Hollywood est certes un endroit d’opportunités, mais aussi d’occasions ratées. Les scénaristes et réalisateurs le savent très bien. S’ils proposent un projet de films, il y a seulement une petite chance qu’il se concrétise, une bonne chance qu’il reste dans les tiroirs du studio pendant plusieurs années et rentre dans l’enfer du développement et une très bonne chance qu’il n’existe jamais.
Les raisons sont nombreuses : le pitch ne plaît pas assez aux producteurs ou est trop ambitieux selon eux, le contexte de l’industrie ou du monde met un frein à la production ou encore un accident malencontreux est arrivé pendant le tournage. Cela peut paraître injuste, mais dans les coulisses des studios, ce sont des centaines de projets qui sont rejetés chaque année. C’est donc une procédure normale dans l’industrie du cinéma.
Cependant, il y a certains films annulés qui font mal au cœur des cinéphiles. Parce que leur idée de base était super intéressante, parce qu’il s’agit de l’adaptation avortée d’une œuvre admirée, parce que des grands noms étaient associés au long-métrage, plusieurs aspects nous font regretter que ces films ne voient possiblement jamais le jour. Pourtant, il ne faut jamais perdre espoir, Terry Gilliam a pu après des années sortir The Man Who Killed Don Quixote, Netflix a ressuscité le Pinocchio de Guillermo Del Toro et Francis Ford Coppola est en pleine production de Mégalopolis, le projet de sa vie. Malheureusement, pas tout le monde n’a cette chance, c’est pourquoi j’ai décidé d’honorer la mémoire de ces chefs-d’œuvre qui n’ont jamais existé en parlant de 10 grands projets de films avortés.
Petite précision, je souhaite parler de projets pas trop connus, donc il n’y aura pas dans cette liste le Dune d’Alejandro Jodorowsky, le Napoléon de Stanley Kubrick, le Superman Lives de Tim Burton ou L’enfer d’Henri-Georges Clouzot. J’ajouterais aussi à chaque film une note pour son potentiel retour.
Alfred Hitchcock est la définition même du cinéma. Ayant réalisé près de 50 films sans compter les nombreux épisodes de la série télé Alfred Hitchcock presents, il a su démontrer sa maîtrise du suspense et a instauré de nombreuses techniques de mise en scène et procédés scénaristiques encore utilisés aujourd’hui. La plupart de ses films sont considérés comme des classiques, tels que La mort aux trousses, Vertigo, Les oiseaux ou Psycho. Ce dernier est particulier, traitant de sujets sensibles ou ayant des scènes jugées comme choquantes à l’époque. Mais le réalisateur aurait pu aller encore plus loin dans le scandale avec son projet Kaleidoscope.
Le film aurait suivi Willie Cooper, un culturiste beau et charismatique, mais aussi un tueur en série. L’histoire se serait divisée selon les trois femmes qu’il rencontre et finit par tuer. Le script se serait aussi déroulé dans trois lieux: une chute d’eau, un vieux bateau de guerre et une raffinerie de pétrole. L’idée est que les trois endroits soient entourés par de l’eau, ce qui provoque les pulsions meurtrières de Willie.
Le projet était vraiment cher à Hitchcock, à un point qu’il a lui-même écrit une première version du scénario, une première depuis 1947. Mais ce qui l’intéressait le plus dans le projet, c’était de pousser les limites de ce qui est montrable à l’écran. Ses précédents films Marnie et Torn Curtain ayant été mal reçus avec certaines voix disant que le réalisateur avait perdu de son sublime, Kaleidoscope aurait montré une grande violence et sexualité à l’écran. Très inspiré par le cinéma européen des années 60, le film aurait inclus de la nudité, un propos sur la possible homosexualité du personnage principal et des meurtres horribles. Il a aussi été dit que la caméra serait les yeux du tueur tout le long du film, fortement inspiré par Le Voyeur de Michael Powell. Hitchcock voulait montrer qu’il en avait encore sous le capot. Il existe même une heure de tests pour le film.
C’est cette recherche de l’excès qui a effrayé tout le monde à produire ce film. D’abord Robert Bloch, qui avait auparavant scénarisé Psycho pour le réalisateur, mais qui est resté choqué par les idées du film. Il sera remplacé par Benn Levy, un ami d’Hitchcock. Même François Truffaut, un grand admirateur du cinéaste, a affirmé que même si le script était incroyable, il était mal à l’aise face à la violence et nudité extrême. Le dernier clou sur le cercueil est venu des producteurs de Universal, trop choqués par le film et qui ne donnèrent jamais le feu vert. Hitchcock finit par utiliser des éléments de son script pour son Frenzy de 1972, même si pour lui le résultat est plus conventionnel qu’il l’aurait souhaité.
