« Je vais aller chercher la fleur de l’Himalaya. »
En haut des plus hautes montagnes de la terre vit une plante qui se nourrit de la plus parfaite lumière du soleil. Elle s’appelle… la fleur de l’Himalaya. Yuku quitte sa famille pour partir à la recherche de cette fleur à la lumière éternelle. Elle veut l’offrir à sa grand-mère qui a annoncé qu’elle devra bientôt partir avec la petite taupe aveugle dans les méandres de la terre. Mais pour la trouver, il y a un long voyage à parcourir, semé d’obstacles. Il faut traverser le terrible domaine des rats d’égouts sous le château, la prairie aux corbeaux, cruels et voraces, la forêt enchantée où l’on se perd. Et, surtout, le petit pont de la peur, qui est gardé par le loup ! Mais sur son parcours, grâce à sa musique et à ses chansons, Yuku va se faire beaucoup d’amis. Ils sont le bien le plus précieux pour réussir l’aventure de la vie.
Avec Yuku et la fleur de l’Himalaya, Arnaud Demuynck et Rémi Durin créent un magnifique film pour les jeunes enfants. Un film lumineux dans lequel l’adulte y trouve aussi sa dose de plaisir.
Tout au long de son aventure, Yuku, cette charmante petite souris, rencontrera une multitude de personnages. Chacun représente un enjeu qui touche souvent les jeunes enfants.
Le premier que Yuku rencontre est Le rat. Il est le gardien des égouts. Il représente une forme d’autorité qui fait peur. Il est un peu comme un conte pour tout-petits. Vous savez ces contes qui servent à faire juste assez peur pour que les enfants restent proches des parents – vous savez ces multiples histoires où les enfants se retrouvent en danger dans la forêt… Notre jeune souris confrontera ce rat effrayant pour réaliser qu’en fait, il n’est pas méchant du tout.
Elle rencontrera ensuite Le corbeau. Pas celui qui se tient sur une branche, mais celui qui représente un réel danger pour une souris. Ce volatile représente donc le danger réel, mais surmontable. C’est le moment de l’apprentissage de la prudence.
Mais arrive alors notre 3e ami : Le lapin. Il représente la valeur de l’entraide. Il aide Yuku à traverser le champ des corbeaux et la souris lui montre que de bégayer, ce n’est pas si grave et qu’on n’a pas à s’en cacher.
Et, ainsi, elle rencontrera L’écureuil étourdi, La renarde poète, et le fameux grand méchant loup.
Le loup est, évidemment, le méchant. Mais, ici, l’auteur prend la peine d’expliquer que le loup n’est le méchant que parce que c’est ainsi dans les contes. Il est aussi le personnage secondaire qui tiendra la plus large place dans l’histoire de Yuku.
Ces rencontres mèneront la petite héroïne jusqu’à la fameuse fleur de l’Himalaya. Fleur qui est en quelque sorte un personnage en soi, tellement sa représentation est importante.
Yuku, l’héroïne du film, a compris que la musique offrait le pouvoir de se faire des amis, d’exprimer ses sentiments, d’exorciser sa tristesse, de crier sa révolte… C’est avec un mignon petit ukulélé que lui a transmis sa grand-mère, qu’elle charme, en variant les rythmes selon la rencontre qu’elle fait. Elle chante et communique l’envie irrésistible de danser et de partager un moment de bonheur.
Avec un ska entraînant, Yuku ensorcèle le chat qui surveille la cuisine. Par le blues, elle libère le rat, gardien des égouts, de sa mélancolie et transforme ainsi en ami celui qui était pressenti comme un danger. Elle envoûte le lapin et le délivre de son bégaiement en l’invitant à chanter sa révolte dans un rap survolté. Elle débloque l’amnésie de l’écureuil par un swing acrobatique et lui permet de retrouver ses noisettes. Elle s’accorde même avec une renarde poète en lui trouvant des rimes dans une chanson bucolique et philosophique. Tous ces amis lui seront d’un grand soutien quand il faudra échapper au loup.
Ici, chaque chanson renforce les personnages dans leur identité. L’auteur y a sciemment fait le choix d’un vocabulaire riche, afin d’embellir les perspectives langagières des jeunes spectateurs et de ravir aussi l’imaginaire des adultes. Ces mots complexes ne semblaient pas, d’ailleurs, nuire à la compréhension et au plaisir de mes garçons de 5 et 6 ans.
Puis, il y a les énigmes… 5 petites devinettes habillent le récit. Ces énigmes mènent fondamentalement à la grande découverte de ce qu’est le bonheur. Les deux premières énigmes sont posées par la grand-mère. La première va ainsi : « Au plus je suis grande, au moins on me voit ».
Yuku en posera deux elle-même à ses adjuvants. L’une d’elles est : « J’étais déjà hier et je serai encore demain. Qui suis-je? ».
Et juste par plaisir, je vous ajoute celle que pose le loup à Yuku : « Je coule, mais ne me noie jamais. J’ai une gorge, mais ne parle pas. Je vis dans un lit, mais ne dors jamais. Qui suis-je? » C’est aussi une façon de donner une existence au loup en dehors du simple rôle de méchant qu’on lui connaît.
Dans Yuku et la fleur de l’Himalaya, Arnaud Demuynck et Rémi Durin ont choisi, comme c’est parfois le cas dans les films pour tout petit des dernières années, d’utiliser une sorte de mise en abîme du cinéma par l’extinction des lumières et la réception collective du conte, mais aussi une mise en abîme du sujet du film puisque le conte demandé par les jeunes souris est celui de l’histoire de la fleur de l’Himalaya. Et ce sera aussi l’aventure de la souris, une fois le récit engagé.
Il n’y a pas tant de vrais bons films pour les enfants de 3 à 8 ans. Il faut en profiter lorsque ça se présente. L’histoire de cette petite souris est un de ces rares moments qui valent réellement le coup.
Yuku et la fleur de l’Himalaya est présenté au FIFEM, du 25 février au 5 mars 2023.
Je vous invite aussi à découvrir quelques activités pour vos enfants, après la bande-annonce. ☺
Bande-annonce
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