Entretien avec Berkley Brady - Dark Nature - une

Entretien avec Berkley Brady, réalisatrice de Dark Nature

Le film d’horreur Terreur sauvage (Dark nature) sort aujourd’hui. Pour souligner l’événement, je me suis entretenu avec la réalisatrice, Berkley Brady. À défaut de pouvoir le faire en personne, nous l’avons fait par courriel. 

Entretien

Vous présentez des personnages qui partent en week-end de « ressourcement » dans les bois. Ils finiront par rencontrer une créature effrayante. Est-ce que c’était une façon d’imager que pour guérir d’un traumatisme, il faut l’affronter? Parce qu’un traumatisme peut être vu comme un monstre à vaincre…

Tout à fait! Il n’y a rien de facile dans la guérison d’un traumatisme et c’est généralement un long processus. Parfois, je pense que nous parlons aussi de thérapie ou de guérison en tant que guichet unique, comme dans « faites ceci et vous irez mieux ». Bien que je pense que c’est vrai, cela ne signifie pas non plus que d’autres traumatismes et difficultés ne continueront pas à se produire en cours de route. Par exemple, collectivement, nous sortons de la COVID, mais aux nouvelles, nous sommes confrontés à des fusillades de masse, à la guerre et à une crise environnementale. C’est beaucoup.

On en sait très peu sur le personnage de la docteure. Est-ce juste pour laisser croire au spectateur qu’elle est mal intentionnée? Ou s’il y a d’autres raisons?

J’ai travaillé pour créer un niveau de subjectivité, ce qui signifie que nous sommes avec le personnage principal, Joy, et que nous voyons les choses à travers sa perspective. Elle est sceptique à l’égard du Dr Dunnley, alors elle voit des choses qui renforcent cette perspective. En « réalité », le Dr Dunnley les soutient tous discrètement et, dans mon esprit, elle est bien intentionnée. Ce weekend aurait pu bien se passer s’ils avaient été ailleurs.

La légende que raconte la docteure à Joy est très intéressante. Est-ce une légende autochtone, ou si vous l’avez inventée pour le film?

Nous sommes définitivement en territoire autochtone où que nous soyons en Amérique du Nord, des endroits avec des dizaines de milliers d’années d’histoire. Mais je ne voulais pas utiliser d’histoires ou de créatures spécifiques des cultures autochtones, et je voulais que ce soit une œuvre imaginaire, enracinée dans des façons de savoir et d’être telles que je les comprends.

De nombreux peuples autochtones rapportent avoir vu des « extraterrestres » et dans mon esprit, la créature de Dark Nature est interdimensionnelle, quelque chose qui vient d’un autre endroit, mais qui est resté coincé ici. Comme tout être vivant, il s’est adapté à son environnement pendant des milliers d’années, et les peuples autochtones qui auraient été ici l’auraient également su et auraient compris comment travailler avec lui. À cause de la colonisation, ce savoir a été perdu, au grand drame pour ces personnages.

D’ailleurs, pouvez-vous me donner quelques informations sur le lieu où le film a été tourné? Les montagnes semblent majestueuses. 

Merci! Nous sommes sur le territoire du Traité 7, qui comprend la ville de Calgary et ses environs. Nous étions également proches des villes de Canmore et de Bragg Creek. C’est une partie magnifique du monde et un lieu utilisé pour de nombreux tournages.

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Comment s’est passé le tournage? Ce n’est jamais évident de tourner dans ce genre de lieux. Il y a eu des difficultés spécifiques?

C’est vrai. Nous n’étions pas non plus une production à gros budget avec une tonne de soutien au transport et à l’emplacement. C’était très bricolage (DIY) et l’équipe a travaillé très dur pour y arriver. Les difficultés comprenaient l’absence de service cellulaire ou wifi, des nuits glaciales et le transport de matériel lourd sur un terrain difficile. J’espère que tous ceux qui ont travaillé sur le film se sentent comme des durs à cuire, parce qu’ils le sont!

À part l’amoureux violent, il n’y a aucun homme dans le film. Quel a été le processus menant à une telle décision. 

Les hommes exigent un salaire plus élevé, c’était donc une décision budgétaire. JE RIGOLE! Il y a en fait deux autres hommes dans le film, les gars qu’ils voient sur la route en entrant. Mais la raison pour laquelle il n’y a pas plus d’hommes, c’est parce que c’était une retraite pour femmes, et j’étais intéressée à explorer la dynamique entre les femmes, qui ne sont pas toujours jolies.

Une partie de vos actrices sont également scénaristes, réalisatrices et créatrices. Était-ce difficile de les diriger? Parce qu’il peut être difficile de vendre notre vision à d’autres créateurs qui participent au projet en tant que « non-créateurs ».

Les acteurs de ce film sont tous si habiles dans leur métier. À l’exception d’Helen Belay, qui joue Tara, ils sont également tous venus sur le plateau avec des années d’expérience cinématographique. Helen vient du milieu du théâtre et c’était son premier long métrage. Je pense qu’elle sera une star dans les deux mondes, car même avec son manque d’expérience devant la caméra, elle était très habile à se frayer un chemin dans le personnage. Donc, je pense que même avec quelqu’un comme Madison Walsh, qui écrit aussi, ils avaient tous le sentiment qu’ils étaient là pour faire un travail spécifique, et ils l’ont fait.

J’étais curieux, aussi, de savoir pourquoi vous avez mis dès le début du générique une notice reconnaissant que le film a été tourné sur des territoires autochtones? On ne voit jamais ça, encore moins dès l’ouverture du générique. Était-ce une façon de reconnaître le fait que vous êtes en partie autochtone? Ou pour donner l’exemple?

En fait, cela témoigne davantage du fait que nous ne voyons pas autant de créations de cette partie du monde; les reconnaissances de terres sont une chose courante et quotidienne que nous faisons ici pour les œuvres d’art, même à la radio. Je pense que cela peut parfois devenir routinier, voire obligatoire, mais ce n’était pas l’intention ici; l’intention est toujours de reconnaître la réalité, de faire preuve de respect et d’être un bon voisin.

Merci beaucoup et je vous souhaite tout le succès avec votre film!

Merci beaucoup aussi! J’espère que ça vous a plu et que votre fils ira mieux bientôt!

Traduit de l’anglais par François Grondin

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