JUNIPER - une

Juniper (Le passé retrouvé) – Un amour intergénérationnel

« — What do you want? 
— One more passionate love affair. »
[ Qu’est-ce que tu veux?
— Une dernière passion amoureuse.
]

Juniper - affiche

Matthew J. Saville s’est distingué ces dernières années dans le domaine de la télévision australienne. Après plusieurs courts et longs métrages primés, dont Noise en 2007, Saville nous présente son nouveau film Juniper (Le passé retrouvé) à partir du 3 mars prochain dans nos salles obscures québécoises. 

C’est un drame intimiste et poétique où le chagrin et la solitude planent sur les collines ​​néo-zélandaises. Nous suivons Ruth (Charlotte Rampling), une ancienne photographe de guerre acariâtre qui fait la connaissance de son petit-fils Sam (Georges Ferrier), un adolescent dépressif. Alors que celui-ci projette de se suicider dans l’espoir de trouver la paix après la mort de sa mère, il se retrouve par la force des choses à devoir cohabiter avec elle dans l’ancienne maison familiale. Malgré sa jambe fracturée, Ruth, détonne par sa vivacité, sa dépendance au gin et ses allures hautaines. Elle n’hésitera pas à forcer Sam à prendre ses responsabilités pour l’accompagner durant sa convalescence jusqu’à le bouleverser dans ses convictions sur la vie, l’amitié et l’âge adulte. Bien que la mort en décidera autrement, un lien fort se tisse entre ces deux êtres.

Une cinématographie qui renforce la nostalgie du récit

Matthew Saville s’est inspiré de sa grand-mère et de sa propre expérience pour développer ces personnages principaux. Dans cette histoire singulière, à mi-chemin entre le passage à l’âge adulte et l’introspection, l’attachement progressif constitué d’amour-haine entre Ruth et Sam forme le cœur de l’œuvre et l’un des points forts du film. Les plans dévoilant l’immensité des paysages pittoresques néo-zélandais renforcés par une palette de couleurs douces et naturelles accentuent cette atmosphère mélancolique et nostalgique. Ils nous donnent l’impression que l’on observe les événements de manière non intrusive. Cette magnifique photographie met en valeur les émotions des personnages et permet d’aborder avec délicatesse l’aspect éphémère de la vie. 

Le temps ne guérit pas toutes les blessures 

Cependant, en retournant en convalescence dans sa maison familiale, cette femme imbibée par le gin semble brasser ses remords. Les secrets liés au premier amour de Ruth ont eu des conséquences dévastatrices tout au long de son existence, mettant ainsi en péril la relation avec son propre fils. Afin de se réconcilier avec les erreurs qu’elle aurait commises autrefois, Ruth tente de créer des liens plus forts et plus authentiques avec son petit-fils qui se trouve lui-même plongé dans un profond mal-être. Cette complicité grandissante est belle à voir à l’écran.

JUNIPER_JR - RUTH - Le temps ne guérit pas toutes les blessures - 1
Ruth (Charlotte Rampling)

Il est important de souligner la performance remarquable et émouvante de Charlotte Rampling. Elle capture en tous points la tristesse et la nostalgie qui imprègnent son personnage en quête de reconnection avec son passé. Seulement, voilà, le film ne trouve jamais totalement son ton. Malgré l’élaboration plus réfléchie de ces personnages principaux (Sam et Ruth), on constate que ceux, plus secondaires, sont pour la plupart réduits à l’état de fantômes ou d’éléments en arrière-plan qui gravitent autour de Charlotte Rampling. Beaux comme les paysages insulaires, mais malheureusement lisse et creux à l’intérieur. En particulier à propos du personnage de Sarah (Edith Poor), l’infirmière fascinée par la personnalité de Ruth, mais dont la relation demeure en surface. Il y a aussi cette relation mère/fils, le personnage de Robert (Marton Csokas) ne semble pas avoir été exploité à sa juste valeur. Il est pour ainsi dire malheureusement inexistant.

JUNIPER - Sam and mate watch Ruth Shooting clays - Le temps ne guérit pas toutes les blessures - 2
Sam (Georges Ferrier) et un ami regardent Ruth tirer des pigeons

Juniper reste dans son ensemble une œuvre touchante et émouvante sur l’amitié intergénérationnelle face à la mort qui explore les thèmes universels de l’amour, de la perte et de la mémoire. Bien que certains aspects de l’intrigue puissent sembler prévisibles, le film offre une réflexion sur nos choix passés et les conséquences qui en découlent. 

Quelques suggestions

Voici également quelques suggestions de films qui partagent des thèmes très similaires en explorant les relations passées, les secrets de famille et les choix difficiles :

  • 45 Years (2015), réalisé par Andrew Haigh avec Charlotte Rampling et Tom Courtenay. Un couple de retraités, Kate et Geoff, se préparent à célébrer leur 45e anniversaire de mariage. Cependant, leur relation est mise à l’épreuve lorsque Geoff reçoit une lettre lui apprenant la découverte du corps de son ancienne petite amie qui était tombée dans une crevasse en Suisse il y a plus de 50 ans. Les sentiments de Kate pour Geoff sont mis à l’épreuve lorsqu’elle se rend compte que leur relation n’est peut-être pas aussi solide qu’elle le pensait. Le film explore les thèmes de la vieillesse, de la jalousie et de la remise en question des relations à long terme. 
  • Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), réalisé par Michel Gondry, avec Jim Carrey et Kate Winslet. Le film raconte l’histoire d’un couple, Joel et Clémentine, qui subissent une procédure médicale pour s’effacer mutuellement de leur mémoire après une rupture douloureuse. Le film explore les thèmes de la mémoire, de l’amour et de la perte. C’est un film poignant et complexe qui remet en question notre perception de l’amour et de la vie. 
  • Blue Valentine (2010), réalisé par Derek Cianfrance, mettant en vedette Ryan Gosling et Michelle Williams. Le film suit l’histoire d’amour tumultueuse entre Dean et Cindy, un jeune couple marié avec une fille de quatre ans. Le film alterne entre les débuts de leur relation passionnée et leur mariage en difficulté, explorant les thèmes de l’amour, de la perte de passion et de la communication dans une relation. C’est un film poignant qui offre une réflexion profonde sur les relations humaines.

Fiche technique

Titre original
Juniper
Durée
94 minutes
Année
2021
Pays
Nouvelle-Zélande
Réalisateur
Matthew J. Saville
Scénario
Matthew J. Saville
Note
6.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Juniper
Durée
94 minutes
Année
2021
Pays
Nouvelle-Zélande
Réalisateur
Matthew J. Saville
Scénario
Matthew J. Saville
Note
6.5 /10

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