« Purpose of your visit? Business or pleasure? »
[Raison de votre visite? Travail ou plaisir?]
Deux voleurs amoureux sont aux prises avec une mafia meurtrière suite au vol d’une clef USB dont le contenu est bien plus important qu’ils ne pouvaient l’imaginer. Voulant protéger leur fille, ils envoient la petite aux îles Caïmans à la rencontre d’un grand-père dont elle connaît à peine l’existence; la clef cachée dans ses bagages à son insu. Lorsque la Mafia débarque pour retrouver l’objet volé, le grand-père se révèle être bien plus qu’un vieil ivrogne beau parleur et peut-être même le seul capable de les sauver des griffes d’un complot sans précédent.
Le film débute sur une femme, rôle interprété par Ashley Greene, la nuit à Miami qui attend nerveusement dans une voiture. Le sérieux du suspense se brise aussitôt par le mot Ashley en blanc qui apparaît d’un seul coup à l’écran tintant de mauve le plan sur un arrêt d’image.
Le nom «» est le premier que l’on voit au générique d’introduction pour se retourner comme dans un miroir en : « Nicolas Cage » (Egad, Nick. Egad). La scène continue et des coups de feu sont tirés hors cadre. Deux hommes sortent (dont un blessé), ils se précipitent dans la vieille Ford sale et Ashley appuie sur le champignon (Wa-hou!).
L’homme blessé meurt et Jimmy, interprété par Jordan Johnson-Hinds, demande à sa Ashley-baby de prendre la fuite, promettant que tout ira bien. L’action est agréable sans être explosive évoquant un peu la scène suivant le diner dans Reservoir Dogs de Quentin Tarantino; celle avec l’homme blessé à l’estomac pendant que l’autre répète sans cesse que tout va bien aller. On introduit à la manière de Ashley le personnage de Jimmy alors qu’il recouvre la voiture d’essence, et l’incendie (on comprend mieux pourquoi c’était un vieux modèle tout poussiéreux). Le titre se dévoile alors sur un fond noir laissant déjà présumé un plaisir certain à ne pas trop se prendre au sérieux; plaisir que pourra surement partager l’auditoire (surtout avec Nicolas Cage annoncé en tête d’affiche).
« How the fuck did you let this happen?! » sont les mots qui présentent l’antagoniste du film. Donny, interprété avec excellence par Jackie Earle Haley, pique une colère et lance une babiole de toutes ses forces en direction de ses sbires (des colosses apeurés). C’est sur cette image de colère et de rage que l’image freeze-frame Donny sur un fond jaune lui donnant les airs du Yellow Bastard dans Sin City, de Frank Miller (Quentin Tarantino et Robert Rodriguez également). Ils ordonnent à ses hommes de retrouver la clef USB (détail important) qu’on lui a volée, offrant ensuite calmement un verre à la femme en petite tenue qui reste sans mot.
Ashley et Jimmy doivent se séparer pour ne pas être retrouvés. Pour le bien de leur fille Sarah, interprétée brillamment par Thalia Campbell, Jimmy convainc Ashley que la meilleure option serait de l’envoyer chez son père, interprété par Nicolas Cage. Arrivée chez elle, Ashley réveille sa fille en lui annonçant qu’elle lui organise un voyage surprise sur une île tropicale. Elle la presse pour organiser ses affaires et en profite pour cacher la clef volée dans la doublure du sac de son enfant tentant désespérément d’éloigner ses problèmes par la même occasion.
Une fois la petite Sarah arrivée aux îles Caïmans, Nicolas Cage l’attend (pas du tout) endormi grotesquement sur le bord de la plage non loin de sa demeure. Il ne faut tout de même pas croire que le film aurait pu être somnolent avant son arrivée. Alors qu’il sursaute et agrippe le bras de la jeune fille brandissant une bouteille d’alcool presque vide, l’image se fige sur son visage expressif avec les mots « Matt or Jim »; (Awhh Cage… Ce que tu réussis à faire paraître naturel) et tout ça avant la barre des 13 minutes. Ses premiers mots étant « Don’t be scared little girl » [Ne sois pas effrayée, petite] ont su me tirer un autre rire franc.
Le film ne fait que gagner en force à mesure qu’il avance. Des échanges cinglants entre les personnages qui restent de glace; et d’autres moins drôles, mais tout autant captivants comme avec Hector, la méchante marraine d’un cartel, jouée par Grace Byers dont la performance est tout simplement fantastique. Je me garde d’en dire plus, car j’aimerais davantage que vous puissiez prendre vous-même le temps d’apprécier le tout de vos propres yeux.
En plus des membres de la distribution déjà mentionnés, Ron Perlman joue le rôle de Bobo un méchant au cœur d’or. Il tisse un lien paternel avec Sarah et ils échangent beaucoup sur la pièce Othello de William Shakespeare. C’est ici que je me dois de souligner que ceci est un film d’auteur fait avec une certaine passion, mais aussi une connaissance du cinéma et de l’écriture sur un point de vue profond (contrairement à d’autres choses que j’ai déjà eu le malheur de visionner).
Quant à Nicolas Cage, il faut dire que c’est un type de rôle un peu nouveau et j’admire comment il réussit à tourner chacune de ses répliques de manière à ce qu’elles sonnent fausses et justes à la fois. Un genre de grand-père John Wick qui se situe plutôt dans l’efficacité que dans l’acrobatique (quoique le jeu de Nicolas Cage est toujours une démonstration olympique de gymnastique).
Une mention spéciale à Thalia Campbell qui joue son rôle avec brio. Il faut dire qu’il est souvent facile de critiquer négativement les performances des plus jeunes à l’écran. Miss Campbell semble dans son élément et mériterait certainement d’autres passages devant la caméra.
Tim Brown donne ici une œuvre qui, même si elle n’est pas révolutionnaire, reste démonstrative de son amour certain pour le cinéma. La musique est entraînante et les personnages sont plus que divertissants. Le sous-texte (car il y en a un petit ici) est très bien orchestré et laisse miroiter une bonne suite pour Tim Brown. The Retirement Plan démontre avec humour et subtilité que les apparences ne sont que de la poudre aux yeux; que les choses sont souvent bien plus qu’elles ne le paraissent.
Le cinéma n’est pas mort, loin de là. Comme quoi l’Art, telles les femmes, pour mieux paraphraser cette métaphore du film Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulin (Jean-Pierre Jeunet), sans amour c’est comme une fleur sans soleil, ça dépérit.
Par souci de partage et guidé par une sensibilité à l’holisme artistique, je vous laisse sur une recommandation de Othello, par William Shakespeare. Œuvre qui reste encore de nos jours d’actualités par ses thématiques sociales et individuelles.
Bande-annonce
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