« You know, when I was a kid, I used to wanna rip that moon right out of the sky. But life doesn’t work that way. Does it? »
[Tu sais, lorsque j’étais petite, je voulais arracher cette lune du ciel. Mais la vie ne fonctionne pas comme ça. N’est-ce pas?]

Heather (Bobbi Salvör Menuez), une adolescente gardienne de but marginalisée, aspire à jouer dans l’équipe de hockey de sa petite ville du Nord. Elle rencontre et tombe amoureuse de la nouvelle venue Jonny (Amandla Stenberg), une patineuse artistique séduisante, mais tourmentée. La relation entre les filles s’épanouit malgré les luttes de Heather avec sa mère alcoolique, son orientation sexuelle cachée et une malédiction familiale qui la transforme en loup sauvage sous la pleine lune. Les rendez-vous secrets de Heather et Jonny se heurtent bientôt au conformisme de leur petite communauté, révélant des vérités dangereuses et déclenchant une nuit passionnée et violente de transformation personnelle.

Avec My Animal, Jacqueline Castel propose une œuvre mélangeant science-fiction, horreur et drame afin de créer une fable sur l’acceptation de soi et le passage à l’âge adulte. 

Accepter qui on est, et d’où on vient

My Animal est une histoire d’héritage : de ce qui se transmet à travers notre lignée et comment cela nous définit en tant qu’individus. Ici, la réalisatrice utilise le mythe du loup-garou pour passer son message. C’est vraiment efficace. C’est une façon d’amener plus subtilement les autres faits plus réalistes que le personnage doit accepter. Des réalités que beaucoup d’humains vivent. Par exemple, l’alcoolisme de sa mère, son homosexualité ou encore le fait qu’elle n’a pas vraiment d’amis. 

C’est aussi une histoire sur le premier amour et comment cela peut servir de catalyseur à un changement radical, révélant ce dont nous avons le plus besoin et ce qui a le plus besoin d’être guéri en nous.

L’adolescence et le début de l’âge adulte est un combat profond que chacun doit traverser, peut importe les enjeux et les défis personnels auxquels on fait face. C’est là l’intérêt d’un film comme My Animal, qui utilise le personnage de Heather pour montrer qu’on doit, au final, trouver le courage de s’accepter et de s’exprimer.

Lorsque horreur et drame se mélangent

À travers les luttes de ces personnages, nous rencontrons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans la quête d’identité, l’authenticité et la réalisation de soi, et le courage que nous devons rassembler face aux crises personnelles et à la discrimination.

Je sais, je sais. Qui se serait attendu à tant de profondeur dans un film de loup-garou. Voici donc un bel exemple comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences, et que derrière le cinéma de genre, on peut cacher une analyse de la société et des défis de l’adolescence. 

Qui, comme Heather, ne comprend pas ce qu’est le désespoir tranquille.  Bien sûr, l’isolement d’être un étranger dans une petite ville et de se rebeller contre ça dans sa jeunesse, ne représente pas la réalité de chacun. Mais qui ne s’est pas déjà senti étranger dans sa propre famille, ou d’avoir l’impression qu’elle ne se reconnait pas dans celle-ci, pour finalement découvrir que les aspects les plus précieux et les plus distinctifs de son individu dérivent des choses mêmes que nous avons tenté de rejeter? 

Oui, My animal est un film d’horreur. Mais aussi un film introspectif et lent qui risque de vous déstabiliser. Les enjeux que vivent les personnages sont dramatiques et lourds. Le film traite tout de même de violence conjugale, d’alcoolisme et de discrimination sexuelle. Mais quand on voit toute cette violence et intolérance qui ressurgissent depuis quelques mois au Canada et au Québec, on ne peut que, malheureusement, trouver que ce long métrage a une grande pertinence. 

Un peu plus…

S’il y a un message qui doit ressortir de My Animal, c’est que ce qui nous rend différents et que l’on a souvent de la difficulté à accepter à l’adolescence est aussi, à la fin, nous défini et nous transforme pour qu’on devienne l’adulte que nous devons être. 

Peut-être que la transformation n’est pas celle qui nous change en loup (en tout cas, je l’espère), mais les changements que l’on vit peuvent parfois être tout aussi importants et brutaux. 

My animal est présenté au VIFF, les 30 septembre et 2 octobre 2023.

Bande-annonce