Probabilité de renaissance : 0%. Tous les tabous qu’Alfred Hitchcock voulait confronter dans les années 60 ont aujourd’hui été transgressés maintes fois. Même l’idée de faire un film à travers les yeux d’un tueur en série, c’est ce qu’a fait le film Maniac en 2012, un remake du film culte de 1980.
Robocop, Total Recall, Starship Troopers, ces classiques sont tous signés par le réalisateur Paul Verhoeven. Ayant commencé sa carrière dans sa Hollande natale, il partit par la suite à Hollywood. S’il a surtout réalisé des films d’action et des thrillers, il a su apporter un fond supplémentaire à ces films de divertissement, par exemple une satire du capitalisme dans Robocop. Il n’a pas hésité à implanter une certaine violence et sexualité au sein de ses films dont on ne s’attend pas vraiment en voyant ces longs-métrages. Même si sa carrière s’est calmée au fil des dernières années, il a quand même sorti quelques films marquants, notamment en France avec Elle et Benedetta. Mais il y a un des projets inaboutis du réalisateur dont les fans attendaient beaucoup, le fameux Crusade.
Se déroulant pendant les Croisades au XIe siècle, l’histoire aurait vu un condamné à mort nommé Hagen qui a fait croire à un miracle pour échapper à sa sentence. S’étant fait remarquer par le pape, ce dernier l’envoie en Terre Sainte afin de libérer Jérusalem des Musulmans.
Écrit par le scénariste Walon Green à qui l’on doit La horde sauvage de Sam Peckinpah, le projet a été porté par le producteur Mario Kassar et sa boîte de production Carolco Pictures (ayant produit les Rambo et Terminator). Le choix de Verhoeven s’est porté non seulement avec le précédent succès de Total Recall, mais aussi parce qu’il avait déjà réalisé un film médiéval sombre et violent avec La Chair et le Sang en 1985. Le cinéaste comptait bien offrir une vision réaliste de ce qu’étaient les Croisades, une période remplie de violence et de manipulations de l’Église pour contrôler les populations arabes et juives. Arnold Schwarzenegger était pressenti pour jouer le rôle principal, avec aussi à la distribution Gary Sinise, Jennifer Connelly et Charlton Heston qui aurait dû jouer le pape Urbain II.
Ce qui a bloqué la production, c’est le budget. Le film aurait coûté au final 120 millions de dollars, ce qui à l’époque en aurait fait le film le plus cher de l’histoire. Et puisque la Carolco était déjà en grande difficulté financière, le projet a été abandonné et le producteur a préféré investir sur L’Île aux Pirates de Renny Harlin. Le film a fini par être un échec retentissant et a fait couler la boîte.
Probabilité de renaissance : 10%. Il a été dit que The Rock serait intéressé à faire partie du projet si Verhoeven continue de réaliser. Cependant, il n’a pas la même aura qu’avant et les films sur lesquels il travaille sont de plus petite facture, donc il ne risque pas de retourner dans une grosse production. De plus, les films médiévaux n’ont pas vraiment la côte en ce moment et le réalisateur affirme que 200 millions seront nécessaires pour amener sa vision, ce qui rend les studios frileux.
Avec son adaptation manquée de Rendez Vous avec Rama d’Arthur C. Clarke, de 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne et sa participation annulée au film anthologique Heavy Metal, le réalisateur de Gone Girl David Fincher a fait face à de nombreuses annulations. Parmi elles se trouvent un film à la frontière entre Se7en et Zodiac et qui s’intéresse à la figure historique d’Eliot Ness, l’homme qui a arrêté Al Capone, plus particulièrement son plus grand échec.
Entre 1935 et 1938, près de 12 cadavres ont été retrouvés à Cleveland. Seules 2 ont été identifiées, la raison étant que seul le torse des victimes était laissé par le tueur. Eliot Ness était chargé de l’affaire. Bien qu’il ait un suspect en tête, aucune preuve ne permettait de l’arrêter et les crimes restent à ce jour encore non résolus. Cette affaire a inspiré les auteurs Brian Michael Bendis et Marc Andreyko pour la série de comics Torso, publiée de 1998 à 1999 chez Image Comics. C’est cette bande dessinée qui a servi d’inspiration à Fincher.
