The Send-Off

The Send-Off — Des adieux dignes de ce nom

« I don’t know if you noticed, but Hollywood people really love to gossip. »
[Je ne sais pas si tu savais, mais les gens d’Hollywood adorent les potins.]

Dan Richards est un acteur primé qui vit seul dans sa maison luxueuse d’Hollywood Hills, lorsqu’il reçoit un appel téléphonique inattendu qui change sa vie à jamais. Sur un coup de tête, Dan décide d’organiser une fête de dernière minute à la maison, en présence de ses amis les plus proches. Ce qui commence comme une réunion amusante se détériore lorsque Dan rassemble tout le monde et divulgue le contenu de son récent appel téléphonique. Sous le poids de cette nouvelle, la fête explose et les secrets les plus profonds de Dan sont dévoilés. Explorant les thèmes de l’insécurité masculine et de la culture hollywoodienne, The Send-Off aborde Tinseltown d’un point de vue tout à fait original.

Avant tout, The Send-Off est un petit bijou d’écriture qui nous amène plus d’une fois à reconsidérer la nature fluide de nos allégeances ainsi que l’hypocrisie sociale dont nous faisons tous preuve à un moment ou un autre.

Bons baisers d’adieu

Ce qui saute immédiatement aux yeux en regardant The Send-Off, ce sont ses allures de « film de festival » : je parle en cela d’un film à petit budget, souvent un drame aux allures comiques charmantes, qui surprend un peu avec son bon fond, mais échoue au final à laisser une véritable impression. Pourtant, aucune lacune immédiatement apparente : le tout est assez bien filmé (même si le manque de budget se fait sentir), la bande-son annonce du jazz frénétique (voyez-y un mélange de Birdman et du sax cinglant de Coltrane dans ses albums plus doux) et l’intrigue promet un personnage « imparfait, mais gentil » tel qu’il le met lui-même dans ses mots. D’une certaine manière, tous ces codes sont une méthode que le réalisateur applique pour nous appâter dans un drame confortable avant de nous larguer la vraie bombe. J’ai l’impression de le dire souvent comme critique, mais encore une fois : difficile de parler du film sans en dire plus, et il s’agit définitivement d’un film où moins on en sait, mieux c’est. 

The Send-Off - Bons baisers Rhian Rees
Mara (Rhian Rees)

Sachez avant tout que, c’est un film plus que réussi, et ce particulièrement grâce à l’excellent scénario, que le réalisateur signe lui même. S’inspirant ouvertement des classiques mumblecore, films très à la mode vers la fin des années 2000 dont les caractéristiques principales sont d’avoir un petit budget, des acteurs non-professionnels et des dialogues réalistes livrés de manière convaincante (quitte à les marmonner, ou mumbling), The Send-Off exprime avant tout ses propos à l’aide de ses excellents acteurs et de son scénario oscillant entre le drame personnel et la comédie noire, parfois même dans la même scène. 

Des relations à usage unique

The Send-Off parle avant tout de l’élite d’Hollywood. Difficile de savoir s’il s’agit d’une critique sanglante ou simplement d’un portrait honnête (désolé, je n’y suis pas encore assez pour le savoir, mais ça s’en vient!); dans tous les cas, force est de constater que ce ne sont pas les amitiés profondes qui peuplent ce quartier d’opulence et d’égocentrisme. Toute l’intrigue du film se déroulant durant une soirée mondaine (à l’exception faite de quelques fausses séquences d’entrevue avec le personnage principal, acteur récipiendaire d’un légendaire Emmy Award), il nous est donné l’occasion de voir les différentes interactions entre les « amis » du personnage principal ainsi que les dynamiques changeantes lorsque ce dernier n’est pas présent. Cette hypocrisie est particulièrement élevée considérant qu’il s’agit de l’élite hollywoodienne, tantôt contente de votre succès en vous parlant, tantôt jaloux de votre Emmy (« Bob Odenkirk should’ve gotten it instead !» tel que le clame en toute confiance un invité particulièrement acerbe). Si cette dynamique est d’avant tout mise en scène de manière comique, c’est pour que les enjeux  importants frappent d’autant plus lorsque vient le moment de devenir sérieux et de considérer le côté plus sombre de gens que nous connaissons. 

The Send-Off - Arnie (Ben York Jones)
Arnie (Ben York Jones)

Encore une fois, difficile d’en dire plus sans trop en dire. J’espère toutefois que vous saurez de quoi je parle en allant voir le film; il serait dommage de se priver de cette perle scénaristique à la fois comique et déprimante qui n’est qu’élevée par son excellente distribution et sa frénétique bande-son. À noter que certaines scènes ne sont cependant pas très faciles à regarder, et que les gens sensibles à l’abus psychologique pourraient vouloir s’abstenir.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
The Send-Off
Durée
88 minutes
Année
2022
Pays
États-Unis
Réalisateur
John-Michael Powell
Scénario
John-Michael Powell
Note
7 /10

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fiche technique

Titre original
The Send-Off
Durée
88 minutes
Année
2022
Pays
États-Unis
Réalisateur
John-Michael Powell
Scénario
John-Michael Powell
Note
7 /10

© 2023 Le petit septième