Polaris - Une

Polaris – Aventure enneigée 

« The star was not calling Sumi to follow; it was calling Sumi to join. »
[L’étoile n’appelait pas Sumi à la suivre; elle appelait Sumi à la rejoindre.]

POLARIS - Poster

Courageuse, c’est le qualificatif que j’emploierai pour décrire la proposition cinématographique de K.C. Carthew. Son deuxième long – Polaris – présente en l’an 2144 dans une terre connaissant une nouvelle ère glaciaire, les aventures de Sumi (Viva Lee) une enfant élevée par une ourse polaire, échappe de justesse à la capture par les Morads, des trappeuses sanguinaires qui règnent sur le territoire. Se retrouvant seule face à l’immense paysage hivernal, Sumi découvre la « Fille de la glace » (Khamisa Wilsher) : une amitié improbable se forge alors et, ensemble, elles devront affronter les Morads afin de poursuivre leur quête vers la dernière étoile qui brille, Polaris.

À la croisée entre une quête initiatique et un spectacle profondément mystique, Polaris tente de proposer au spectateur une aventure émotionnelle sevrée de dialogues et œuvrant comme un pamphlet environnemental. Transformant le Yukon en une vallée intrigante — via des plans larges visuellement beaux — et terrifiante chargée d’un passé ayant laissé des cicatrices (les carcasses des voitures, l’avion abandonné), proposant une photographie mettant à l’honneur l’immensité de la nature et la petitesse de l’homme dans cet environnement. 

Des choix audacieux 

Le premier choix audacieux du film repose sur le fait que le spectateur ne peut se reposer que sur son lien affectif envers Sumi, petite fille de la nature. Évacué de toute ligne de dialogue, le film se jauge au niveau d’empathie, d’inquiétude ressentie par le spectateur. L’intuitivité est au cœur de l’œuvre comme la relation qui se crée, sur un air d’harmonica devenu un pont d’échange, entre Sumi et Dee (Muriel Dutil) et plus tard avec La fille de glace (Khamisa Wilsher). Ces quelques moments offrent une atmosphère planante au film et arrivent à matérialiser ce que les paroles font d’habitude. Le deuxième choix, réside dans le challenge de proposer une intrigue non-verbale ou intelligible. Le côté mystique est d’autant plus relevé où la nature est beaucoup plus communicative que les personnages, reprenant son droit. Le troisième point, est justement, que cette nature agit, limite, en 3e personnage, c’est l’héritage de nos personnages, la raison du film, celle qui protège Sumi, c’est elle qui freine les personnages dans leur fuite, et c’est encore elle qui est défigurée suite au passage des Morades. 

Polaris - Viva Lee (Sumi) and polar bear - Des choix audacieux
Sumi (Viva Lee) et l’ours polaire

In fine, Polaris recèle un très beau potentiel, ayant une portée sociale et politique, mais qui souffre paradoxalement de ces mêmes choix audacieux. 

Le revers du risque 

L’audace à un prix. Voulant mettre en avant les émotions, le film de K.C. Carthew manque cruellement d’approfondissement et parfois d’explications. Ce qui fait qu’une majeure partie du film flotte souvent dans l’incompréhension et l’indétermination. D’où viennent les pouvoirs de Sumi? Quel est le lien qui noue Sumi à l’étoile Polaris? Si la dimension mystique est bien présente, celle-ci a tendance a étouffé le propos que le film veut articuler. 

Polaris Sumi
Sumi (Viva Lee)

Par ailleurs, une présentation des Morades, cette tribu entièrement féminine, aurait été pertinente et cela aurait donné plus de sens à l’histoire qui tombe un peu trop dans le manichéisme. Quel est le but de cette tribu? Pourquoi attaquer Sumi au juste? Lors d’une entrevue, la réalisatrice parlait d’une vision écoféministe. C’est bien comme point de départ, mais l’univers du film reste très ambigu sur cet aspect. Ce manque de sens, à mon avis, est un vrai point faible pour au final donner une fin qui bâcle l’aventure plutôt que de la conclure.

Question de genre 

Est-ce que le film vaut le visionnement? Oui, rien que pour l’audace de sa réalisatrice qui, avec un budget très limité, a tenté de mettre scène un spectacle peu commun. Polaris soulève par ailleurs la place du film de genre dans le paysage cinématographique canadien. Au final, qu’est qu’un film de genre canadien? 

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Polaris
Durée
89 minutes
Année
2022
Pays
Canada
Réalisateur
K.C. Carthew
Scénario
K.C. Carthew
Note
5 /10

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Fiche technique

Titre original
Polaris
Durée
89 minutes
Année
2022
Pays
Canada
Réalisateur
K.C. Carthew
Scénario
K.C. Carthew
Note
5 /10

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