Cependant, le réalisateur a affirmé qu’il allait prendre pas mal de liberté avec le matériau d’origine. Cela se ressentait surtout dans la structure narrative, s’inspirant notamment du Rashomon d’Akira Kurosawa, avec des allers-retours entre le passé et l’enquête d’Eliot Ness et le présent de 1947 où Ness se présente pour maire de Cleveland et est interrogé par un journaliste. Le projet allait être bien différent que son précédent film Zodiac, lui aussi basé sur un tueur en série aux crimes non résolus. C’est Ehren Kruger, notamment connu pour avoir écrit le remake de The Ring, qui s’occupe du scénario. Pour la distribution, c’est Matt Damon qui est pris pour incarner Eliot Ness, avec Casey Affleck et Rachel McAdams dans des rôles secondaires.
Paramount Pictures a cependant mis le frein au projet. La raison? Le box-office de Zodiac, qui même s’il n’a pas été un échec, n’a rapporté que 84 millions pour un budget de 65 millions, loin des attentes du studio. Donc pour ne pas refaire la même chose, le studio a relégué un autre projet au réalisateur qui n’aura pas abouti non plus (et qui deviendra le film Burnt de 2015 avec Bradley Cooper) et s’attaque à l’adaptation de La curieuse histoire de Benjamin Button de F. Scott Fitzgerald. Paramount a par la suite perdu les droits des comics, n’ayant pas pu produire le film avant décembre 2008.
Probabilité de renaissance : 40%. Si Fincher n’est plus de la partie, d’autres réalisateurs comme David Lowery de A Ghost Story et Paul Greengrass qui a fait les suites de Jason Bourne se sont penchés sur le projet. Brian Michael Bendis et Marc Andreyko sont encore enthousiastes de voir leur œuvre en film. Mais depuis 2018, pas de nouvelles.
Durant sa longue carrière, Tim Burton a eu de nombreux projets de films annulés. Que ce soit les nombreuses idées de suite à Beetlejuice, une adaptation d’Edgar Allan Poe ou évidemment son ambitieux film Superman qui a laissé un profond effet sur lui, le réalisateur a eu de nombreuses occasions manquées. L’une d’entre elles était cependant assez différente et intéressante pour se retrouver dans cette liste : un biopic sur Robert Ripley.
Si ce nom ne vous dit rien, vous avez certainement visité l’un de ses musées. En effet, ce dessinateur, entrepreneur, anthropologue, explorateur, aventurier et reporter américain est le créateur de la franchise Believe it or not!, comprenant des rubriques de journaux, des émissions de télé, de radio, des livres, mais surtout de nombreux musées situés un peu partout dans le monde. Tout ça rapportant de nombreuses curiosités des quatre coins de la planète. Un véritable explorateur excentrique dans lequel Burton pouvait se reconnaitre.
Produit par Paramount, le réalisateur était bien entouré. Le scénario était signé par Scott Alexander and Larry Karaszewski, spécialisés dans les biopics farfelus et ayant déjà collaboré avec Burton sur Ed Wood, et le rôle principal allait être tenu par Jim Carrey. Avec l’imagination particulière et l’amour pour le bizarre de Tim Burton ainsi que l’énergie légendaire de Jim Carrey qui correspond bien à celle de Robert Ripley, le biopic semblait partir sur de bonnes roues.
Mais une semaine avant la production fin 2006, le projet a cependant été décalé. Non seulement le budget du film risquait d’être trop élevé pour un biopic, ce sont surtout les divergences créatives entre Jim Carrey et Tim Burton qui ont fait retarder le projet. Le réalisateur est finalement parti tourner Sweeney Todd à la place.
Probabilité de renaissance : 15%. Paramount a tenté de faire revivre le projet en 2011 et 2015, toujours avec Jim Carrey. Mais depuis 2015, plus aucune nouvelle. Le projet est considéré comme mort, l’acteur a annoncé sa retraite après Sonic the Hedgehog 2 et Tim Burton est passé à autre chose. Cependant, il n’est pas impossible que le sujet puisse intéresser des producteurs, même si ça reste peu possible.
