«Quand la vie est trop grise, ça fait du bien un p’tit coup de rouge.»
Divorcé du genre bourru, Jacques (Bernard Campan) tient seul une petite cave à vins, au bord de la faillite. Hortense (Isabelle Carré), engagée dans l’associatif et déterminée à ne pas finir vieille fille débarque un jour dans sa boutique et décide de s’inscrire à un atelier de dégustation…
Ivan Calbérac avait mis en scène La dégustation pour le théâtre avec Bernard Campan et Isabelle Carré. Tout allait fort bien, les salles étaient pleines, mais est arrivée la pandémie de Covid. Tout s’est arrêté. Confinement de deux ans. Les deux acteurs de théâtre et de cinéma ont proposé à leur metteur en scène d’en faire un film. Il avait un autre projet en cours, il a hésité puis, a accepté.
Il a réécrit le scénario ou plutôt adapté l’histoire pour le cinéma. Quelle bonne idée!
Le résultat de son travail présente un magnifique décor de bonheur simple et vrai. On regarde ce film avec un sourire du début à la fin. Il a réussi à faire d’une histoire assez commune, une rencontre entre deux écorchés par la vie, un film heureux pour les yeux et pour les oreilles.
Hortense est impliquée dans toutes sortes d’activités communautaires, les sans-abri entre autres, et est aussi sage-femme. Elle meurt d’envie d’avoir un enfant. Elle sent le compte à rebours de son âge qui la presse. Jacques, connaisseur en vins, est divorcé et cache un drame personnel. On aurait facilement vu un Jean-Pierre Bacri jouer ce rôle pour l’humeur du personnage.
La vie les place devant une deuxième chance. Mais Jacques se bat contre son alcoolisme et Hortense contre sa mère castrante. L’amour semble évident, mais ce n’est pas gagné.
Le jeune Steve (Mounir Amamra), que Jacques engage comme aide dans sa boutique de vins, joue un rôle de trait d’union, de catalyseur entre les deux.
Ce film propose de belles composantes de la vie. L’acceptation de l’autre, la maternité sans conjoint, les sans-abri, l’alcoolisme, les mauvaises fréquentations de Steve…
La fragilité des humains est constamment présente, autant concernant la santé physique de Jacques que la force d’Hortense malgré un milieu familial nocif.
On a écrit de Ivan Calbérac qu’il est un auteur humaniste sans méchanceté. Je seconde. On ne sent que du bonheur dans son film. Parfois noir, le bonheur est toujours là. Il a établi une ambiance formidable pendant toute la durée du film.
À souligner, des images, sans être des plus spectaculaires, très belles, tournées à Troyes, à l’est de Paris. C’est beau, à grandeur humaine. Et la musique vient ajouter une couche de bonheur supplémentaire.
À noter aussi l’excellence des musiques qui meublent ce film, comme Uman Song qui va de pair avec l’inspiration dans laquelle le réalisateur était dans son travail.
Un sympathique bémol vient du manque d’harmonie des chants à l’église.
Je me suis un peu questionné sur la clémence de Jacques vis-à-vis Steve, mais j’ai compris ultérieurement que le jeune représente celui qu’il aurait encore, si…
Comme le cardiologue dit à Jacques : écoute ton cœur!
Un bijou de film, une très belle réussite, qui mérite les grands honneurs.
À voir!
Bande-annonce
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