« Vous dormez correctement en escale? »
Pilote de ligne, Estelle (Diane Kruger) mène entre deux vols, une vie parfaite avec Guillaume (Mathieu Kassovitz), son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe, avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt.
Diane Kruger dans le rôle d’Estelle et Matthieu Kassovitz dans celui de Guillaume, la carte de présentation s’annonce bien. On est en droit de s’attendre à un film bien joué et intéressant. Bien joué, oui, mais loin d’être intéressant. Le film de Yann Gozlan s’ouvre sur une musique troublante, angoissante comme dans un Hitchcock, ça annonce des couleurs sombres et un stress à venir. Le décor est magnifique avec des villas somptueuses, des bords de mer, des voitures luxueuses et des personnages de la haute société, des gens qui ont réussi.
L’action présente bien Estelle et Guillaume comme un couple heureux, très actif, lui médecin et elle pilote de ligne. Mais l’image est malaisante, dans une atmosphère déjà trouble, avec cette musique qui n’annonce rien de bon. La rencontre avec Ana viendra chambouler leur vie bien établie et remettre en question la santé mentale d’Estelle.
Les ingrédients sont tous là pour un film de suspense, mais le problème c’est que le spectateur semble avoir été oublié dans ce projet. À aucun instant je ne me suis senti dans ce film. Un bon film nous fait entrer dans l’action, nous émeut, nous touche minimalement. Celui-ci nous laisse sur le trottoir d’en face, à aucun moment je ne me suis reconnu dans le déroulement du scénario.
La rencontre d’une ancienne flamme est un lieu commun dans un roman ou un dans un film, mais quand même un élément qui peut être très intéressant, lorsque bien présenté. Ici, c’est comme qui dirait volontairement pas clair, comme si le film voulait nous mêler, nous confondre comme dans la tête d’Estelle, j’imagine. Mais c’est pas réussi.
L’œil joue un rôle important dans le déroulement, l’œil de l’autre, l’œil voyeur, mais qui est son regard à soi…
On peut aussi imaginer que le réalisateur ait voulu au passage, illustrer la rencontre d’une femme libre (Ana) et l’autre moins libre, en couple (Estelle). Mais je n’ai pas trouvé où cette image menait. Culpabilité et rejet y sont présents.
Matthieu Kassovitz ne joue pas son meilleur rôle ici et Marta Nieto ne perce pas l’écran non plus.
En résumé, un film qui aurait pu fonctionner, avec de bons éléments, mais qui garroche les scènes sans trop de clarté. Puis il y a les méduses, le jogging, le simulateur de vol, qui sont des éléments présents tout au long du film sans que l’on sache vraiment pourquoi. Je suis resté médusé.
On peut comprendre que le réalisateur ait tenté de faire vivre à son spectateur le même trouble-cauchemar-angoisse que son personnage principal, mais c’est plutôt raté. Désolé.
Un film trop long et trop obscur.Bande-annonce
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