« We’ve got gold! »
[On a de l’or!]
S’il y a bien un cliché que le cinéma d’action a adoré exploiter, c’est bien celui du « one man army ». Un héros fort et courageux qui affronte à lui tout seul des hordes d’ennemis sans nom, armées lourdement, avec comme seul atout ses techniques et sa puissance. Stallone dans Rambo, Schwarzenegger dans Commando, Chuck Norris dans Delta Force, le cinéma américain des années 80 regorge de grands acteurs qui ont tout fait exploser dans leurs films. Si ce cliché peut sembler ringard aujourd’hui, il a cependant évolué vers une direction et un aspect plus réaliste. On a un Liam Neeson en agent secret à la retraite dans la trilogie Taken, un Denzel Washington en mode protecteur dans les films Equalizer (dont le troisième volet sort cette année) ainsi que Bob Odenkirk en père de famille cachant un passé violent dans le récent Nobody en 2021.
Mais s’il peut y avoir un seul exemple de films à mettre en valeur, c’est bel et bien la saga John Wick. Ces quatre longs-métrages ont non seulement remis Keanu Reeves sur le devant de la scène en tant que vedette internationale, mais aussi redéfini la façon de mettre en image l’action dans le cinéma hollywoodien. On laisse de côté les caméras tremblantes, les gros plans et les montages surdécoupés pour des scènes en plan larges et longs qui laissent transparaître tous les efforts et la sueur des chorégraphes et des cascadeurs. Mais bon, on retiendra surtout le protagoniste John Wick, le « Baba Yaga » qui terrifie le monde des assassins et qui élimine à lui tout seul les plus grands tueurs à gages du monde. Ces films ont tellement eu une influence que chaque fois qu’un nouveau film d’action met en scène un héros surpuissant contre une troupe d’ennemis, on va le comparer à John Wick. C’est le cas pour le film finlandais Sisu de Jalmari Helander.
Il serait cependant mieux de comparer le film avec Rambo au lieu de John Wick. Le réalisateur, qui avait réalisé en 2014 le film Big Game dans lequel un jeune garçon aidait le président américain — joué par Samuel L. Jackson — à semer des terroristes, a en effet déclaré que le classique de 1982 avec Stallone est une des influences du film. Le personnage principal d’Aatami Korpi, un ancien soldat avec une réputation de machine à tuer qui cherche à vivre une vie tranquille, rappelle la figure de John Rambo. Ce qui le pousse à reprendre ses habitudes de combat et à massacrer une garnison nazie qui a eu le malheur de le croiser, c’est que ces derniers voulaient prendre son or qu’il a récolté avec de durs labeurs.
S’ensuit une série de scènes marquées par une incroyable violence. C’est ce qui démarque le film de tous les autres similis John Wick : ses mises à mort gores et débridées. C’est ce que le film promet de voir : des nazis se faire massacrer par un ermite barbu. Et c’est ce qu’il offre. Mention spéciale à la scène du champ de mines ainsi que celle du lac, qui sont bien efficaces. L’autre attrait du film est son personnage principal, qui a la particularité d’être quasi muet durant tout le film et qui arrive à transposer ses pensées à travers son visage. Le film est une belle porte d’entrée vers le cinéma international pour son interprète Jorma Tommila, dont c’est la troisième collaboration avec le réalisateur.
Mais bon, si le film arrive à mettre en scène des scènes d’action démesurées ainsi que des morts de soldats SS impressionnantes, le résultat est assez imparfait. En effet, le film mériterait d’être plus long. Je ne dis pas qu’il doit durer trois heures comme John Wick 4, mais les 90 minutes de film aurait pu s’étaler vers 110 ou 120 minutes afin de profiter plus longuement et en plus grand nombre des scènes d’action que vendait le film. C’est surtout du pinaillage, parce qu’il est possible que le budget ainsi que les moyens du long-métrage limitent la durée pour 1h30. Ce que je regrette vraiment, c’est que le film en fait souvent trop. Il est normal dans un film d’action d’exagérer certaines choses, mais il y a des limites. Se cacher sous un camion et se faire asperger d’essence pour ne pas alerter les chiens de garde, je dis oui, c’est une idée originale. Mais après de se mettre en feu afin d’éloigner les mêmes chiens qui nous courent après, là c’est trop et je me pose des questions (oui, ces deux choses arrivent dans le film).
Si vous aimez l’action, la violence, les explosions, les nazis qui se font massacrer et des vieux soldats qui tuent tous ceux qui viennent les déranger, ce film est un bon moment à passer. Il y a bien d’autres grands films d’action qui existent, mais Sisu n’a aucune honte à se comparer à eux.
Bande-annonce
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