FNC 2023 - Nouveaux Alchimiste programme 3 - Une

[FNC] Les Nouveaux Alchimistes | Programme 3

Ça se poursuit avec le programme 3! Ne me lâchez pas en route. J’ai besoin de votre encouragement. 😆

Le mal des ardents (Alice Brygo) – France – 16 minutes

Une foule sidérée assiste à un incendie. La menace n’a pas de nom, et une angoisse diffuse se répand. Il faut conjurer la peur, transformer le feu en signe. Les images originales de l’événement — transformées par des techniques d’animation — sont utilisées pour reconstituer la réaction de la foule en une expérience à la fois stupéfiante et déstabilisante.

Le mal des ardents

Visuellement magnifique, cette reconstitution d’un événement marquant de la dernière décennie est remarquable. La réalisatrice s’est imaginé ce qui se passait probablement dans la foule alors que Notre-Dame de Paris brûlait. On ne nomme pas directement l’événement, mais c’est assez clair. 

Ce qui est original, ici, c’est que seuls les personnages sont visibles. Jamais on ne voit l’église qui brûle, jamais on ne voit les flammes. On ne voit même pas de décors à l’arrière-plan. Seuls des hommes, des femmes, des enfants et des voix peuplent ce récit imaginatif. L’arrière de la scène est un simple fond bleu foncé, le même bleu foncé qu’on retrouvera au générique. Les personnages sont immobiles, telles des statues de cire. Et pourtant l’émotion passe.

Les dialogues sont franchement réalistes, tout comme les réactions. Ici une vieille femme déplore qu’une batisse aussi importante parte en fumée. Là, une jeune s’amuse en se moquant du fait qu’en fait, on s’en fout, après tout ce n’est qu’un tas de pierres. Le débat prend forme. 

C’est étrange à quel point ce film aurait probablement pu durer une bonne demi-heure sans qu’on ne s’ennuie malgré qu’il n’y a aucun mouvement, autre que le déplacement de la caméra qui se promène à travers les personnages. Un réel tour de force!

Kinderfilm (Adrian Jonas Haim, Michael Stumpf, Robin Klengel et Total Refusal) – Autriche – 12 minutes

C’est un jour ordinaire dans le jeu « Grand Theft Auto V ». Et pourtant, les rues bondées de voitures sont marquées par une grave absence. À la recherche d’indices, Edgar, le protagoniste, explore l’étrangeté de sa normalité et redécouvre un monde à la fois beau et cauchemardesque.

Kinderfilm

Pourquoi exactement? Je n’ai pas trop compris la raison de ce film. A-t-on vraiment besoin de ramener ce jeu aberrant à l’avant de la scène en lui dédiant un film? En fait, il ne s’agit pas tant d’un film que d’une partie enregistrée. 

C’est tellement insignifiant que je ne vois même pas quoi en dire…

Eschaton ad (Andrea Gatopoulos) – Italie – 9 minutes

Un film apocalyptique est soudainement interrompu par une étrange publicité. Un homme en costume-cravate apparaît pour livrer un message aux spectateurs et au réalisateur. Résolument étrange, parfois cauchemardesque, ce court métrage joue habilement entre le passé et le futur de la production d’images pour poser la question que tout le monde se pose : « L’intelligence artificielle nous remplacera-t-elle un jour? »

Eschaton ad

Je ne sais pas si je dois dire « magnifique » ou « terrifiant » après avoir visionné ce film. Ce qui commence comme un bête film d’OVNI des années 60 se termine en un genre d’horreur du avant/après visuel. Un arbre rempli de feuilles/un arbre sans feuilles, un beau paysage/une bombe atomique et un paysage détruit, etc. 