Steven Spielberg a lui aussi eu de nombreux projets avortés ou relégués dans sa prolifique carrière. Il y a eu son film d’horreur avec des extra-terrestres Night Skies, son adaptation des Chroniques martiennes de Ray Bradbury ou le film postapocalyptique Robopocalypse avec Chris Hemsworth et Anne Hathaway. Le film qui m’intéresse ici n’est cependant pas un film de science-fiction, mais un drame historique.
En 1858, le jeune Edgardo Mortara, issu d’une famille juive, est enlevé par les autorités papales pour être converti au catholicisme. La raison, c’est que puisque l’enfant a été baptisé, il aurait été considéré comme apostat s’il était resté dans une famille d’une autre croyance. Le Vatican a donc décidé de « sauver » l’enfant. L’affaire a fait un scandale international, avec notamment plusieurs personnalités politiques et intellectuelles des quatre coins du monde qui se sont projetés, de nombreuses controverses doctrinales et morales et même la création de l’Alliance israélite universelle.
Pour un réalisateur lui-même juif et tout aussi talentueux pour faire des films à grand spectacle et des films de plus petite envergure, le projet était très alléchant. Le projet serait aussi l’occasion pour Spielberg de traiter de ses thèmes de prédilection comme la famille brisée et la vision des enfants sur le monde. Le projet a même rendu jaloux Harvey Weinstein, qui a tenté d’offrir sans succès sa propre version de l’histoire. Il a aussi demandé l’aide du scénariste Tony Kushner, qui avait déjà signé un film qui traite du Judaïsme pour Spielberg avec Munich. Oscar Isaac était pressenti pour incarner le père Mortara et Mark Rylance, que Spielberg a mis de l’avant en 2015 avec Le pont des espions, aurait incarné le pape Pie IX.
C’est cependant durant la phase de casting que le film a été annulé, car Spielberg n’avait pas trouvé d’acteur de six ans assez convaincants pour le rôle-titre. Et pour un réalisateur qui a offert parmi les plus grandes interprétations jeunesse du cinéma, c’était un obstacle de taille. Il a finalement choisi de réaliser The Post en mai 2017, pour finalement le sortir en décembre de la même année.
Probabilité de renaissance : 60%. L’histoire de Edgardo Mortara sera bientôt adaptée en film, mais pas par Steven Spielberg et pas à Hollywood. Ce sera le réalisateur italien Marco Bellocchio, réalisateur du film Le Traître en 2018, qui offrira sa version des faits. Ce film promet d’être assez authentique et se base sur des véritables documents de l’époque. Cependant, Steven Spielberg peut se remettre sur le film, même si ça reste encore à officialiser.
Disney a aussi eu de nombreux projets de films d’animation annulés. Que ce soit les suites Pixar qui ne viennent pas de Pixar (oui, c’était prévu) ou encore Gigantic, l’adaptation de Jack et le haricot magique qui a enthousiasmé les fans du studio, la liste est longue et remplie de surprises. Il y avait même eu un projet d’adapter la courte histoire Le roi des elfes, écrit par nul autre que l’auteur de Blade Runner Philip K. Dick. Mais il y a un autre projet d’adaptation qui est encore plus surprenant, celle d’un livre du Disque-Monde.
Écrite par l’auteur anglais Terry Pratchett entre 1983 jusqu’à la mort de l’auteur en 2015, la série du Disque-monde est une série de 41 livres du genre Comic Fantasy. Situé sur une planète plate supportée par quatre éléphants géants eux-mêmes supportés par une tortue géante, les histoires se voulaient être des parodies des grandes histoires d’Heroic Fantasy et de science-fiction, avec la plupart des personnages étant une satire de différents aspects de la société moderne. Les livres atteignent un statut culte chez les amateurs de Fantasy et même de littérature globale.
L’histoire qui intéressait Disney est celle de Mort (ou Mortimer dans les versions françaises). Il s’agit du quatrième volet de la série et le premier à mettre en avant le personnage de La Mort. Cette dernière prend en apprenti le jeune Mortimer, ne souhaitant pas reprendre la ferme familiale, et qui se liera d’amitié avec Ysabell, la fille adoptive de La Mort. Même si le fait que le film s’inspire du Disque-Monde peut surprendre, l’histoire du livre s’accorde très bien pour un film Disney. De plus, le poste de réalisateur était relégué à John Musker et Ron Clements, des grandes figures de la compagnie à qui l’on doit Basil détective privé, La petite sirène, Aladdin, Hercule, La planète au trésor ainsi que La princesse et la grenouille.
