« Gli Etruschi li hanno lasciati qui per noi. » [Les Étrusques les ont laissés ici pour nous.]
Chacun a sa propre chimère, quelque chose qu’il essaie de réaliser, mais n’arrive jamais à trouver. Pour la bande de tombaroli, voleurs d’objets funéraires anciens et de merveilles archéologiques, la Chimère signifie la rédemption du travail et le rêve d’une richesse facile. Pour Arthur (Josh O’Connor), la Chimère ressemble à la femme qu’il a perdue, Beniamina. Pour la retrouver, Arthur défie l’invisible, cherche partout, s’enfonce dans la terre – à la recherche de la porte vers l’au-delà dont parlent les mythes. Dans un voyage aventureux entre vivants et morts, entre forêts et villes, entre fêtes et solitudes, se dévoilent les destins entrelacés de ces personnages, tous à la recherche de la Chimère.
Il portuale (Luca Gargiullo), Melchiorre (Melchiorre Pala) et Pirro (Vincenzo Nemolato) sur le tracteur et Fabiana (Ramona Fiorini), Arthur (Josh O’ Connor) et Jerry (Giuliano Mantovani), sur la remorque
Avec La chimera, Alice Rohrwacher change de registre et propose un film plus léger, qui porte sur ces gens qui pillaient des tombes en Italie dans les années 1980. Un film qui derrière ses allures de simple divertissement pose tout de même un regard intéressant sur l’appartenance des objets du passé.
Tasse-toi Indiana!
Si je voulais me faire des ennemis, je dirais que La chimera est un Indiana Jones beaucoup plus adulte, ou un Tomb Raider avec un scénario. Mais je ne voudrais surtout pas faire ce genre de comparaisons. Dieu nous en préserve. 😉
Melchiorre, Arthur et Pirro en train de creuser
Les tombaroli se moquaient, en quelque sorte, des gens qui avaient enterré ces objets selon des rites religieux ou par croyances païennes. Dans le film de Rohrwacher, ce sont principalement les Étrusques – qui consacraient leur art, leur savoir-faire et leurs ressources à l’invisible – qui sont la cible des tombaroli. La chimera aborde aussi l’une des questions les plus vastes qui touchent l’Italie et les nombreux autres pays qui sont des berceaux de civilisations anciennes, à savoir le marché de l’art antique et le commerce illicite des trésors archéologiques.
Arthur, qui se retrouve au centre de ces pillages un peu malgré lui, recherche une sorte de rédemption, un passé qu’il n’arrive pas à mettre derrière lui. Dans sa recherche mystique, Arthur est accompagné par deux femmes : d’une part Beniamina, qui n’est plus avec lui, mais l’attire comme un aimant, de l’autre Italia, joyeuse et vive, superstitieuse et comique, une femme qu’Arthur pourrait aimer… Mais pour ça il doit laisser tomber le passé.
Mais abandonner le passé pour se tourner vers l’avenir n’est pas si simple. Et c’est dans cette aventure douce amère que le spectateur est convié avec La chimera.
La chimera est présenté au TIFF, les 7, 12 et 14 septembre 2023.
