Regard 2023 - Carte blanche Présence autochtone

[Regard] Une lutte pour la survie de traditions – Mobiliser, Florent Vollant : Je rêve en innu et Maintenant plus que jamais

« C’est dans les rêves que nos ancêtres recevaient les indications.
On tente de recréer une chose qui avait disparu, pour s’y accrocher. »

Mobiliser (2015) de Caroline Monnet

Réalisé dans le cadre de la série « Souvenir », le court métrage Mobiliser de Caroline Monnet se sert des archives de l’ONF pour proposer un exaltant voyage qui nous emmène du Grand-Nord jusqu’au Sud urbain. L’œuvre fait ressortir la tension entre les modes de vie traditionnelle et moderne que vivent les Premières Nations.

Florent Vollant : Je rêve en innu (2021) de Nicolas Renaud

L’âme de la langue innue s’incarne dans le territoire, l’eau et la forêt, témoins de la disparition rapide du caribou. La musique de Florent Vollant continue de porter cette langue à travers le monde.

Maintenant plus que jamais (2019) de Christopher Autcher

À l’âge de 22 ans, le sculpteur d’origine haïda Robert Davidson a grandement contribué à changer l’histoire des gens de sa communauté. Grâce au soutien de sa famille, il a pu sculpter le tout premier totem du village de Old Masset en près d’un siècle. Avec des animations spectaculaires, des entrevues touchantes et des images d’archives, Maintenant plus que jamais dépeint le portrait de trois générations des clans de l’Aigle et du Corbeau qui ont travaillé ensemble à ériger le totem à la manière de leurs ancêtres jusqu’à ce qu’il trône, fort et fier.

Trois courts-métrages, époustouflants de trois façons, posent la question des traditions et de ce qui persistent, de ce qui traverse le temps et la destruction. Entre images d’archives, animation et musique, Caroline Monnet, Nicolas Renaud et Christopher Autcher donnent à voir une lutte continuelle pour les Premiers Peuples du Canada.

Mobiliser, à un rythme effréné

Le court-métrage de l’artiste multidisciplinaire anishinaabe et française Caroline Monnet plonge le public dans un rythme entraînant dès les premières secondes. Alternant entre les pratiques traditionnelles et la modernité, le public est entraîné dans un canot, immergé dans le territoire. Les chants de Tanya Tagaq mènent une danse qui s’inscrit dans l’urgence. Des images qui défilent de plus en plus rapidement, du territoire à la ville, expriment la tension entre tradition et modernité alors que l’un semble s’opposer à l’autre. On finit par suivre une femme dans la grande ville, à la recherche de son propre chemin, loin des siens.

Florent Vollant : Je rêve en innu ou le rêve du caribou

Florent vollant je rêve en innu

Une douce mélodie de guitare accompagne les paroles en innu-aimun de Florent Vollant. Il chante les femmes de sa nation, l’amour de la grand-mère, « Nukum, nukum ». Dans le court-métrage de Nicolas Renaud, cinéaste, monteur et artiste en installations vidéo, membre de la Première Nation huronne-wendat de Wendake (ONF), fait cohabiter la musique du grand chanteur Florent Vollant à la blancheur du territoire. À mesure que ses souvenirs refont surface, ce dernier raconte son rêve dans lequel il chasse un caribou. Animal nomade, à l’image des Innus, la vision de atikureprésente une joie à venir, une chasse réussie : « J’étais fier de dire que je pouvais faire vivre ma famille, nourrir tout l’entourage. Je suis devenu fier et heureux. » La place occupée par le caribou dans le monde innu est primordiale et Florent Vollant ne peut que souffrir en faisant un parallèle entre l’emprisonnement des bêtes et celui des Innus. Pour lui, les traditions passent par le caribou et l’animal sacré doit être protégé, sans quoi un réel risque de perte menace la nation innue. 

Maintenant plus que jamais, la réappropriation

À travers un mélange entre images d’archives, témoignages et animations, le réalisateur Christopher Autcher relate l’histoire du mât totémique de Massett, communauté haïda de la Colombie-Britannique. Les mâts totémiques représentent une tradition perdue, menée à la destruction par le feu par l’Église vers la fin des années 1800. Dans le court-métrage, la voix d’un aîné de Massett raconte que « [l]es membres du clergé nous ont dit que si on ne les détruisait pas, on n’irait jamais au ciel. » L’artiste Robert Davidson entreprend, en 1964, le travail de sculpter un nouveau mât à l’image de son peuple et de leurs traditions. Autour d’une cérémonie pendant laquelle aînés, adultes et enfants partagent chants, danses et coutumes, le mât est érigé. De même, les trois générations d’Haïdas se relèvent d’une histoire coloniale qui a cherché à tout brûler.

Au cœur des luttes menées par les membres des différentes nations autochtones au Canada ainsi que par les Inuit se retrouvent une fierté. Une fierté d’être, de faire et de vivre. 

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