« So you want me to be exclusive to you? Nobody owns me, or tells me what to do. »
[Tu veux donc que je te sois exclusive? Personne ne me possède, ni ne me dit ce que je dois faire.]
Ramy, un jeune étudiant du Moyen-Orient, arrive à Montréal pour étudier la médecine. Là, il y rencontre son cousin Tamer qui lui fait découvrir les sous-cultures underground animées et la vie nocturne palpitante de la ville. Ce nouveau monde passionnant inspire le désir inné de Ramy de devenir poète et le jette dans une relation tumultueuse avec trois jeunes femmes qui brisent ses perceptions et lui révèlent son destin.
Avec son premier long métrage, Montréal Girls, Patricia Chica plonge le spectateur dans un univers intense et pervers. Elle propose une incursion dans la pénombre montréalaise.
Un peu comme dans son court métrage, Morning after, Patricia Chica met de l’avant l’idée de vivre des expériences et que les notions sexuelles sont à revoir avec un œil plus moderne. Et ce qui est rafraîchissant, ici comme dans son court métrage, c’est le fait qu’elle n’appose pas de jugement à cette manière de vivre sa sexualité ou ses relations amoureuses.
Elle crée des personnages féminins bien assumés et probablement choquants pour plusieurs. En tant que spectateur, on se questionne beaucoup sur les personnages. Je dirais que c’est une des forces de Montréal Girls. Je garde cependant une sorte de malaise ici, que je n’avais pas avec le court métrage. L’impression me reste qu’il y a une sorte de valorisation de ces comportements irresponsables et destructeurs qu’on « les jeunes ».
En effet, au final, il n’y a pas vraiment de prise de conscience des personnages au comportement destructeur. D’un point de vu seulement cinématographique, c’est plutôt positif. Elle amène un point de vue différent et quelque peu… choquant. Mais un point de vue réaliste et représentatif de certaines personnes. Mais je reste avec un malaise. Je crois que ça vient du fait qu’il n’y a pas vraiment de conséquences pour les personnages.
Je vais aborder la question en entretien avec la réalisatrice, rencontre que je vous présenterai demain, ici même.
La réalisatrice et coscénariste a décidé de tourner son film principalement en anglais. Certains personnages parlent en français, à quelques occasions, mais de façon générale le récit se déroule en anglais.
D’une certaine façon, encore là, ça me procure une sorte de malaise. Soyons clairs. Ça n’enlève rien à la qualité du film. Mais dans les circonstances actuelles, où on questionne beaucoup la place de l’anglais à Montréal et la chute du français, cette décision devient importante. Je comprends que le choix vient du personnage, et du fait que le co-scénariste n’est pas francophone.
Mais quand on se promène dans le Mile-End, ça devient un enjeu politique assez important puisque l’anglais prend énormément de place dans les rues. Nous sommes d’ailleurs une des rares places au monde où un étudiant peut arriver sans parler une seule once de la langue officielle et étudier, vivre et parler avec qui il veut sans que ce ne soit un problème. D’ailleurs, un seul personnage se refuse à lui parler en anglais et, il est celui que l’on déteste, le snobinard emmerdeur.
Bien que ce ne soit pas l’intention de la réalisatrice, son film devient une sorte de preuve de plus au problème francophone du Québec. Cela dit, les comédiens sont très bons. Et encore là, je ne vais pas retenir ça contre le film. Mais il faut voir ce que ça implique.
Mais je m’égare…
Montréal Girls nous encourage à rester ouverts à de nouvelles expériences et à laisser ces expériences nous transformer.
Ce thème est cher à la réalisatrice et ça se voit. Par contre, elle tombe quelque peu dans le cliché avec une fin montrant une évolution trop forte de son personnage. C’est peut-être dû au fait que la fin déboule un peu rapidement. Probablement que 5 ou 10 minutes de plus vers la fin auraient donné le temps nécessaire pour faciliter la transition dans la transformation du comportement du personnage. Je creuserai la question avec la réalisatrice.
Il y a aussi le fait qu’on reste avec l’impression que les filles de Montréal son toxiques et qu’elles vont détruire les hommes, beaucoup trop naïfs pour résister et survivre à leur force séductrice. Mais en même temps, ça fonctionne bien avec le personnage principal.
Nous voici donc en présence d’un film agréable, divertissant, mais qui me laisse incertain à certains niveaux.
Bande-annonce
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