Pour le jour 9 de Plein(s) Écran(s), les productions sont d’origine canadienne et québécoise. Voici à quoi ça ressemble.
Une perquisition policière trouble la quiétude d’une famille de banlieue, et éveille chez Nicolas des soupçons sur son père Sylvain, un homme secret aux activités douteuses.
Avec Opération Carcajou, Nicolas Krief offre un film parfait dans son genre. Ce n’est pas un film révolutionnaire ou intellectuel, ni politique, ni même particulièrement grand. Mais il réussit à toucher des thèmes sensibles tout en faisant rire. Et la chute finale est parfaite.
Déjà, il met en scène une famille maghrébine de la même manière qu’on a l’habitude de mettre en scène des familles blanches, francophones, qui vivent ici depuis la nuit des temps… Disons une courte nuit des temps. 😉
Cette famille de 4 est tout à fait ordinaire. À moins que… La première partie du film nous montre cette famille dans son quotidien banal du fils qui se fait constamment reprendre par son père trop rigide, la mère qui fait semblant qu’elle approuve et la petite sœur encore trop naïve pour se questionner. Puis, arrive la perquisition. À partir de là le film prend tout son sens et sort de la platitude que l’on imaginait devoir regarder.
En touchant le thème des relations parent-enfant du point de vue des secrets et des non-dits, le réalisateur fait entrer son histoire dans la tête du spectateur. Qui ne s’est jamais demandé quels secrets ses parents gardaient, ou n’a jamais essayé de cacher des choses à ses parents?
Krief maîtrise la direction d’acteur et les plans de caméra de belle façon. Sans rien réinventer, il mène sa barque à bon port, dans un divertissement efficace, sans tomber dans les clichés faciles.
Ken à une grande idée pour un banc.
On ne pourra jamais dire que Matthew Rankin n’ose pas. Après des films comme Tesla : lumière mondiale ou The 20th Century, le cinéaste canadien frappe encore avec une idée hors-norme : Municipal Relaxation Module.
Cette fois-ci, il élimine tout artifice et se contente de quelques plans de bancs ici et là à Winnipeg, et d’un écran noir avec une barre blanche et quelques mots en bas. Par-dessus cela, un homme qui appelle encore et encore le responsable de l’urbanisme de la ville pour lui faire part d’une idée géniale…
À travers cette idée toute simple, Rankin montre cette tendance qu’ont les hommes à pousser un peu trop lorsqu’ils croient avoir une bonne idée. Il montre aussi cette fâcheuse habitude que ces mêmes hommes ont à se fâcher contre les fonctionnaires si ceux-ci ne leur répondent pas.
Quoi qu’il en soit, ce court métrage est franchement différent.
C’est au cœur de la nuit qu’elles se réunissent. Des femmes, des sœurs, des ami.e.s : un groupe féministe qui se retrouve pour laisser des écrits sur les murs de Montréal.
Il y a quelques mois j’ai vu un court métrage documentaire réalisé par des étudiantes. Le titre : Coller pour crier. Pourquoi je vous parle de ce film? Parce que j’ai vraiment l’impression que Manon Testud l’a vu elle aussi. On ne tue jamais par amour est pratiquement une copie de cet autre film. Il a les mêmes forces, et les mêmes faiblesses.
J’ai toujours de la difficulté avec les amalgames. Que la cause soit bonne (comme ici) ou mauvaise, il y a toujours un danger avec ça. Et ici, le sujet du film, c’est-à-dire ces femmes qui se promènent la nuit pour coller des slogans qui dénoncent les violences faites aux femmes, est traité sans grande profondeur. On se demande si les filles derrière ces actes ont une réelle pensée ou si elles le font pour se sentir importantes. Est-ce une faiblesse du documentaire?
Je dirais donc, aux prochaines qui veulent se lancer dans ce genre de projet, il faut approfondir les personnages. Sinon, le spectateur risque de croire que le bol est vide…
De jeunes gens errent dans un froid polaire, et cherchent un sens à leur vie.
Drôle de film que ce Errance, projet mené par Guillaume Lambert. On fait quoi quand on est de jeunes créateurs et que l’événement auquel on devait participer est annulé? On s’emmerde… Voilà ce qui semble ressortir de ce très court film.
Ces 6 personnes se promènent dans la neige, à peu près seuls, et se demandent bien ce qu’ils feront de leur vie et se posent les grandes questions qu’on se pose quand on s’ennuie à mourir. Des questions profondes du genre : j’ai tu arrosé mes plantes cette semaine?
Je sais, ça semble incroyablement vide ce film. Et pourtant, il y a là une certaine profondeur. La pandémie a activé quelque chose dans la tête des gens. Un genre de mécanisme de défense. Pour certains, ça a lancé une certaine folie, une grande stupidité. Ils ont congestionné le centre-ville de la capitale. Pour d’autres, ça a mené à des mécanismes intellectuels alternants entre un boost créatif ou d’envie d’apprendre et une mise à off du cerveau. Ici, c’est un peu ce qu’on voit. Quand on est habitué à une certaine forme d’action publique, ou de groupe (comme l’est le monde du cinéma) et qu’on tombe dans une situation où toutes ces activités sont mises en arrêt pendant un certain temps, on se cherche.
L’utilisation du noir et blanc avec peu de contraste ajoute à ce sentiment d’ennui. Le résultat de ce film est franchement intéressant. Ne le manquez pas.
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