« Tu fais passer quelque chose pour moi et t’as ton terrain. »
Sam (Nassim Lyes) est un détenu exemplaire. À quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidûment sa réinsertion. Lors d’une permission, son passé le rattrape et un accident ne lui laisse qu’un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, l’oblige à plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau.
Un cheminement pour le réalisateur
Dans les années 2000, plusieurs réalisateurs français ont tenté de populariser les films de genre dans leur industrie. Xavier Gens fait partie de ceux-ci. Il avait en effet réalisé en 2007 le film Frontière(s), l’histoire de jeunes délinquants faisant face à une famille néo-nazie. Le film, comme beaucoup de ce genre, a eu un accueil mitigé dans l’hexagone et Gens est parti tourner aux États-Unis avec l’adaptation du jeu vidéo Hitman. Mais contrairement à son collègue Alexandre Aja qui a su se construire une carrière hollywoodienne, le réalisateur n’a pas eu le succès qu’il espérait, que ce soit en France ou aux États-Unis. Il s’est même tourné vers la comédie en 2018 avec Budapest. Cependant, les choses pourraient bien changer avec Farang.
Contrairement à ses autres films qui étaient plus tournés vers le thriller et le film d’horreur (sauf Hitman), Farang se veut être un film d’action à 100%. Le long métrage met en vedette l’acteur et ancien champion de kickboxing Nassim Lyes. Il incarne Sam, un farang (occidentaux dans un pays asiatique) qui se refait une vie après avoir été impliqué dans le crime en France. Alors qu’il tente d’ouvrir un restaurant sur la plage avec sa famille, il se retrouve dans la mire du caïd local, lui aussi un farang. Il va devoir lui faire face et se battre contre les malfrats qui en veulent à sa peau.
Beaucoup d’action
Le scénario ressemble à 70% des films d’action du monde. Un protagoniste au passé sombre qui se voit obligé de retourner à la violence quand des criminels s’en prennent à lui ou à ses proches. C’est John Wick, c’est The Equalizer, c’est Taken et bien d’autres encore. Même les twists sont assez prévisibles et déjà vus. Ça peut amener au départ une lassitude devant le film. Cependant, on oublie très vite ce problème quand les coups commencent à taper.
Les combats sont extrêmement brutaux, avec des coups et des blessures qui font très, très mal, comme dans la manière des films The Raid. C’est normal, Xavier Gens a travaillé sur la série Gangs of London, signé par le réalisateur des films indonésiens. Il a eu un excellent aperçu de ce style d’action et s’en est grandement inspiré pour Farang. Il a eu les services de l’action designer Jude Poyer.
De plus, Xavier Gens sait comment mettre en scène ces scènes d’action. Les chorégraphies sont bien mises en avant, avec des mouvements de caméra vifs, intenses et clairs. Il sait aussi comment les monter en intensité, chaque combat étant de plus en plus dangereux au fil du film. Chaque montée d’adrénaline du film nous fait scotcher à notre siège et nous impressionne. Le film ne lésine pas sur la violence, avec de nombreuses effusions de sang, des blessures sérieuses, ainsi que des prises extrêmement douloureuses qui sont montrées à l’écran. Le film évite cependant de rentrer dans du gore inutile et gratuit.
Mais outre que de s’inspirer du style de The Raid, il n’a pas la prétention d’en être la nouvelle version. Parce que déjà, tenter de faire mieux que les films The Raid est un exercice très difficile, mais aussi parce que le film ne marcherait pas aussi bien. En effet, Xavier Gens se permet d’amener sa propre ambiance à son film, très proche des thrillers français et se permet un ton assez sobre par moment. La Thaïlande de Farang a une atmosphère beaucoup plus terre-à-terre que l’ambiance exotique que transmettent de gros films d’action américains. La présence d’Olivier Gourmet, un acteur habitué au cinéma d’auteur, augmente cette impression. D’ailleurs, il est juste parfait en grand méchant du film.
Alors que de plus en plus de films d’action peu inspirés sortent, Farang réussit à se hisser au-dessus de la masse, non seulement parce qu’il s’agit d’un des rares films d’action français, mais pour son excellente facture. Je suis d’autant plus content que Xavier Gens ait annoncé qu’il travaillait sur la suite.