Ce sera cependant un problème de droits qui stoppera le projet. Disney s’était rendu compte que pour acheter les droits de Mort, il fallait prendre le reste du Disque-Monde. Le studio ne voulait pas prendre de chance si le film finissait pas être un échec et n’étant pas sûr d’adapter tous les autres livres, l’idée a été abandonnée. Musker et Clements iront par la suite réaliser Moana en 2016.
Possibilité de renaissance : 0%. Il faut être honnête, ça ne conviendrait pas à la philosophie actuelle du studio d’adapter le Disque-Monde au cinéma.
Bien avant le succès d’Iron Man en 2008 et de l’impact culturel du MCU dans le monde du cinéma, les choses allaient mal pour Marvel au cinéma, surtout dans les années 80-90. Car si DC Comics a eu l’intelligence de donner ses droits à Warner Bros dès les années 70, Marvel a dû se contenter de divers petits studios aux budgets limités. Certains connaissent le film Fantastic Four produit par Roger Corman, réalisé seulement pour que le producteur garde les droits sur la franchise et qui n’est jamais sorti en salle. Marvel a cependant tenté de produire plusieurs adaptations ambitieuses dans les années 90, la plus connue étant la version de Spider Man par James Cameron.
L’homme-araignée avait déjà connu de nombreuses adaptations dans le passé, que ce soit les nombreuses séries animées qui continuent d’être produites encore aujourd’hui ou même la série japonaise dans laquelle Spider-Man conduit un robot géant (oui, ce truc a existé, il a même été approuvé par Stan Lee et a inspiré les Power Rangers). Et ce, sans parler de la comédie musicale Broadway avec la musique écrite par U2. Au cinéma, on a eu le droit aux films d’animation Spiderverse, à la trilogie récente avec Tom Holland, aux deux films avec Andrew Garfield et à la trilogie de Sam Raimi avec Tobey Maguire. Sony continue aussi de développer des films avec plus ou moins de succès sur des personnages secondaires de la franchise, comme Venom ou Morbius. La version prévue par Cameron était bien différente.
Premièrement, il y aurait eu des gros mots et du sexe, ce qui aurait étonné les fans du comics. Le film aurait été fait plus selon les goûts de Cameron que ceux des admirateurs. Il voulait une version plus sombre et réaliste du personnage. De plus, les toiles n’auraient pas été conçues avec des machines spéciales, mais auraient été organiques, une idée qui sera reprise dans la version de Raimi. Les méchants du film, Carlton Strand et Boys, ont aussi été prévus pour être des personnages originaux, même s’ils s’inspirent respectivement d’Électro et de Sandman. Pour le casting, le rôle de Peter Parker était prévu pour le jeune Leonardo Dicaprio, accompagné de plusieurs autres acteurs comme Kevin Spacey, Bill Paxton, Michael Douglas, Katherine Hepburn, Michael Biehn, Lance Henriksen et même Arnold Schwarzenegger.
Ce seront finalement des problèmes légaux qui mettront à mal le projet. La 21st Century Studios, qui avait les droits du personnage, s’était associé avec la Carolco Pictures (encore eux). La boîte avait déjà produit Terminator 2 pour le réalisateur. Cependant, elle a fait faillite en 1996 et a été rachetée par le studio concurrent de la MGM. De plus, Sony avait les droits pour l’exploitation vidéo et Viacom avait ceux pour la diffusion à la télévision. Pour en rajouter, Marvel qui était en difficulté financière voulait reprendre les droits. S’ensuivent plusieurs années devant les tribunaux où Cameron a quitté le navire et est parti faire Titanic. Finalement, ce fut Sony qui acquit tous les droits.
Possibilité de renaissance : 100%. On a finalement eu le droit à Spider-Man au cinéma avec le film de Sam Raimi en 2002. De plus, le scénariste David Koepp a affirmé avoir repris plusieurs idées de la version de James Cameron. Pour ce dernier, avec les futures suites d’Avatar et ses propos contre le MCU, il ne risque pas de faire un film de superhéros de si tôt.
