#manhole - Une

[Fantasia] #Manhole – La fin justifie-t-elle les moyens?

« #Manhole Girl »

Manhole - affiche

Kawamura est un jeune homme prometteur qui a tout pour lui. À la veille de son mariage, il tombe dans une profonde bouche d’égout. Malgré une blessure handicapante, il est déterminé à assister à son mariage comme prévu et fait appel aux réseaux sociaux pour obtenir de l’aide.

Avec ce long métrage, Kazuyoshi Kumakiri  nous offre un petit huis clos, bien ficelé, qui encapsule et mêle les genres pour en tirer une satire sociale, un drame humain et une comédie grotesque. Interprété par Yuto Nakajima (acteur, mannequin et chanteur du boys band japonais Hey! Say! JUMP) dans le premier rôle de Shunsuke dépeint ce qu’une personne est capable de faire (de meilleur comme de pire) pour sortir d’un conduit d’égout. Mais est-ce que la fin justifie les moyens?

À situation désespérée, solution désespérée

Sorti d’une fête avec des milligrammes d’alcool en trop dans le sang, Shunsuke (le protagoniste) tombe dans une profonde bouche d’égout. Le fond est poisseux, la crasse est palpable, des objets non identifiés (forcément dégueulasse) jonchent le sol, une plaie profonde a défiguré la cuisse de notre rescapé et… l’échelle de service est brisée! Fort heureusement, son téléphone est intact. Il tente d’appeler ses amis, mais personne ne répond. Il appelle la police, mais celle-ci ne lui apporte aucun secours. Il parvient à joindre son ex-petite amie, mais elle non plus ne sait pas quoi faire pour le tirer de ce pétrin. Il décide de créer alors un compte sur Pecker (Twitter pour les intimes) qu’il appelle « Manhole Girl », espérant que certains insomniaques le remarquent.  Bingo!

Manhole - Situation désestérée
Kawamura (Yuto Nakajima)

Un des points forts du film, c’est sa très bonne gestion de l’espace qui sert le propos de ce dernier. On sent l’étouffement, on ressent l’angoisse, la peur. On est avec le personnage via un cadrage serré et des inserts bien trouvés – on se demande comment il va faire et qu’est-ce qu’il va faire. La folie le gagne à mesure que la nuit avance. L’obsession de sortir le mène à la lisère de ce qui est concevable comme solution, jusqu’à même fermer sa plaie dans la cuisse à l’agrafeuse de bureau.

«J’ai voulu dépeindre le type d’expression et d’actions qu’une personne prendrait lorsqu’elle est acculée au pied du mur.  Je suis sûr que vous ressentirez les choses différemment avant et après avoir vu le film, mais j’espère que vous le verrez comme une histoire d'”obsession de la vie. »

Kazuyoshi Kumakiri

Les réseaux sociaux pour le meilleur et pour le pire

Manhole - Les réseau sociaux pour le meilleur et pour le pire

Face au succès du compte « Manhole Girl », le film se transforme en un feed géant, qui fait encore plus rythmer sa cadence et sa bascule vers une comédie grotesque où des publications plus incongrues les unes que les autres défilent – la bande sonore s’accentue et accélère. Forcément, ça donne une dimension satirique au film vis-à-vis de la perversion des réseaux sociaux de nos jours qui se basent beaucoup sur le buzz, au point de perdre pied? Au point que venger Mahole Girl prenne le dessus sur le fait de la sauver! (Connaître ses petits secrets par la même occasion) et le désespoir de Shunsuke grandi à mesure que le compte Pecker gagne en followers.

L’obsession de vivre quitte à…?

Que seriez-vous prêt à faire pour rester en vie? Quelles sont vos limites morales?

Au fond, c’est dans les pires situations que la pire facette de l’être humain se révèle. C’est dos au mur qu’on est obligé d’avancer, quitte à piétiner les autres et ses principes aussi.

Manhole - Obsession à vivre

Le film offre un beau spectacle pour celui ou celle qui cherche les sensations fortes, avec une pointe d’humour noir qui souligne l’aspect mi-tragique mi-comique du personnage principal. Cependant, le film recèle des faiblesses qui lui retirent du caractère. La plus évidente est, selon moi, que le dernier tiers est un peu balancé entre la poire et le fromage qui aurait nécessité une construction plus méthodique (le fait que Shunsuke ne veuille pas mêler la police donne de l’épaisseur à l’histoire, mais pas assez évidente selon moi). Par ailleurs, l’aspect immersif n’est pas assez accentué. Oui, le cadrage est bon, oui le décor est bien dégueulasse, mais une sorte d’épice manque pour ajouter du piquant qui fera goupiller le tout au lieu de se cacher parfois derrière des effets de style et un montage qui charcute l’action.

La lumière au bout du tunnel

#Manhole, est un bel exercice de style, remplissant le cahier de charge du film de genre, en plus d’offrir des retournements de situation assez cocasses et bien trouvés (pas de spoils mais attendez-vous à BEAUCOUP de twists). Voir que Twitter – pardon Pecker – puisse avoir une force de frappe plus percutante que le simple appel à un ami, nourrit toutes les polémiques et les débats autour des réseaux sociaux (#je_suis_un_trend_donc_j’existe). Ne dit-on pas que quand on est au fond du trou on ne peut que remonter?

#Manhole était présenté au festival Fantasia le 31 juillet 2023.

À déconseiller aux claustrophobes

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
#マンホール
Durée
97 minutes
Année
2023
Pays
Japon
Réalisateur
Kazuyoshi Kumakiri
Scénario
Michitaka Okada
Note
6.5 /10

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Fiche technique

Titre original
#マンホール
Durée
97 minutes
Année
2023
Pays
Japon
Réalisateur
Kazuyoshi Kumakiri
Scénario
Michitaka Okada
Note
6.5 /10

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