The Face Of The Jellyfish - Une

[FNC] The face of the Jellyfish – Sommes-nous notre visage?

« Esta mi cara. Esta no! »
[Ça, c’est mon visage. Pas ça!]

The face of the jellyfish - affiche

D’un instant à l’autre, le visage de Marina (Rocio Stellato) changea. Comme dans un cauchemar kafkaïen, un jour, vers la trentaine, son visage a cessé d’être ce qu’il était. Qui est Marina maintenant? À travers son histoire, le film plonge dans une enquête sur la signification du visage, au cœur de notre identité et sur la façon dont nous rencontrons les autres, qu’ils soient humains ou non-humains.

Pouvons-nous être quelqu’un au-delà de notre visage, au-delà de notre image?

Avec The face of the Jellyfish (El rostro de la medusa), Melisa Liebenthal propose un pur film d’art et d’essai, mélangeant fiction et documentaire afin de questionner la notion d’identité. Un film tout, sauf ordinaire.

Le mélange des genres

Le long métrage n’offre pas souvent de réels films d’art et d’essai, des films expérimentaux. Pourquoi? Parce qu’il est difficile de garder l’attention des spectateurs pendant plus de 30 minutes lorsqu’on leur propose quelque chose de moins narratif et de moins habituel. Surtout lorsqu’on donne un rythme lent et qu’on pousse la réflexion. 

The Face Of The Jellyfish - Le mélange des genres

Dans The face of the Jellyfish, la réalisatrice utilise des techniques mixtes pour élaborer son questionnement sur l’identité. La majeure partie du film reste une fiction plutôt traditionnelle. On suit une femme qui tente de résoudre sa quête personnelle. Le tout, filmé selon les lois du langage cinématographique classique. 

Mais la réalisatrice inclut de nombreuses séquences de type documentaire scientifique dans lesquelles l’image se fige sur un visage pour prendre les données biométriques. Les points et les lignes bleus s’affichent à l’écran, se déplacent pour comparer les visages des personnages, des animaux, des espèces, puis tout ça s’efface et on retourne à Marina. À d’autres moments, ce sont des montages dans lesquels on interchange des parties de visages pour créer une nouvelle identité visuelle. On prend, par exemple, le visage de Marina, on y place le nez d’un de ses oncles, puis la bouche de sa mère. Puis, on remplace le nez par celui de la mère et le nez par celui d’une arrière-grand-mère. Et ainsi de suite. 

Il faut admettre que sur le coup, ce film est assez demandant. Au début, on a envie de décrocher. Mais c’est une fois le film terminé, et après une bonne nuit de sommeil, que la valeur de cette œuvre se révèle. 

La notion d’identité

Le point de départ fantastique et un peu absurde de ce film c’est lorsque Marina se réveille, un matin, avec un visage différent du sien. C’est là le début d’une enquête sur l’identité qui s’étend dans de nombreuses directions : les mésaventures du personnage principal, plongé dans un conflit très étrange, ainsi que les nouvelles possibilités que cela lui ouvre, commencent à s’entremêler. Marina doit retrouver son visage, mais, surtout, elle doit comprendre qui elle est vraiment. Peut-elle être identifiée par un portrait de famille, par la biométrie ou par l’amour de son entourage, dont son petit ami colombien? Est-elle plus jolie maintenant? Est-elle la même personne?

The Face Of The Jellyfish - La notion didentité
Marina (Rocio Stellato) avant et après

Dans un monde où l’image est plus importante que jamais, cette question d’identité reliée au visage n’est pas absurde. Sommes-nous notre visage, ou si notre identité tient à autre chose? Dans le premier tiers du film, Marina galère à s’accepter, d’autant plus que sa famille ne l’aide pas beaucoup. À plusieurs reprises, sa mère l’ignore comme si elle ne la connaissait pas vraiment et sa grand-mère lui dit carrément de ne pas la toucher parce qu’elle est une inconnue. Pas étonnant que Marina n’arrive pas à retourner au travail. 

Ainsi, avec une série de réflexions audiovisuelles sur des images et des visages, tant humains que ceux de d’autres espèces avec lesquelles nous coexistons ou nous connectons d’une manière ou d’une autre, la réflexion de la réalisatrice prend place. Que signifie un visage, une empreinte ou un nom? Qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes?

The face of the jellyfish pourrait être plus excitant à regarder. Peut-être que la réalisatrice aurait pu ajouter quelques scènes avec Marina pour compenser un peu plus la grande quantité d’images d’analyse biométrique. Ces séquences parfois trop longues créent… des longueurs. Mais somme toute, ce long métrage se regarde bien. 

Un peu plus…

Dans un format hybride entre fiction, documentaire et essai, El rostro de la medusa nous invite à nous demander ce qu’il reste de nous une fois que nous nous regardons dans le miroir et ne nous reconnaissons pas.

The Face Of The Jellyfish - Un peu plus

Vous êtes-vous déjà posé cette question? Est-ce différent pour les femmes et pour les hommes? Depuis longtemps, les femmes (en particulier) se maquillent, change leur visage afin de ressembler à ce qu’elle désire être. Puis, il y a aussi les chirurgies esthétiques. Avons-nous créé un monde dans lequel notre visage représente plus notre identité que ce que nous sommes à l’intérieur?

La question a de l’importance et la façon qu’utilise Melisa Liebenthal pour la poser est très intéressante. 

The face of the jellyfish est présenté au FNC les 9 et 10 octobre 2023.

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
El rostro de la medusa
Durée
75 minutes
Année
2022
Pays
Argentine
Réalisateur
Melisa Liebenthal
Scénario
Agustín Godoy et Melisa Liebenthal
Note
7.5 /10

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Fiche technique

Titre original
El rostro de la medusa
Durée
75 minutes
Année
2022
Pays
Argentine
Réalisateur
Melisa Liebenthal
Scénario
Agustín Godoy et Melisa Liebenthal
Note
7.5 /10

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