Fondateur du studio Ghibli avec son collège Isao Takahata et réalisateur acclamé partout dans le monde, Hayao Miyazaki a eu une carrière prolifique. Il a cependant travaillé sur différents projets, la plupart ayant été modifiés au fil du temps. Une version de La Belle et la Bête dans le Japon féodal est devenu Princesse Mononoké, l’adaptation du roman Aya et la sorcière de Diana Wynn Jones a été relégué à son fils Goro Miyazaki et son film Le tour du monde en 80 jours par la mer, inspiré de Jules Verne, a servie de concept pour la série Nadia : Le secret de l’eau bleue. Il y a cependant un projet que le réalisateur n’a pas pu concrétiser, une adaptation de Fifi Brindacier.
Fifi Brindacier, ou Pippi Långstrump dans sa langue originale, est un personnage créé par l’auteure suédoise Astrid Lindgren en 1945. Cette petite fille, dont le père est un ancien pirate, est dotée d’une force surhumaine et vit des aventures accompagnée de son singe et de son cheval de compagnie. Les livres où elle apparaît ont eu droit à une adaptation télévisuelle en 1969 qui a connu un grand succès à l’international. En Suède, le personnage est même reconnu comme une icône féministe, notamment pour son indépendance et sa remise en cause des relations enfants/adultes et garçons/filles.
Le livre a été présenté en 1971 à Hayao Miyazaki et à son défunt collègue et futur cofondateur de Ghibli Isao Takahata par leur mentor Yasuo Otsuka. Les deux animateurs ont été immédiatement charmés par le récit, notamment par le caractère anticonformiste de l’héroïne. Vu tous les personnages féminins forts de la filmographie de Miyazaki, on comprend très bien cet engouement. Les deux réalisateurs se sont même rendus en Suède pour du repérage, Hayao Miyazaki étant allé faire un tour à la ville de Visby, là où a été réalisée la série. Il en a tiré de nombreux croquis qui sont trouvables sur le web.
C’est pendant ce voyage que Miyazaki et Takahata ont rencontré Astrid Lindgren qui a refusé de donner les droits. La raison est que l’auteure était très protectrice envers sa création, rejetant une précédente adaptation cinématographique de 1949 et ayant elle-même écrit les scripts de la série télé de 1969. Elle n’était donc pas prête de reléguer son œuvre à deux jeunes animateurs japonais (le premier film du réalisateur, Le Château de Cagliostro, sortira en 1979). De plus, leur rencontre a été planifiée par les producteurs de la série sans l’accord de l’auteure. Miyazaki a quand même continué à faire des croquis pour un possible feu vert du projet qui n’arrivera jamais avant d’avoir la carrière que l’on connaît. Son voyage en Suède a cependant eu une grande influence dans sa filmographie, surtout sur ses décors européens.
Possibilité de renaissance : 0%. Si le prochain film de Miyazaki, How do you live?, est prévu pour cette année, il ne risque pas de faire d’autres films après. Son rythme de travail a beaucoup diminué au fil des années et la production du film a pris plus de temps que prévu. Le réalisateur risque bien de prendre une retraite définitive.
Pas la peine de contourner le sujet, vous avez bien lu le titre. 40 ans avant que Peter Jackson adapte la saga littéraire de J.R.R. Tolkien en l’une des plus grandes trilogies du cinéma, c’était les quatre garçons dans le vent qui avaient prévu de jouer dans le Seigneur des Anneaux. Encore plus improbable, ils souhaitaient que Stanley Kubrick réalise le film.
En même temps, il est normal à cette époque de vouloir adapter Le Seigneur des Anneaux. Depuis sa parution en 1954 et 1955, la trilogie de Tolkien a connu un énorme succès. De grands cinéastes comme Walt Disney, John Boorman ou même George Lucas ont voulu s’y essayer, ce qui a donné des projets inaboutis ou même leurs propres films de Fantasy, comme Boorman qui réalisera Excalibur en 1981 et Lucas qui produira Willow en 1988. Sans oublier les adaptations animées, notamment deux du studio américain Rankin/Bass et celle du réalisateur Ralph Bakshi en 1978. Et puis, il y a les Beatles.
Couronné du succès en salle de A Hard Day’s Night et Help, ils ont découvert les livres de la part du producteur de leurs films Denis O’Dell et les ont appréciés. Ils avaient déjà planifié le casting comme suit : Paul McCartney en Frodon, Ringo Starr en Sam, George Harrison en Gandalf et John Lennon en Gollum (oui). Ils avaient même demandé à plusieurs réalisateurs de faire le film, comme Richard Lester, Michelangelo Antonioni, David Lean et, comme mentionné plus tôt, Stanley Kubrick.
