« It would be exciting if you made me wait for a while. »
[Ce serait excitant si tu me faisais attendre un moment.]
Ann (Joanna Arnow), une New-Yorkaise morose d’une trentaine d’années, se sent coincée dans tous les domaines de sa vie. À sa grande consternation, les années ont passé rapidement dans sa relation BDSM occasionnelle à long terme, son travail de bas niveau dans une entreprise et sa famille juive querelleuse. Alors qu’elle commence à se sentir de plus en plus aliénée, elle se débat avec elle-même et ses relations.
Avec The feeling that the time for doing something has passed, Joanna Arnow propose une comédie autofictionnelle dans laquelle elle mélange autodérision et questionnements existentiels.
Pour raconter son histoire, la réalisatrice mise sur un format atypique. The feeling that the time for doing something has passed est divisé en 5 chapitres portant les noms des homes qui passent dans la vie sexuelle d’Ann. Chaque chapitre est ensuite construit en vignettes plus ou moins longues permettant à la scénariste/réalisatrice/actrice de montrer comment fonctionne une relation de type dominant/soumise et aussi de réfléchir au passage du temps et à l’effet qu’a celui-ci sur la vision qu’on a de notre vie.
La construction du récit vise ainsi à renverser la structure de l’histoire conventionnelle en faveur d’une progression des personnages dans laquelle la protagoniste change plus lentement et les changements qui se produisent sont de nature plus petite et plus irrégulière.
La sexualité représentée ici est essentielle à l’histoire et à l’humour de chaque scène, filmé dans un long plan fixe long qui met l’accent sur l’humour absurde et la comédie de la physicalité. On doit mentionner, ici, que Joanna Arnow passe la majeure partie du film complètement nue, dans des scènes lentes et sans musique. Ça crée une sorte de malaise, mais aussi un regard qui s’éloigne de la notion de pornographie. Elle démontre ainsi qu’il est possible de montrer des corps nus sans que ça devienne pornographique.
Mais le point important du film est qu’il montre qu’une femme qui participe à une relation BDSM en temps que soumise n’est pas nécessairement en soumission devant l’autre. Elle participe activement aux décisions. Elle montre le caractère d’Ann en tant que participante active à la planification des séances BDSM afin de contrer l’idée fausse et erronée que les femmes qui vivent ce genre de relation sont soumises de A à Z.
Je vais conclure en disant que ce long métrage est exceptionnel tant dans sa forme que dans son contenu ou sa mise en scène. Un film à ne pas manquer.
The feeling that the time for doing something has passed est présenté ai VIFF les 6 et 7 octobre, et au FNC les 7 et 9 octobre 2023.
© 2023 Le petit septième