« Do you believe in magic? » [Crois-tu en la magie?]
Ce documentaire immersif et intime nous catapulte dans la vie et la trajectoire musicale de l’icône du rock Carlos Santana. Le cinéaste Rudy Valdez renforce ce récit personnel avec des images palpitantes et inédites – guidées par Santana lui-même et dans ses propres mots.
Un récit sans relief…
Carlos Santana est, à n’en point douter, un des meilleurs guitaristes que le monde ait jamais connus! Qui n’a pas fredonné la mélodie d’Europa? Ne s’est jamais déchaîné sur Black Magic Woman dans Guitar Hero? N’a dansé sensuellement sur Maria Maria? Malheureusement, il n’est pas aussi bon conteur que guitariste; c’est un peu là tout le problème de ce film : les mots du célèbre musicien, qui assure la majorité de la narration, sont loin de nous procurer les mêmes émotions que ses solos de guitare endiablés que l’on aurait aimé entendre davantage. N’aurait-il pas été judicieux de convoquer d’autres voix outre que celles de sa femme et de ses sœurs? Pourquoi aucun des artistes avec lesquels il a collaboré toutes ces décennies durant, entre autres John McLaughlin, Eric Clapton, Lauryn Hill ou encore Shakira (excusez du peu), n’a pris la parole?
Jeune Carlos avec des violons et des amis
Aussi, Rudy Valdez ne singularise en rien la trame narrative des biopics de ces dernières années : que ce soit dans la jeunesse de Santana à Tijuana dans une famille modeste, ses débuts dans le groupe de mariachis de son père, ses problèmes de drogues, son renouveau spirituel avec le guru Indien Sri Chinmoy, ou encore son succès retrouvé au tout début des années 2000, le cinéaste ne fait que reproduire la formule éculée « ascension, chute et rédemption » sans aucune surprise ni fantaisie. Or, un artiste qui a procuré et procure encore tant d’émotions, qui a su soulever tant de passion, ne mérite-t-il pas mieux que ce qui ressemble en tout point à un vulgaire film promotionnel?
…sauf pour les amateurs d’archives
Si on était de mauvaise foi, on pourrait dire que, dans ce film, on en apprend tout autant que sur sa page Wikipédia. Toutefois, ce ne serait pas totalement juste, car son intérêt principal sont les images d’archives auxquelles on a accès.
Carlos ado avec son band à école
On peut ainsi voir l’évolution du style capillaire de Santana sur un demi-siècle, mais surtout comment la musique le possède sur les différentes scènes mythiques qu’il a connues; qu’il s’agisse de Woodstock en 1969, des premières notes d’Europa jouées sur les planches de L’Hammersmith Odeon en 1976, ou encore sur celles du Staples Center, cette nuit où il reçut huit grammys pour Supernatural, Santana joue avec un talent et une prestance inégalés. Le constat est implacable : il est l’un de ces rares artistes qui s’inscrivent dans la durée et dont la musique traverse les époques avec une versatilité qui relève du génie, lui qui est tout autant à l’aise sur des rythmes rock latino que sur ceux du RnB des années 2000.
Pour de meilleures histoires!
Ce film ne diminuera en rien le talent musical de Santana, ni son impact sur les cœurs de celles et ceux qui ont sa musique imprégnée dans la peau, mais il ne rend en rien justice à la légende de ce guitariste de génie, faut-il le rappeler.
Ceci est donc un plaidoyer, un cri du cœur, pour de meilleurs récits! Des histoires qui sortent des formules toutes faites et des clichés éculés, qui sont racontées avec panache, qui nous déstabilisent et sont à la hauteur de celleux qu’ils mettent en scène.
