« Est-ce que tu entends mon battement de cœur? Je n’ai que la moitié d’un cœur. »

Ganta Nakami (Daiken Okudaira) est un étudiant de première année au lycée de la ville de Nanao, dans la préfecture d’Ishikawa. Il vit déprimé et isolé tout en étant incapable de parler à son père, Riku, de son insomnie. Un jour, Ganta rencontre sa camarade de classe, Isaki Magari (Nana Mori), à l’observatoire de l’école. Comme Isaki souffre également d’insomnie, ils commencent à partager leur secret. L’observatoire est devenu un lieu privilégié où les deux adolescents insomniaques se sentent à l’aise. Cependant, leur utilisation non autorisée de l’observatoire est accidentellement révélée. Refusant de céder les lieux, les deux adolescents décident d’obtenir l’autorisation officielle d’utiliser l’observatoire en restaurant le club d’astronomie, qui était inactif depuis quelques années. Pour commencer, ils demandent l’aide de leurs camarades de classe, de Mme Kurashiki, l’enseignante responsable du club d’astronomie, et d’une ancienne élève, Shiromaru (Yuki Sakurai), qui était dans le club.

Insomniacs after school (君は放課後インソムニア), adapté de la bande dessinée emblématique du jeune maître de la bande dessinée Makoto arrive au grand écran. Le film de Chihiro Ikeda est une histoire de passage à l’âge adulte, et une sorte de comédie romantique très bien écrite.

Surprenante comédie romantique

Ce n’est pas un secret, je déteste les comédies romantiques. Mais je cherchais des films japonais dans la programmation, et je suis tombé sur celui-ci qui me semblait tout de même intéressant. Moi qui ai souvent de la difficulté à m’endormir, je me suis dit qu’un film sur 2 insomniaques m’amuserait certainement.

J’ai été agréablement surpris par ce film léger, aux touches d’originalités. Tout d’abord, il y a le thème de l’insomnie chez les jeunes. Voilà une question qui est rarement traitée. Mais j’imagine que dans un pays qui met une énorme pression sur les jeunes et la réussite scolaire, ce choix de sujet n’est peut-être pas si innocent.

Ces deux jeunes qui vivent avec le même trouble du sommeil ont une approche complètement différente quant à leurs agissements. Alors que Ganta est bougon et facilement irritable avec ses compagnons d’école, Isaki, elle, agit tel un rayon de soleil, pleine d’énergie et s’émerveillant facilement. Et contrairement à ce qu’on voit toujours dans le cinéma américain, les deux ados ne sont pas dans un défi ou dans l’optique de changer l’autre en une meilleure personne. Et surtout, c’est l’insomnie et la découverte de soi qui sont à l’avant-plan.

Par moment, on passe en mode narration, alors que Ganta Nakami offre non seulement sa vision des choses au spectateur, mais aussi quelques faits intéressants quant à sa situation d’insomniaque. Il semblerait, d’ailleurs, que ce trouble du sommeil est beaucoup plus présent chez les jeunes Japonais qu’on ne l’imagine. Ça m’a amené à me questionner sur les chiffres du Canada. Les chiffres fiables les plus récents que j’ai trouvés datent de 2015. Il semblerait que le pourcentage de personnes souffrant d’insomnie chez les jeunes d’âge scolaire varierait de 6 à 20%, dépendamment de l’âge. C’est beaucoup, mais moins que ce qui semble être au Japon.

Petit commentaire culturel en lien avec comment la comédie romantique est faite. Pouvez-vous imaginer une comédie romantique canadienne ou américaine, avec des ados de 16 ans, sans qu’il n’y ait le moindre baiser entre les protagonistes? Je crois que je n’ai pas besoin de répondre. Ceci étant dit, oui, le film reste prévisible.

Une ode à la vie

Insomniacs after school est un beau film, rempli de soleil. Est-ce parce que je regarde trop de films sombres que je trouve celui-ci rafraichissant, ou est-ce à cause de la quantité astronomique de mauvaises nouvelles qui arrivent chaque jour sur notre pauvre planète? Je dirais que c’est ni l’un ni l’autre. C’est plutôt comment les deux personnages principaux ont été créés.

L’un comme l’autre n’arrive plus à passer à travers les journées. Il y a une scène particulièrement drôle où Ganta arrive à l’infirmerie après avoir reçu un ballon en plein visage parce qu’il dormait debout pendant une récréation, pour découvrir Isaki à l’infirmerie pour avoir… reçu un ballon sur la tête alors qu’elle dormait debout pendant que les autres faisaient du sport. Au-delà du cocasse de la situation, c’est aussi une occasion pour la réalisatrice de passer quelques informations concernant l’insomnie et quoi faire pour essayer de s’en sortir.

À mesure que l’histoire se développe, chacun de personnages trouvera un nouveau sens à la vie en partie grâce à la vision opposée de son nouvel allié. Et, bien évidemment, ils tomberont amoureux. Mais de façon assez drôle, cet enjeu reste bien secondaire dans le film. De là le côté franchement original de cette comédie romantique.

Je parlais du soleil qu’offre ce long métrage. Cette lumière arrive directement de la jeune femme qui irradie l’écran de son sourire et de son attitude positive. Je ne vais pas dévoiler pourquoi, car ce serait de couper le plaisir de ceux qui vont regarder le film. Mais sachez que cette joie de vivre est contagieuse et qu’elle se transmet au spectateur. Juste pour ça, le film vaut la peine d’être vu.

Mais encore…

Donc, malgré qu’il soit prévisible, le film de Chihiro Ikeda reste très agréable. Les deux acteurs principaux sont excellents, et la chimie passe à merveille.

On peut donc apprécier les moments où ils sont ensemble, comme ceux où ils sont séparés. Le côté comédie est bien présent alors qu’on laisse échapper quelques bons rires, entre autres à cause de Ganta qui a tendance à s’endormir presque partout, même pendant le grand ménage de l’école alors que ses collègues le réveillent brutalement pour ne pas qu’il se sauve de la corvée de nettoyage.

Sa contrepartie féminine est plus futée, elle qui se cache dans le fameux observatoire, qui finira par jouer un rôle central dans l’histoire. Insomniacs after school est aussi un rappel qu’il faut continuer de regarder le ciel et d’accepter de se laisser émerveiller par la nature, et par les gens qui nous entourent.

Insomniacs after school est présenté à Fantasia, les 25 et 26 juillet 2023.

Bande-annonce