Les enfants des autres - Une

Les enfants des autres – Ce qu’on veut et ce qu’on peut

« Je me sens piégée. »

Les enfants des autres - affiche

Rachel (Virginie Efira) a 40 ans, pas d’enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali (Roschdy Zem), elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre…

En mettant en avant la figure de la belle-mère souvent oubliée, la réalisatrice Rebecca Zlotowski, déconstruit les codes prémâchés de la marâtre. Narrant la rencontre entre Rachel, quadragénaire, et Ali, père séparé d’une fille de 4 ans, Les Enfants des autres raconte les explorations à la fois simples, mais compliqués d’un versant rarement abordé de la parentalité et de la quête de soi.

Un personnage secondaire au premier plan 

Aimer les enfants des autres est un risque à prendre, mais intuitivement pense-t-on, le risque vaut-il le cout? Que seront les liens qui vont nous unir? A-t-il un nom? Et si elle ne m’aimait pas en retour?  Si les fictions abordant le thème de la maternité sont légion, ceux sur la maternité de substitution se font plus rares, voire inexistants. Souvent reléguée au second plan ou si ce n’est caricaturé à foison (merci Disney), ces « nullipares » Rebecca Zlotowski choisit d’en faire son personnage principal.En tombant amoureuse d’Ali Guitare père de la petite Leila 4 ans, Rachel, quadra sans enfants, prof de français dans un lycée parisien, met en avant une problématique contemporaine, inhérente à l’évolution du sens de la famille.

LES ENFANTS DES AUTRES - Un personnage secondaire au premier plan
Rachel (Virginie Efira)

Le film peint un portait intime et délicat de la relation qui se développe entre Rachel et Leila. La réalisatrice, ne s’attarde pas sur les dialogues ou sur les faits, sa caméra pose un regard contemplatif sur le déroulé titubant de la relation qui va se nouer entre eux. Une relation, dont les particularités sont filmées avec une justesse qui révèle les paradoxes ô combien nombreux qui se créeront entre Rachel, porté par une Virginie Efira, qui déclara que son personnage « n’est ni une folle, ni une originale anticonformiste. » et Leila dont l’innocence fait parfois office de coup de canif pour révéler les doutes et inhumer les envies refoulées de maternité de Rachel qui risque de ne plus jamais la revoir si l’histoire avec son père se termine. 

Un regard bienveillant 

« J’ai pensé Les Enfants des Autres dans sa dimension mélodique, littéraire. Il faut lire pleinement tous les fondus au noir, les ouvertures à l’iris, les cieux dans lesquels les saisons passent, comme des chapitres d’un compte à rebours lancé dans la vie d’une femme, d’un couple, son désir. » 

Rebecca Zlotowski

La nuance et la douceur guident le long métrage, on y est vite pris par un sens du tempo déroulé comme du papier à musique. Les plans et les séquences semblent toujours commencer et se finir sur l’image juste. Pas de fioriture, pas de surplus, il est question de montrer l’extraordinaire dans la banalité de l’ordinaire. De ce fait, la rythmique interne des scènes reste toujours équilibrée, jamais rallongée ou charcutée au montage. Rebecca Zlotowski déroule son film doucement, en prenant par la main le spectateur, et en y allant crescendo. Mais cette architecture n’existerait pas sans la myriade de détails qui composent les plans.

Le sens du détail 

La main d’Ali qui tient celle de Rachel, un pied qui tremble sous une table de classe, un baiser dans le cou, une main s’attarde sur les cheveux denses de Leila, une compote glissée dans une poche, un regard complice entre Rachel et Alice. Autant de détails, qui reflètent des bribes d’humanité ainsi que des sentiments si tendres qu’on gâte à les raconter en détail comme disait Stendhal.

LES ENFANTS DES AUTRES - Le sens du détail

Cette dimension donne une sorte de qualité organique au film. On palpe l’intangible et admire l’âme humaine, si imparfaite soit-elle. Un sens du détail et de la composition des plans, par ailleurs, articulant l’histoire et le développement entre les différents personnages et donnant corps aux questionnements des personnages. Mais la vie et les relations humaines ne sont-elles pas faites de détails? 

Féminité et masculinité 

Si on se laisse emporter facilement par le film, c’est aussi en partie grâce au couple que forment Roschdy Zem et Virginie Efira. Roschdy Zem (interprète d’Ali) présentant « un monsieur tout le monde » qui détonne. Il se pose des questions existentielles sur son avenir, sur sa relation avec Rachel, pris en grippe par ses sentiments parfois paradoxaux et que l’acteur décrivait comme « moderne par sa part féminine, c’est le personnage le plus féminin que j’ai eu à interpréter». Rachel qui apprend à être la belle-mère (est-ce qu’on apprend à être belle-mère déjà?), qui se trompe et essaye très pudiquement de tisser des liens avec l’entourage de son compagnon. Une impression d’inversion des rôles et une représentation cinématographique ancrée elle aussi dans la modernité du temps. 

Un duo, donc, qu’on découvre au fil de l’histoire et de son épilogue. Une histoire parmi tant d’autres jamais racontée, une histoire profondément réaliste que chacun peut s’approprier. 

Une histoire d’une complexité ordinaire 

Au final, comme elle le disait, la réalisatrice a voulu que son film s’inscrive dans la lignée « Des films définitifs sur des expériences banales, collectives. Avec une forme de générosité musicale et de simplicité classique dans la construction, une modestie dans la peinture de ces relations qui se nouent, se délitent, se brisent et luttent. » Ne dit-on pas que la beauté réside dans la simplicité? 

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
Les enfants des autres
Durée
103 minutes
Année
2022
Pays
France
Réalisateur
Rebecca Zlotowski
Scénario
Rebecca Zlotowski
Note
7.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Les enfants des autres
Durée
103 minutes
Année
2022
Pays
France
Réalisateur
Rebecca Zlotowski
Scénario
Rebecca Zlotowski
Note
7.5 /10

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