La cordonnière - une

La Cordonnière — Du gros mélodrame

«J’ai compris à ce moment-là que ce qu’on veut, il faut aller le chercher soi-même. Tant pis pour les pots cassés.»

Cordonniere - affiche

Marie-Victoire du Sault est une des femmes les plus importantes du Québec. En 1891, elle a fondé la compagnie de chaussures Dufresne and Locke, devenant la première femme cordonnière du Québec dans une société où le rôle de la femme était mis au second plan. Elle a quand même réussi à exporter son business à travers l’Amérique et a permis à sa famille d’amasser une petite fortune. Sa descendance a fait construire, après sa mort en 1908, le Château Dufresne, aujourd’hui lieu historique iconique du quartier d’Hochelaga-Maisonneuve. C’est cette figure historique qui a inspiré l’écrivaine Pauline Gill pour sa tétralogie à succès La Cordonnière

Sorti entre 1998 et 2003, les livres s’inspirent du véritable parcours de cette figure historique, tout en explorant et créant certains aspects qui approfondissent le caractère du personnage et mettent en parallèle la société de l’époque avec la nôtre, notamment sur la situation des femmes. C’est un procédé similaire que l’auteure américaine Joyce Carole Oates a fait avec la figure de Marilyn Monroe pour son roman Blonde paru en 2000. Et tout comme ce roman a été adapté en 2022 par le réalisateur Andrew Dominik, on aura droit cette année à une adaptation de La Cordonnière.

Plus qu’un simple mélodrame

L’œuvre de Pauline Gill a le droit à toute une équipe pour son adaptation, notamment le réalisateur François Bouvier et au scénariste Sylvain Guy, les deux s’étant déjà attaqué à de grandes personnalités historiques québécoises ayant défié tous préjugés, le premier ayant réalisé La Bolduc et le second ayant scénarisé Louis Cyr. Cependant, ce film est bien différent d’un simple biopic.

La cordonnière - Pas juste un simple mélodrame

Il s’intéresse surtout à la relation que Victoire Du Sault, interprétée par Rose-Marie Perrault, entretien avec son nouveau voisin Georges-Noël Dufresne, interprété par Pierre-Yves Cardinal. Les choses se compliquent quand intervient Thomas, le fils de Georges-Noël, interprété par Nicolas Fontaine. Le tout est raconté via des flashbacks par une Victoire plus âgée aux abords de la mort, interprétée par Élise Guilbault. Un grand triangle amoureux, du mélodrame et une jeune femme qui tente de se démarquer dans un monde où tout est contre elle, voici ce que propose le film de François Bouvier.

Et le film est très bon. Les acteurs jouent très bien, la mise en scène est sobre, mais efficace, se permettant des transitions ingénieuses pour passer du présent au passé, et la reconstitution d’époque est bien réussie, même si le fait que le film se passe dans quasiment un seul village facilite les choses. Le film est un drame d’époque québécois comme il en sort presque chaque année, mais qui vaut quand même le détour.

Cependant, j’ai une grosse réserve concernant l’histoire. Le mélodrame de ce genre, plus précisément le procédé dramatique du triangle amoureux, est quelque chose qui peut plaire ou non aux gens. Plusieurs livres, pièces, séries et films en ont fait leur enjeu principal et je comprends qu’il fonctionne. Mais pour moi, c’est quelque chose qui me dérange, surtout quand certains éléments me gênent. Dans Maria Chapdelaine, ça marche, parce que les différents prétendants de Maria ont tous quelque chose de différent à amener pour elle. Mais dans La Cordonnière, elle est amoureuse de son beau-père. À un moment, on se dit que c’est plutôt malsain à chaque fois qu’elle est proche de lui.

La cordonnière - fin
Marie-Victoire du Sault (Rose-Marie Perreault)

Un autre petit regret du film est que la partie cordonnerie n’est pas vraiment mise en avant. Je n’ai pas lu les romans, mais je ne pense pas que ce soit un aspect aussi négligé que ça. Il aurait vraiment été intéressant pour la protagoniste de vraiment se battre et à évoluer dans son projet fou de devenir une grande cordonnière. Cet aspect est malheureusement trop laissé au second plan.

Mais si je reste assez réservé sur le film, je dois objectivement dire que La Cordonnière est un film tout à fait sympathique qui apportera une bonne dose de mélodrame à ceux qui le désirent. De plus, c’est un film québécois, ça ne fait jamais de mal de soutenir notre industrie cinématographique.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
La cordonnière
Durée
104 minutes
Année
2022
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
François Bouvier
Scénario
Sylvain Guy
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
La cordonnière
Durée
104 minutes
Année
2022
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
François Bouvier
Scénario
Sylvain Guy
Note
7 /10

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