She who dared - Une

She, Who Dared – Pionnière et dérangeante

« I was one of the lucky ones. Born at the right time. I had witnessed the birth of film. Nurtured it. And in turn, found the perfect medium, with which I could preach to my heart’s content. »
[J’étais une des chanceuses. Née au bon moment. J’avais assisté à la naissance du cinéma. Je l’ai nourri. Et en retour, j’ai trouvé le médium parfait avec lequel je pouvais prêcher à ma guise.]

She who dared - poster

Lois Weber (Katie Killourhy) est une cinéaste à succès tiraillée entre son travail et les responsabilités du mariage. Lorsque son nouveau film menace de révéler ses véritables sentiments à propos de sa relation, et des hommes en général, sa place dans l’industrie sera-t-elle menacée à jamais?

Avec She, Who Dared, Gabrielle Rosson met en lumière un pan de l’histoire du cinéma oublié de tous. Saviez-vous que plusieurs femmes ont été à l’origine du cinéma hollywoodien tel qu’on le connait? 

Une part de l’histoire occultée

On dit souvent, avec raison, que les femmes ne se voient pas offrir les mêmes opportunités que les hommes dans le milieu cinématographique, surtout derrière la caméra. On sait bien pourquoi d’ailleurs. C’est simplement parce que l’industrie hollywoodienne est dirigée par des hommes et que ceux-ci ne veulent tout simplement pas donner plus de place aux femmes. Mais le problème de la place qu’on donne aux femmes va beaucoup plus loin, et c’est pour le dénoncer que Gabrielle Rosson a réalisé She, Who Dared

Saviez-vous que bien avant l’arrivée de ces grands réalisateurs, le cinéma avait eu des femmes aux commandes de nombreux films? À part quelques personnes, je suis convaincu que la grande majorité répondra « non » à cette question. Pourquoi? Parce que les hommes qui dirigent l’industrie depuis maintenant trop longtemps ont fait en sorte que cette partie de l’histoire ne se sache pas. 

She Who Dared - Une part historique occultée
Lois Weber (Katie Killourhy)

Le film de Rosson est donc un premier pas vers cette reconnaissance : 

« I wanted to honor Lois Weber by recreating the lost ending of “What Do Men Want?” because this was the film that essentially ended her career. I had to know what it was about this film that producers hated so much. And when I discovered the text of the lost ending, I realized it said quite a lot. But I won’t spoil it for anyone. You’ll have to see She, Who Dared for yourself. » [Je voulais rendre hommage à Lois Weber en recréant la fin perdue de What Do Men Want? parce que c’est essentiellement le film qui a mis fin à sa carrière. Je devais savoir ce qu’il y avait dans ce film que les producteurs détestaient tant. Et quand j’ai découvert le texte de la fin qui avait été perdu, j’ai réalisé qu’il en disait beaucoup. Mais je ne le gâcherai pour personne. Vous devrez voir She, Who Dared  par vous-même.]

Gabrielle Rosson

La réalisatrice réussit d’ailleurs à montrer son personnage sous un angle réaliste, sans l’idéaliser. De ce fait, elle propose une œuvre qui pourrait s’avérer importante. 

Il était temps de rétablir les faits

Ce que la réalisatrice américaine montre avec She, Who Dared, c’est que Lois Weber était une visionnaire du système des studios, qui a brisé les barrières et repoussé les limites à une époque où les femmes n’étaient pas souvent vues en position de pouvoir. Elle réussit aussi à montrer, malgré la courte durée du film, que Lois Weber était tiraillée entre son travail et les responsabilités du mariage. 