Cependant, ce dernier a refusé, considérant le projet comme étant impossible à filmer. Cependant, la personne qui a donné le coup final au projet est nul autre que Tolkien lui-même, ayant refusé de donner les droits aux Beatles parce qu’il n’était pas à l’aise de voir un groupe pop adapter son histoire. Le groupe est par la suite parti faire le film d’animation Yellow Submarine et Kubrick ira réaliser 2001 : L’odyssée de l’espace.
Probabilité de renaissance : 0%. John Lennon et George Harrison sont morts, les deux autres sont beaucoup trop vieux et surtout, Peter Jackson a réalisé sa trilogie. D’ailleurs, dans le cadre de la production du documentaire Get Back, Paul McCartney a dit au réalisateur « Je suis content qu’on ne l’ait pas fait, parce que tu as pu faire tes films et je les adore. »
S’il y a un réalisateur à Hollywood habitué aux projets avortés, c’est bien Guillermo Del Toro. La liste est longue, mais on peut citer le troisième volet avorté de Hellboy, l’adaptation du Hobbit qu’il devait faire à la place de Peter Jackson, sa version cinématographique du manège Disney Le Manoir hanté et, surtout, sa collaboration entre le créateur de Metal Gear Solid Hideo Kojima, la mangaka horrifique Junji Ito et l’acteur de Walking Dead Norman Reedus pour le jeu Silent Hills. Mais s’il y a un projet qui fait mal au cœur, c’est bien l’adaptation du roman de H.P. Lovecraft At the Mountains of Madness.
Le roman d’une des auteurs préférés de Guillermo Del Toro raconte l’histoire de William Dyer, professeur de l’Université de Miskatonic (lieu fictif de la mythologie lovecraftienne) qui participe à une expédition en Antarctique pour explorer des ruines antiques mystérieuses. Les explorateurs vont cependant faire face à des découvertes et des menaces dépassant la compréhension humaine. Le récit est une pierre importante du mythe de Cthulhu cher à l’auteur et est considéré comme l’une de ses meilleures histoires. Il inspirera de nombreux artistes, comme John Carpenter pour The Thing, l’éditeur de jeux Chaosium pour l’extension Beyond the Mountains of Madness du jeu de rôle Call of Cthulhu et même le groupe de Black Metal The Great Old Ones dont l’album concept Tekeli-li reprend l’histoire du livre.
Et lorsque Del Toro veut adapter un livre qui lui tient à cœur, il y va à fond. Prévu comme le film suivant Hellboy II, le réalisateur co-écrit le script avec le scénariste Matthew Robbins, qui avait déjà collaboré avec lui pour Mimic, mais qui est surtout le scénariste de Rencontres du troisième type. Le réalisateur veut retranscrire le plus possible à l’écran l’ambiance particulière des romans de Lovecraft. Il souhaite aussi réaliser le film en 3D. Il obtient ainsi l’aide de James Cameron qui accepte de le guider et aussi de produire le film. De plus, Tom Cruise est pressenti pour le rôle principal. Tout était bien parti pour que le film se fasse.
Jusqu’à ce que Universal décide de mettre fin au projet en 2011. La raison, le budget pressenti du film atteignait les 150 millions de dollars et le film aurait été coté Rated-R aux États-Unis. Le studio ne souhaitait pas mettre une telle somme pour un film qui n’aurait été vu que par des personnes de 17 ans et plus. Et lorsque le studio a demandé de faire en sorte que le film soit PG-13, Del Toro a dit non. Si le projet n’était pas encore entièrement abandonné à ce stade, ce sera un certain Ridley Scott qui achèvera le film en 2012. En effet, il sortira la même année le préquel d’Alien, Prometheus, et le film avait beaucoup trop de similitudes avec l’histoire des Montagnes hallucinées. Guillermo Del Toro est finalement parti se défouler avec des robots géants et réalisa Pacific Rim.
Possibilité de renaissance : 60%. Guillermo Del Toro est au meilleur de sa réputation ces temps-ci et a comme allié de taille Netflix, qui lui permet notamment de réaliser des projets de longue date comme Pinocchio et Frankenstein. Il a donc une très bonne chance de retourner vers At the Mountains of Madness. Pour le cas Prometheus, on préfère tous oublier ce film.
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