Dans le monde du cinéma, la Chine est un marché non négligeable. Avec une population de 1,4 milliard d’habitants, il est normal que certains producteurs veuillent que leurs films marchent dans le box-office chinois. Cependant, cela crée parfois de gros problèmes moraux. En effet, le parti communisme chinois est très pointilleux sur la manière dont leur pays est représenté. Cela fait en sorte que les studios américains tournent souvent le dos aux aspects discutables du gouvernement. Le remake live-action de Mulan signé Disney a d’ailleurs créé la polémique à ce sujet. Cependant, la Chine elle-même ressent le besoin d’être supérieur aux États-Unis et se sont mis à réaliser eux-mêmes leurs propres blockbusters, la plupart s’inspirant des grands films hollywoodiens. Dans ces films, les valeurs chinoises et communistes sont mises de l’avant et les Américains et autres pays occidentaux sont souvent les méchants de l’histoire. Si ces films sortent surtout pour le marché chinois, la plupart ont le droit à une distribution internationale, le plus souvent assez discrète. En ce moment, c’est le destin que suit The Wandering Earth II.
Si le II du titre suggère qu’il s’agit d’une suite, il s’agit en réalité d’un préquel au film de 2019 The Wandering Earth. Adapté d’une nouvelle de l’auteur de science-fiction chinois Liu Cixin, le film se passe dans un futur proche où pour échapper à une catastrophe solaire, l’humanité à construit des milliers de réacteurs géants pour faire déplacer la Terre vers la galaxie d’Alpha Centaure. Cependant, au moment où la planète s’approche de Jupiter, un accident a lieu et la Terre risque de rentrer en contact avec Jupiter. Le film est un succès commercial colossal, rapportant 700 millions au box-office, ce qui en fait le film chinois le plus rentable ainsi que le cinquième film non-américain le plus rentable au monde. Le film a aussi été bien accueilli par les critiques et a eu le droit à une importante distribution à travers le monde par le biais de Netflix. Forte de ce succès, la production de ce préquel a commencé, narrant cette fois-ci les événements qui ont mené au départ de la planète Terre et les différentes crises auxquelles l’humanité a fait face.
Pendant le visionnage du film, on sent bien l’inspiration du cinéma américain. Il y a des élans d’Armageddon, de la filmographie de Roland Emmerich et autres films de science-fiction et catastrophe qui se veulent du grand spectacle. Ici, les valeurs sont plus différentes que chez l’Oncle Sam et plus proches de celles du parti en place en Chine. Ça se voit notamment quand les personnages les plus importants de cette crise internationale sont tous Chinois et que la plupart des pays occidentaux, surtout les États-Unis, sont montrés comme des incapables. Mais, contrairement à la plupart des films à la limite de la propagande, même certains basés directement sur des récits révisés par les communistes chinois, l’aspect politique du film ne dérange pas vraiment pendant le visionnage. Parce que le film réussit dans ce qu’il est censé être : un grand divertissement cinématographique.
On se surprend à admirer le futur qui est dépeint dans le film, à s’attacher aux nombreux personnages qui ont chacun le droit à leur propre arc narratif et à s’investir dans les scènes d’action et de tension. Le film traite aussi de thèmes assez intéressants comme l’intelligence artificielle, le deuil et le futur de la planète. Les effets spéciaux sont aussi bien faits, surtout quand l’on sait que la Chine est très en retard dans le domaine. Avec tout ça, on accepte plus facilement cette idée absurde de placer des milliers de réacteurs géants pour faire déplacer la Terre de son orbite. Si je compare ce film à des œuvres comme Independence Day, ce n’est pas pour rien. Parce que malgré la stupidité et l’aspect cliché du film de Roland Emmerich, tout est fait pour apprécier le grand spectacle qui nous est offert.
Mais ce qui blesse surtout The Wandering Earth II, c’est sa durée. Contrairement à son prédécesseur qui dure 2h, ce préquel fait 3h. Je n’ai rien contre les longs films, car si le rythme est bien dosé, on ne voit pas le temps passé. Ce n’est pas le cas de ce film. Le problème est que le film met en place deux grands éléments déclencheurs, et que chacun mériterait leur propre film, surtout quand le deuxième prend plus de place que le premier. À mon humble avis, il aurait été mieux de faire une trilogie sur le livre de Liu Cixin, surtout avec le succès phénoménal du premier volet.
Finalement, The Wandering Earth II est ce qu’on lui demande, un très bon divertissement. Il ne cherche pas à être le film du siècle, mais plutôt de faire en sorte que les spectateurs chinois à la recherche de sensations fortes au cinéma en aient pour leur argent. Même le public international pourra apprécier le film, qui se veut une proposition différente de ce qu’offre l’industrie du divertissement hollywoodien. Il me donne le goût de jeter un coup d’œil au premier volet, ce qui est sans doute l’un des objectifs de ce préquel.
Bande-annonce
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“Avec la participation du gouvernement du Canada. “?