« Invece, nella vita, la bellezza è anche nell’imperfezione. Non era la perfezione. »
[Au lieu de cela, dans la vie, la beauté est aussi dans l’imperfection. Ce n’était pas la perfection.]

L’histoire d’un photographe qui a marqué une époque. Toujours en avance sur son temps, bien qu’aujourd’hui âgé et malade, il est toujours lucide dans ses souvenirs et continuellement actif. Il est le protagoniste incontesté du monde de la mode et un point de référence pour ceux qui cherchent à raconter et à célébrer la beauté à travers la photographie.

Avec The man and the beauty, Emiliano Scatarzi dresse de façon classique le portrait du photographe italien Gian Paolo Barbieri. Un homme qui disait « La beauté, pour moi, est une forme de culture ».

L’homme

Gian Paolo Barbieri a laissé une marque indélébile dans le monde de la photographie, dont il est une icône simple et honnête. Ça c’est le message clair qui ressort du film. Il contraste franchement avec l’image qu’on peut avoir des photographes de mode des années 60 à 90. Les femmes le décrivent toutes comme un homme respectueux en qui elles pouvaient avoir totalement confiance. Ça ne semble pas être le cas avec une majorité de photographes.

Dans son documentaire, Scatarzi focalise sur l’homme d’aujourd’hui. Il y a peu d’archives de Barbieri. En contrepartie, on le voit rencontrer ses amis, souvent des femmes et des hommes avec qui il a partagé des projets. On découvre ainsi la force des relations qu’il a pu créer avec ceux avec qui il a travaillé au fil des années. 

Un film un peu ennuyant

Ce documentaire retrace donc la vie de Gian Paolo Barbieri depuis ses débuts à Rome, en passant par Cinecittà et Paris. Nous suivrons ses débuts et sa consécration dans les années 70, 80 et 90, jusqu’aux années les plus récentes, qui ont marqué la naissance de la Fondation Gian Paolo Barbieri, suivie de la vieillesse et de la maladie. Cette dernière partie mériterait d’être un peu plus traitée. On ne nous dit même pas de quoi le photographe souffre. 

Il faut dire que le portrait de la carrière de Barbieri est bien monté. Mais le film est quelque peu ennuyant. Le rythme est trop lent et les entrevues nous donnent l’impression d’un film tournée pour la télévision. Par moment, on a envie de décrocher et d’aller faire autre chose pour revenir un peu plus tard et voir où on en est. 

Il y a aussi le fait que ce documentaire ressemble un peu trop à un hommage funèbre. Tout est si beau et si lisse. Un homme parfait de sa naissance à sa mort. Les intervenants n’ont que des fleurs à lui lancer. Je ne dis pas qu’il aurait fallu qu’on en dise du mal. Vraiment pas. Mais par moments toutes ces fleurs deviennent lassantes à entendre. Il aurait été bien qu’on donne moins de beaux compliments et qu’on nous montre un peu plus le travail de Barbieri dans les années 70-80, alors qu’il était au sommet de son art.

Un peu plus…

Je dois avouer que The man and the beauty m’a tout de même laissé avec une certaine tristesse dans l’âme. Toute une vie dans la recherche constante de la beauté aura tout de même laissé cet homme dans une fin de vie empreinte de maladie. Est-ce la réalisation que c’est ce qui nous attend tous, ou presque?

Peut-être que c’est aussi cette phrase que Barbieri dit, qui m’a un peu chamboulé : « Je n’ai pas de regrets. Peut-être que lorsque j’avais la trentaine et que je parcourais le monde avec mon appareil photo, je ne savais pas que j’étais heureux. »

Au bout du compte, ce documentaire relate la vision artistique d’un grand créateur. Corps, nature, femmes : le matériel témoigne d’une vie consacrée à la photographie, décrivant ainsi « La beauté, comme Gian Paolo Barbieri l’a montrée ». Une vision photographique très proche du cinéma, lui qui a commencé sa carrière dans le temple du cinéma européen qu’est Cinecittà.

The man and the beauty est présenté au FIFA, du 24 mars  au 2 avril 2023.