’épaisseur. La caméra introspecte son sujet pour mieux le comprendre, pour mieux le déconstruire et y chercher une sorte de vérité dans les traits énigmatiques de Lydia. La caméra cherche toujours le regard de son personnage qui devient par essence une sorte d’objet d’étude interagissant avec ses propres paradoxes. Pourquoi la mélancolie se transforme-t-elle en mensonge?

Le ravissement - Une vie morose 2
Lydia et Salomé (Nina Meurisse)

Comme une fable qui peut en tirer une autre, Le Ravissement est une sorte de conte qui dresse l’amer constat de la comparaison. Se comparer avec autrui reste un moyen archaïquement destructeur surtout si le bonheur de Salomé ou le rejet de Milos pousse Lydia à se retrancher dans sa solitude et de ce fait fuir sa réalité.

Le Ravissement, embarque non pas par sa force de proposition, mais par son aisance à questionner. Nous restons suspendus à ces questions, perdus dans nos émotions et dans notre ressenti comme la voix-off de Milos. Et en face nos questions percutent le silence de Lydia, une ravissante énigme. 

Le ravissement est présenté au festival Cinemania les 5 et 11 novembre 2023.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Le ravissement
Durée
97 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Iris Kaltenbäck
Scénario
Iris Kaltenbäck
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
Le ravissement
Durée
97 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Iris Kaltenbäck
Scénario
Iris Kaltenbäck
Note
7 /10

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