Je mentionnais que le film était possiblement une œuvre importante. Il est assez inhabituel de dire ça pour un court métrage. Lorsqu’on lui a demandé d’où lui était venue l’idée de faire ce film, la réalisatrice a expliqué ceci : 

« I have often said that everyone has their own distinct reaction the first time they learn about Lois Weber. For some, it’s shock, others amusement, but for me it was bewilderment. I had spent nearly four years working as a woman in film and had never once learned that women were foundational to the industry. » [J’ai souvent dit que chacun avait sa propre réaction la première fois qu’il entendait parler de Lois Weber. Pour certains, c’est un choc, pour d’autres, c’est amusant, mais pour moi, c’est la perplexité. J’avais passé près de quatre ans à travailler en tant que femme dans le cinéma et je n’avais jamais appris que les femmes étaient fondamentales dans l’industrie.]

Gabrielle Rosson

Et elle n’est pas la seule. Malgré des études en cinéma, c’est par après que j’ai aussi appris que plusieurs femmes ont été au centre de la création du cinéma. Sans les femmes du début du vingtième siècle, le cinéma ne serait peut-être pas devenu aussi important qu’il l’a été et qu’il l’est encore aujourd’hui. 

« I chose to frame her life through the lens of her memoir, The End of the Circle, which was never published and later stolen. She wrote this book at the end of her life while battling what her family now believes was Crohn’s disease. Since the book is missing, it gave me a wonderful opportunity to speculate about what she might have written. » [J’ai choisi de décrire sa vie à travers le prisme de ses mémoires, The End of the Circle, qui n’ont jamais été publiées et ont ensuite été volées. Elle a écrit ce livre à la fin de sa vie, alors qu’elle luttait contre ce que sa famille croit désormais être la maladie de Crohn. Puisque le livre a disparu, cela m’a donné une merveilleuse occasion de spéculer sur ce qu’elle aurait pu écrire.]

Gabrielle Rosson

Et force est de constater que Rosson a mis en place une histoire tout à fait crédible. 

She Who Dared - Il était temps de rétablir les faits
Lois Weber (Katie Killourhy) et son mari (Paul Noonan)

Je sais que certains d’entre vous diront que ce n’est pas vrai que la place importante que les femmes ont eue dans les débuts du cinéma est cachée, presque censurée. Pourtant… On lui a demandé si elle croyait que les conditions des femmes cinéastes, et des femmes en général, s’étaient améliorées depuis l’époque de Lois Weber. 

Et c’est là que She, Who Dared pourrait devenir important. Il traite et montre ce que personne (ou presque) ne veut dire. Oui, les femmes sont non seulement importantes aujourd’hui afin de permettre d’avoir plusieurs points de vue, mais elles l’ont été, aussi, dans l’avènement du septième art. Si ce court métrage peut mener à un long métrage qui montre cette réalité, alors le film de Rosson aura effectivement été important.

« I recently saw a Hollywood film about the silent film era. It was told from a man’s perspective and told a man’s story. It was called Babylon. While I enjoyed it very much, it completely sidesteps the contributions of women, and in my mind misses a huge opportunity to tell the real story of early Hollywood, which was in fact a time of equal opportunity for men and women. We’ve seen it happen time and time again, from space innovations to animation, the contributions of women are often erased or overlooked. This can easily be changed by correcting the record. »[J’ai récemment vu un film hollywoodien sur l’ère du cinéma muet. Il était raconté du point de vue d’un homme et racontait l’histoire d’un homme. Le film s’appelle Babylone. Même si j’ai beaucoup apprécié ce film, il ignore complètement les contributions des femmes et, dans mon esprit, rate une énorme opportunité de raconter la véritable histoire des débuts d’Hollywood, qui était en fait une époque d’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Nous l’avons vu à maintes reprises, des innovations spatiales à l’animation, les contributions des femmes sont souvent effacées ou négligées. Cela peut facilement être modifié en corrigeant la narrative. »

En 2023, il était temps que quelqu’un ose!

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
She, Who Dared
Durée
27 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
Gabrielle Rosson
Scénario
Gabrielle Rosson

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Fiche technique

Titre original
She, Who Dared
Durée
27 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
Gabrielle Rosson
Scénario
Gabrielle Rosson

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