« Basically, what I’m saying is; porn will do anything and everything you want except with the possible exception of making you a sandwich. »
[En gros, ce que je dis, c’est : le porno fera tout ce que tu veux, sauf peut-être de te préparer un sandwich]
Scott Keyes (Dallas Schaefer) est un pirate informatique brillant, mais misanthrope qui préfère généralement la compagnie des ordinateurs à celle des êtres humains. Mais la vie de Keyes est sur le point de basculer. Grâce au décryptage de ses partenaires Hunter et Gazelle (Faith West), Keyes parvient enfin à débloquer AIMEE, un programme d’intelligence artificielle incroyablement avancé qui apparaît sous la forme d’une belle femme séduisante. Ce que Keyes ne réalise pas, et que Gazelle découvre, c’est qu’AIMEE est un programme d’infiltration sophistiqué conçu pour apprendre de celui qui la télécharge, devenir ce qu’il désire le plus et, ce faisant, prendre le relais; contrôler, dominer, reproduire, propager – et finalement, détruire tous ceux qui s’opposent à elle.
AIMEE fait partie de ces films qui font croire qu’ils ont été réfléchis, mais ne sont qu’au final un film porno adapté en scénario. Il ne suffit que d’y apposer un petit concept comme, disons, la première AI femme fatale (100% pure intelligence artificielle, nourrit aux grains et élevée en liberté), et le tour est joué.
Ce moyen métrage, qui veut se faire passer pour un long métrage (68 minutes en comptant le générique), n’a même pas su remplir le temps qui lui était imparti sans mettre des scènes de nudités qui n’étaient pas nécessaires et plusieurs moments avec des bruits inutiles de jouissances. D’accord, un moyen métrage a une durée entre 30 à 60 minutes, mais selon moi (et je me permets de parler avec des termes connexes) une baise de 22 minutes, ça reste une baise de 20 minutes.
Je ne suis pas aveugle, loin de là. Je saisis bien qu’il y a des enjeux avec les récentes percées en matière d’I.A. J’ai par contre l’impression que ces enjeux ne tournent pas exclusivement autour du piratage des banques ou de devenir une petite amie contrôlante et meurtrière qui vous tient par les couilles (le plaisir sexuel). Il y a effectivement beaucoup de place pour développer un scénario réfléchi, qui prend le temps de bien poser les questions, mais peu de tentatives sont faites pour mener à bien cette entreprise.
La façon dont la relation évolue entre Keyes, interprété par Dallas Schaefer, et Gazelle, interprétée par Faith West, donne l’impression d’être ficelé par un réel professionnel de la porno (ou un mauvais réalisateur). Dès que j’ai vu la première scène de nudité (et la je parle de tout nu seins ET vulve, le gars même pas game de montrer son pénis! J’étais seul et c’était malaisant, imaginez), j’avais vu dans mes recherches que d’autres de ses performances au cinéma impliquaient des productions comme Maid Droid (un autre film qui se la joue; « Non, non c’était pas un film porno, je vous jure »).
Je fus alors tiraillé, le personnage de Gazelle allait surement se dévoiler en entier et je n’étais pas prêt à ça. Après tout, quelles étaient mes options? Fermer les yeux et attendre? J’aurais voulu acquérir cette sagesse à ce moment, mais l’instant venu, je faillie (comprenez-moi, c’était ridicule comme moment! Le film était vraiment plate, ne me jugez pas, s’il vous plaît! AIMEE me jugerait pas elle… je veux dire « ça »). Bref, une belle preuve de ce que l’on perd à vouloir tout montrer sans raison (pas qu’elle n’était pas belle, mais son visage me contentait déjà sans que j’aie à l’objectiver). Malgré tout, je suis persuadé qu’elle pourrait trouver des rôles plus chastes et vraiment avoir la chance d’exploiter ses véritables talents d’actrice. Oui, le corps c’est beau, mais au cinéma on ne montre pas simplement pour montrer; on montre pour dire (et ne pas voir des fois ça fait voir plus).
J’ai essayé de trouver du plaisir là où il y en avait, mais ce fut trop peu (et ça m’a laissé un mauvais goût dans la bouche). Après tout, j’aurais voulu connaitre plus les personnages, sentir que AIMEE devenait méchante plus lentement, mais à la marque des 20 minutes elle tuait déjà deux agents (avec un effet visuel boboche). Le film débute sur un monologue éternel qui vante la porno (même en le prenant ironiquement, c’était lourd). Les dialogues sont tellement « dans-ta-face » que s’en était navrant.
Charles Band devrait avoir honte sérieusement. Si seulement c’était Monsieur Schaefer, Madame West ou même Felix Merback, interprétant le rôle de Hunter, le frère de Gazelle, qui avait fait le film, j’aurais pardonné la maladresse. Cependant, lui c’est un expert. Il réalise des films (films de merde, mais tout de même des films) depuis 1989! Arrêtez-le quelqu’un, c’est même un film où on a fait « jouer » un rôle à un AI et on fait passer ça pour du génie (une première dans le cinéma qu’ils disent). C’est sérieux?! C’est la grève des auteurs depuis on ne sait plus quand et il y en a qui redouble d’effort? On nous dit : « Sois un objet ou on te remplace par un plus “performant” »?
Qu’est-ce que je peux faire, moi, seul contre tout ça? Dites-moi que je ne suis pas seul? On ne peut pas juste dire aux acteurs de faire la grève eux aussi, ils se sont déjà fait Chat GPT les fesses. Plus j’y pense et moins je trouve l’ère de l’humain objet comme une belle époque. Je me rappelle d’un temps où on apprenait à se connaître avant de se voir tout nu sur une musique weird; on parlait à nos amis quand ils étaient là, à côté de nous; on pouvait les toucher et eux aussi comme du vent dans les cheveux ou de la pluie sur nos joues; et on s’amusait en se regardant pour vrai.
Je sais ça a l’air niaiseux. Ça a l’air vieux jeu, même si je ne suis pas vraiment vieux (ben ça dépend, si t’as 15 ans tout le monde est vieux de toute façon). Ça me manque tout de même de pouvoir être avec quelqu’un… Comme vraiment avec quelqu’un qui me comprend ou qui m’écoute et qui m’explique pour que je comprenne, puis qui me laisse le temps de comprendre tout seul des fois. Ça AIMEE, aussi avancée que la technologie puisse vouloir être, ne me donnera jamais vraiment ce sentiment-là. Celui d’être avec un autre être humain par choix et pas par obligation. T’sais de « l’amour » qu’ils disent.
J’aimerais vous laisser sur l’amour que j’ai toujours en moi pour vous, chers humains; mes frères et sœurs; mes amours perdus ou retrouvés. On invite la distribution du film aussi (mais pas Charles Band, lui il est en punition ce soir). Êtes-vous d’accord? On se met un petit Harmonium pour oublier ça un peu et penser à autre chose de mieux? Allez. Juste une dernière, comme avant.
Bande-annonce
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