PAMFIR - une

Pamfir – Réaffronter le passé pour un meilleur avenir

« Dieu m’aide à changer ma douleur en carburant. »

Pamfir - affiche

Dans une région rurale aux confins de l’Ukraine, Pamfir, véritable force de la nature, retrouve femme et enfant après de longs mois d’absence. Lorsque son fils se trouve mêlé à un incendie criminel, Pamfir se voit contraint de réparer le préjudice. Mais devant les sommes en jeu, il n’a d’autre choix que de renouer avec son passé trouble. Au risque de tout perdre.

Un passé trouble

Pamfir (qui se traduit littéralement par « pierre »), c’est le nom qui lui a été donné suite à un « accident de travail ». Ce dernier revient de Pologne, où il occupe saisonnièrement un emploi qui, s’il n’est jamais nommé, est tout de même beaucoup mieux que celui qu’il occupait avant, même s’il est maintes fois mentionné que ce dernier payait beaucoup, beaucoup mieux. 

PAMFIR - Un passé trouble

En effet, Pamfir était contrebandier de cigarettes dans son petit village rural d’Ukraine, à quelques kilomètres seulement de la frontière roumaine. Ce dernier complétait ses trajets, ou tel qu’ils sont nommés dans le film, « corridors », à pied. Une fois son enfant unique venu, Pamfir fut contraint de quitter la vie de criminel pour quelque chose de plus honorable, d’un côté parce qu’il souhaitait voir son fils grandir sans problème, et de l’autre parce qu’il ne voulait pas que ce dernier devienne comme lui. Cependant, cela est plus facile à dire qu’à faire dans ce village où, selon ses mots, « il n’y a que les vieux et les malades qui ne font pas de contrebande » (et même là, il y a des exceptions) et, à la suite d’un incendie volontairement causé par son fils Nazar dans le but que son père reste plus longtemps, Pamfir est contraint à se tourner vers son ancienne vie pour réparer les pots cassés.

Un pari pas toujours réussi

Si je décris le film de manière aussi expéditive, c’est que le réalisateur ukrainien Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, qui signe ici son premier film, n’est vraiment pas pressé de le faire lui-même. Il préfère davantage attirer l’attention sur le « gimmick » principal du film, dispositif qui se montre apparent dès la première scène : chaque scène (sauf quelques exceptions qui se comptent sur les doigts d’une main) n’est constituée que d’un plan-séquence, qui dure rarement en bas de cinq minutes. La caméra, toujours mobile, valse autour des personnages de manière calme, omniprésente, presque fantomatique, peu importe l’intensité de la situation qui se déroule devant. 

PAMFIR - Un pari pas toujours réussi

Si ce pari se montre initialement impressionnant, ajoutant au film déjà déroutant une certaine aura de mystère et plaçant le spectateur dans une position de témoin proche, il devient vite clair qu’il s’agit surtout d’un artifice. Plus souvent qu’autrement, Sukholytkyy-Sobchuk ne semble pas avoir de bonne raison de préférer une telle mise en scène autrement que pour épater la galerie, et il semble déplacer ses acteurs spécifiquement en fonction de cet artifice (alors que c’est la caméra qui devrait normalement se déplacer en fonction de ceux-ci). 

L’impatience du directeur de la photographie de démontrer ses talents de Steadicam n’est pas aidée par la réticence du réalisateur de mettre d’avant de manière claire son récit. N’y voyez pas nécessairement là un défaut, mais le spectateur doit tout de même s’en trouver averti; dès le début, nous sommes plongés dans les mœurs des personnages, ces derniers portant tous à leur manière des blessures reliées au passé. Cependant, le contexte de ces blessures n’est souvent pas révélé de manière claire, s’il est révélé tout court. À plusieurs reprises, les personnages mentionnent des évènements importants en surface, et si lesdits évènements sont tout de même explorés plus en profondeur au fur et à mesure du film, il peut en résulter une certaine impression frustrante. C’est d’ailleurs dommage, car je suis habituellement très fan de ce type de mise en scène; cependant, le fait de ne pas révéler certaines choses devrait à mon sens davantage résulter en une impression de mystère et un désir d’en savoir plus davantage que d’une impression d’avoir manqué quelque chose plus tôt dans le film. 

Un premier récit somme toute impressionnant

Si je me montre aussi critique à l’égard du nouveau venu Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, c’est avant tout parce qu’il démontre énormément de potentiel. 

PAMFIR - Un premier récit impressionnant

Même si le film semble souvent tape-à-l’œil avec son artifice « un plan par scène », il est difficile de ne pas trouver que ces plans sont énormément maitrisés, et que lorsqu’ils fonctionnent, nous nous trouvons face à un récit excitant, une certaine variation rafraîchissante du récit classique « juste-un-dernier-coup-puis-je-suis-hors-de-cette-vie-de-crime » qui n’est pas sans rappeler Dog Day Afternoon ou Uncut Gems dans sa manière de faire changer les attentes du spectateur de « j’espère que ça va bien finir » à « j’espère juste que ça va arrêter d’aller de plus en plus mal ». 

Malgré ses quelques défauts, que je pardonne facilement vu l’ambition impressionnante du réalisateur pour un premier film (qui au passage n’a failli pas sortir, la guerre ayant éclaté en plein milieu du tournage; le réalisateur dû ironiquement lui aussi se tourner vers la contrebande de son propre matériel filmique afin de terminer le film), Pamfir représente avant tout un solide récit de ténacité familiale sous une façade d’un thriller de crime où la tension ne fait que monter et monter, lentement mais sûrement.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Pamfir
Durée
100 minutes
Année
2022
Pays
Ukraine
Réalisateur
Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk
Scénario
Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
Pamfir
Durée
100 minutes
Année
2022
Pays
Ukraine
Réalisateur
Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk
Scénario
Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk
Note
7 /10

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