« — The Paradise is a lost cause. Movies are dying.
— Don’t be such a drama queen. The Paradise may not survive, but movies still matter. Even if people are stupid enough to watch them on their phone or critics are replaced by fucking tomatoes. So, how was seeing the movie for the hundredth time?
— It still end the same way… »
[— Le Paradise est une cause perdue. Les films sont en train de mourir.
— Ne sois pas si dramatique. Le Paradise ne survivra peut-être pas, mais les films comptent toujours. Même si les gens sont assez stupides pour les regarder sur leur téléphone ou si les critiques sont remplacés par des putains de tomates. Alors, comment s’est passé le visionnage du film pour la centième fois?
— Ça se termine toujours de la même façon…]
Au cours d’une soirée, trois couples sont entraînés dans une collision de chimie sexuelle, d’illusion et d’espoir, alors qu’ils explorent ce que l’amour, la mort et la magie des films signifient pour eux.
Avec Midnight at the Paradise, Vanessa Matsui propose un film déprimant, mais magnifique, sur la vie, la mort, le cinéma et les déceptions. Voici un film qui pousse à l’introspection et qui ne peut vous laisser froid.
Je dois dire que je ne sais pas trop par où prendre ce film qui m’a profondément touché. Je vais donc commencer par un petit détour à Toronto.
Le cinéma dont il est question dans Midnight at the Paradise existe vraiment. Il est sur Bloor Street à Toronto. Cette salle qui a ouvert ses portes dans les années 1930 avait fermé ses portes 20 2006, pour finalement rouvrir plus d’une douzaine d’années plus tard.
Il y a un grand débat au sein des critiques, en tout cas dans l’équipe de LPS. Certains sont fidèles aux salles alors que d’autres, comme moi, adhèrent totalement au format « cinéma à la maison ». Cela dit, je ne regarderai jamais des films sur un téléphone. C’est beaucoup trop petit.
Mais revenons au film.
Il y a, depuis un certain temps, beaucoup de films sur des amoureux du cinéma ou sur la possible mort du cinéma. Des films qui sont une sorte d’hommage aux vrais passionnés de cinéma. On peut penser à des films comme A bunch of amateurs, The last film show, ou encore I like movies.
C’est ainsi autour de la sauvegarde de cette vieille salle que l’intrigue s’installe. Mais l’idée de l’importance du cinéma n’est pas une simple excuse pour placer des personnages. La valeur et l’importance du septième art sont vraiment un enjeu important du film. Iris veut sauver le Paradise qui représente quelque chose de fort dans sa relation avec son père, ce vieil homme sur le point de mourir. C’est toujours un peu spécial de regarder un film qui met en scène un critique de cinéma lorsque c’est aussi ce qu’on fait. Notons que Kenneth Welsh, qui incarne Max, ledit critique veut mourir et qui demandera l’accès au suicide assisté, est décédé peu de temps après avoir joué ce rôle.
Midnight at the Paradise crée chez son spectateur une sorte de mélancolie. Qui n’a pas déjà, dans une période un peu difficile, pensé à ses relations passées en se demandant ce qui serait arrivé si.
Lorsqu’ils étaient adolescents, Iris (Liane Balaban) et Alex (Allan Hawco) sont allés voir À bout de souffle, ce classique français des années 1960 et sont tombés amoureux. Tout tourne autour de ce film alors qu’il est une sorte de technique de séduction qu’utilise Iris depuis sa jeunesse. C’est avec ce film qu’elle a aussi séduit son mari qui ne se gêne pas pour dire que ce film provoque un irrépressible désir sexuel envers la personne avec qui on le regarde.
20 ans plus tard, Iris est mariée à Geoff (Ryan Allen), un docteur workaholic (ou ergomane en français!!), et stressée par la maternité et par la tâche de s’occuper de Max (Kenneth Welsh) son père mourant, un ancien critique de cinéma égocentrique. Ce soir-là, elle a prévu une projection de À bout de souffle au Paradise, en l’honneur de Max, et dans l’espoir de sauver ce cinéma qui risque de fermer.
Mais lorsqu’Alex se pointe avec Anthea (Emma Ferreira), sa fiancée, le monde d’Iris est chamboulé et les deux anciens amants passent cette soirée dans leur passé commun, à planifier un possible avenir ensemble.
Les acteurs sont tous excellents, particulièrement Liane Balaban et Allan Hawco qui réussissent à entrer dans la tête du spectateur pour y créer un sentiment de grande nostalgie et une sorte de mélancolie. Il y a aussi ce côté vraiment déprimant qui vient avec l’impression que personne n’est réellement fidèle, que ce soit physiquement (en couchant avec un autre) ou mentalement (en espérant être ailleurs, mais en se contentant de ce qu’on a).
Puis, il y a la musique. Il y a une pièce, en particulier, qui revient à quelques reprises, une fois en musique par-dessus l’image, mais à 2 ou 3 reprises chantées par des personnages. Il s’agit de la magnifique When limbs die, de Yoyo Comay.
Il s’agit d’une chanson parfaite pour cette mélancolie que cause la nostalgie. Juste à l’entendre, on tombe dans un état similaire et on commence une profonde introspection.
Le résultat est un film solide, qui va au-delà de l’hommage au cinéma, en amenant le spectateur dans les profondeurs de son esprit.
Bande-annonce
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