Last Film Show - une

Last Film Show – Rêver de cinéma

« Les histoires deviennent lumière, la lumière devient films et les films deviennent rêves. »

Last-Film-Show---affiche

Après avoir regardé un film au Indian Galaxy Cinema, la vie de Samay (Bhavin Rabari), jeune et libre d’esprit, bascule alors qu’il tombe passionnément amoureux du cinéma. Il vole de l’argent dans le petit magasin de thé en difficulté de son père (Dipen Raval) et sèche l’école pour regarder des films. Samay et sa bande commencent avec passion à créer le film 35 mm de leurs rêves. Bientôt, le père de Samay découvre l’obsession « immorale » de son fils de neuf ans pour les films et le punit physiquement et l’avertit de rester à l’écart du monde « sale » des films. Pour Samay, il est trop tard, car il est déjà épris du monde du cinéma. Poursuivant son obsession du cinéma, le chemin de Samay croise celui de Fazal (Bhavesh Shrimali), le projectionniste du Galaxy Cinema. Ils concluent un accord qui changera le cours de leur vie respective. 

Avec Last Film Show, Pan Nalin offre une œuvre située dans la campagne indienne, sur un jeune garçon qui refuse d’arrêter de rêver. Une ode au cinéma et aux films merveilleux créés pour tous ceux qui en font l’expérience. 

Quand le rêve est tout ce qu’on a

Certaines histoires sont particulièrement inspirantes. Pour raconter la sienne, Pan Nalin s’est plongé dans ses souvenirs d’enfance. 

« Mon père vendait du thé dans une gare éloignée — une gare qui n’était la destination de personne. Il n’y avait rien d’autre que de vastes champs et des cieux ouverts. Outre les trains, il y avait des avions loin dans le ciel, et c’était notre seule connexion avec le reste du monde. Ma mère aussi était une excellente cuisinière. Mon père est devenu de plus en plus pauvre en voyant sa terre, puis ses vaches, et enfin sa maison arrachée par ses propres frères, le laissant avec rien d’autre qu’un minuscule étal de thé dans une gare éloignée. Je n’étais donc jamais allé au cinéma avant l’âge de huit ans environ. Et le jour où j’en ai vu un, j’ai été illuminé. »

Cette réalité vraiment éloignée de celle des enfants d’ici reste tout de même universelle. La description ci-haut que fait le réalisateur de son enfance pourrait être une description du film. En quoi cette histoire est universelle? Le rêve. Lorsqu’on est enfant, il n’y a encore rien qui nous empêche de rêver. Notre connaissance du monde est encore petite et, donc, on ne s’empêche pas de rêver à ces choses qui pourraient sembler inaccessibles. 

Last Film Show - Quand le rêve est tout
Samay (Bhavin Rabari) et sa mère

Pour certains, Last Film Show pourrait se regarder un peu comme une fable. Pour d’autres, comme une histoire de persévérance. Et pour certains comme une dose de beauté dans un monde de plus en plus sombre. 

Le jeune garçon découvre, à 8-9 ans, la magie du cinéma et le rêve qui vient avec. Mais surtout, il découvre la lumière. Cette lumière qui passionne tant le garçon est aussi une belle analogie. C’est un peu comme si le réalisateur donnait, avec son œuvre, une dose de lumière, d’espoir, à ceux qui regardent. 

Hommage

Last Film Show est une célébration du cinéma, plus qu’une simple lettre d’amour. Il accentue la nostalgie que certains d’entre nous ressentons quant à notre rapport à l’expérience théâtrale. Vous souvenez-vous de votre premier film au cinéma, installé dans ces fauteuils rouges en poils?  J’adore regarder des films, confortablement installé dans mon lit, mais soyons honnête, ce n’est pas la même chose que de regarder un film dans une salle obscure. Avec son long métrage, Nalin lance un grand cri du cœur de nostalgie envers le cinéma qui disparait.

Il y a effectivement un moment qui m’a rempli d’une triste nostalgie à la fin du film. Ceux qui ont connu le cinéma tel qu’il était il y a même pas 20 ans ressentiront probablement ce même sentiment. Mais revenons à la lumière.

Last Film Show - Hommage
Samay et Fazal (Bhavesh Shrimali)

Le cinéma est – ironiquement puisqu’il a été créé par les frères Lumière – fait de lumière. Dans Last Film Show, elle est presque un personnage en soi, ainsi qu’un décor. En fait, l’hommage n’est pas seulement au cinéma. Il est surtout à cette chose qu’on appelle lumière et sans laquelle le cinéma n’existerait pas. 

Le film ouvre sur une scène qui rappelle L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, le premier grand succès du cinéma. Puis, rapidement, l’œuvre devient une sorte de parabole, une cherche de lumière : apercevoir la lumière, percevoir la lumière, attraper la lumière, apprivoiser la lumière, projeter la lumière, transcender la lumière, la lumière de soi.

D’ailleurs, l’image de ce long métrage est magnifique. Les teintes orangées de l’Inde et du soleil rendent ce film qui pourrait être triste particulièrement réconfortant. Cette image était primordiale pour ce film puisque le jeune garçon est en quête de lumière. Rapidement il réalise que les films existent seulement s’il y a de la lumière pour le faire apparaitre. 

Les scènes dans la salle de projection du cinéma sont belles. Tous ceux qui ont déjà rêvé de faire du cinéma regarderont ces séquences avec une passion incroyable. 

Un peu plus…

Last Film Show est un drame chargé d’émotion sur une personne vivant dans un nulle part, sans rien. Il se met à rêver de quelque chose, d’être quelqu’un. Autrement dit, un film où l’on célèbre la légèreté et l’innocence. J’ai rarement ressenti un tel désir de faire voir un film « de grands » à mes garçons. Ce genre de film fait pour s’adresser à des adultes, mais qui sont rempli d’un espoir qu’on aimerait bien transmettre. 

Last Film Show - un peu plus

La relation décrite entre Samay et Fazal est un bel exemple de partage et de communion. Samay ne demande qu’à s’abreuver de cinéma. La seule chose qu’il peut offrir à Fazal, le projectionniste qui semble s’ennuyer seul dans son coin, c’est la délicieuse nourriture de sa mère. Rapidement il acceptera de laisser l’homme manger la délicieuse nourriture que sa mère lui a préparée avec amour, en échange de pouvoir regarder des films toute la journée depuis la salle de projection. En un rien de temps, leur accord « nourriture pour films » se transforme en une amitié attachante et durable. Une amitié qui ressemble presque à un mentorat. Le garçon donnera de la lumière à Fazal qui, en échange, fera profiter l’enfant de ses lumières (l’expérience de vie). 

Nous voici donc en présence d’un film intelligent, facile à regarder, rempli de lumière et d’espoir, sans tomber dans le jovialisme et sans cacher les difficultés de la vie. Bravo!

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Chhello show
Durée
110 minutes
Année
2021
Pays
Inde / France
Réalisateur
Pan Nalin
Scénario
Pan Nalin
Note
8.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Chhello show
Durée
110 minutes
Année
2021
Pays
Inde / France
Réalisateur
Pan Nalin
Scénario
Pan Nalin
Note
8.5 /10

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