L’utilisation de vieux matériel mis en opposition avec la génération d’images par intelligence artificielle amène une grande réflexion. D’autant plus que le personnage généré artificiellement nargue pratiquement les créateurs d’aujourd’hui. L’intelligence artificielle s’améliore un peu chaque jour, pendant que l’intelligence humaine recule un peu à chaque décennie. Est-ce une simple question de temps avant que l’Homme ne se fasse finalement surpasser par la machine?

Eschaton ad est probablement le premier film de fiction à traiter du sujet de façon intelligente et efficace. L’avenir nous dira ce qu’il en est vraiment…

Cyclepaths (Anton Cla) – Belgique – 12 minutes

Les oiseaux volent. Une ville s’écroule. Une fête est allumée. Les techniques 3D et l’esthétique des jeux vidéo sont utilisées pour modéliser une société sombre et isolée dans laquelle règnent l’ennui et l’aliénation. Le contraste entre le réalisme de l’environnement sonore et la qualité surréaliste des images produit une méditation troublante sur la nature violente et destructrice de l’effondrement de la société.

Cyclepaths

Je ne suis pas fan de ces films en animation de style « jeu vidéo ». Mais force est de constater que dans le cas de Cyclepaths, c’est réussi. On se retrouve ainsi avec un film perturbant dans lequel tout est destruction, qu’il s’agisse d’immeubles ou de personnes. 

Le film est un peu long, mais ça reste raisonnable. Disons que j’aurais fait rentrer le tout dans un 10 minutes plutôt que 12. Surtout que la dernière minute est moins pertinente et un peu brouillonne. 

Mais somme toute, ce film mérite qu’on prenne quelques minutes pour le regarder.

AliEN0089 (Valeria Hofmann) – Chili / Argentine – 22 minutes

Alors qu’une joueuse met en ligne une vidéo de témoignage pour dénoncer le harcèlement dont elle est victime dans un jeu vidéo de guerre, un étranger pénètre chez elle et pirate son ordinateur, brouillant ainsi les frontières entre les mondes réel et virtuel — une expérience à plusieurs niveaux reflétant l’hyperréalité d’aujourd’hui, mêlant la capture d’écran à des images à la première personne et à des séquences documentaires.

AliEN0089

Avec AliEN0089, Valeria Hofmann dénonce le harcèlement et la violence en ligne envers les femmes. Il faut se fermer volontairement les yeux et se boucher les oreilles pour penser que cette grande violence n’existe pas. Et avec ce film, la réalisatrice tente de montrer que les deux mondes ont de plus en plus tendance à se mélanger et à brouiller la vision qu’on peut avoir des actes de violence. Alors qu’il n’y a que quelques années encore, on différenciait la violence numérique de celle faite « dans la vraie vie », il est maintenant impossible de les séparer puisque l’une influence l’autre. 

En utilisant une technique qui incorpore les images et en alternant entre des séquences d’entrevues, de fiction et de jeu vidéo, le spectateur en vient à ne plus trop savoir ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. Mais n’est-ce pas aussi ce qui produit maintenant? 

L’autre point intéressant avec le film de Hofmann, c’est qu’il attire l’attention sur le volet du jeu vidéo. On connaît assez bien la violence dont les femmes sont victimes sur Twitter, et même sur Facebook. Mais ce qui se passe à l’intérieur des jeux, ça c’est beaucoup moins connu. Mais le harcèlement et les menaces sont omniprésents pour les filles qui y passent du temps. Encore plus si elles sont bonnes dans ces univers. 

Est-ce simplement la continuité de ce qui se passe ailleurs dans notre monde actuel? Ou est-ce une zone particulière parce qu’à une autre époque, les gamers étaient des gars délaissés, voire humiliés par les filles et, donc, de voir ces mêmes filles envahir leur univers les amène à se sentir menacé? Je crois tout de même que la question se pose, car il y a une violence assez particulière envers les femmes dans le monde du gaming en ligne. Peut-être qu’il faudrait analyser le passé pour comprendre le présent et améliorer le futur. Non?

En tout cas, ce film mérite d’être vu.

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