Top 5 2022 - David - une

Top 5 de 2022 | David

Le 26 décembre 2022

2022 est proche de la fin. Et en termes de cinéma, j’ai été plutôt convaincu. Après une fermeture des salles en début d’année et une réouverture où j’ai profité de trois séances en une journée, j’ai quand même repris mes habitudes de cinéphiles. Même quand j’ai déménagé pendant quelques mois à 8h de Montréal, il y avait un cinéma à cinq minutes de chez moi et j’ai profité des récentes sorties ainsi que de quelques films d’auteurs occasionnels. 

Mes goûts ont changé aussi cette année, car même si je passe un moment agréable devant, les récents blockbusters à la Marvel ont fini par me dégoûter et je pars à la recherche d’autres horizons cinématographiques. Et même s’il me reste quelques films à voir avant la fin de l’année (au moment que j’écris ces lignes, il me reste à voir The Whale), j’ai fait mon choix des cinq films qui m’ont marqué cette année et que je vais vous partager.

Pour rappel, l’appréciation d’une œuvre est un exercice purement subjectif, donc il est fort possible que mes choix soient différents des autres.

The Northman (Robert Eggers)

Le prince Amleth est sur le point de devenir un homme lorsque son père (Ethan Hawke) est brutalement assassiné par son oncle (Claes Bang), qui kidnappe la mère du garçon (Nicole Kidman). Deux décennies plus tard, Amleth (Alexander Skarsgard) est maintenant un Viking qui attaque les villages slaves. Il rencontre une voyante (Björk) qui lui rappelle son vœu : sauver sa mère, tuer son oncle, venger son père.

The Northman

Dans la dernière décennie, trois réalisateurs de films d’horreur ont su se démarquer et changer le paysage cinématographique en deux films : Ari Aster dont son Beau is Afraid est vivement attendu pour 2023, un autre réalisateur que je vais mentionner plus tard et Robert Eggers. Avec The Witch and The Lighthouse, le réalisateur a su transposer son style naturaliste très particulier à travers des films explorant différents mythes et folklore. Il est vite devenu un des fers de lance du genre horrifique A24. Donc, apprendre que Universal lui a donné un budget de 90 millions de dollars et un casting 5 étoiles pour une histoire de viking m’a profondément excité. Et résultat, je n’ai pas été déçu.

Si on pouvait s’inquiéter qu’un grand budget et qu’un film plus porté par l’action puisse nuire à sa vision créative, il n’en n’est rien. Eggers nous offre sans aucun doute le blockbuster le plus viscéral et le plus brutal de ces dernières années (et il n’y en a pas eu beaucoup du même style). Le réalisateur a su mettre en scène toute la férocité et la violence de l’âge des vikings, tout en amenant la profonde philosophie de leurs croyances. De plus, il a su ne pas rentrer dans les clichés de la plupart des blockbusters. Comme quoi, pour faire un excellent film à grand budget, il faut quelqu’un qui sait faire de bons films. 

Robert Eggers a encore beaucoup de potentiel pour le futur, et sa future version de Nosferatu avec Bill Skarsgård (Pennywise) dans le rôle titre fait frémir d’excitation, tout comme son projet de mini-série sur Raspoutine. Pour ma part, je le verrais très bien pour une adaptation de Moby Dick.

Pinocchio (Guillermo Del Toro)

Cette reprise du célèbre conte de Carlo Collodi sur une marionnette en bois qui prend vie et rêve de devenir un vrai garçon se déroule dans l’Italie fasciste des années 1930. Lorsque Pinocchio (Gregory Mann) prend vie, il s’avère qu’il n’est pas un gentil garçon, qui fait des bêtises et joue des mauvais tours. Mais au fond, Pinocchio est une histoire d’amour et de désobéissance, alors que Pinocchio se bat pour être à la hauteur des attentes de son père (David Bradley).

Pinocchio 1

Récemment, la carrière de mon chouchou Guillermo Del Toro est sur la haute pente. Non seulement, il a eu l’oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour The Shape of Water, mais il est aussi entré dans la liste des grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Son seul point d’ombre est l’échec commercial de Nightmare Alley, mais je vois plus ça à cause de Disney qui a préféré mettre en avant Spiderman No way Home qui sortait en même temps (ils ont fait la même chose avec le West Side Story de Spielberg). Dernièrement, le réalisateur a un allié de taille : Netflix. Le géant du streaming a en effet produit un projet que l’on pensait enterré depuis de nombreuses années : Pinocchio. L’idée d’une relecture du conte dans une Italie sous le facisme de Mussolini date de 2008 et était rentré dans l’enfer du développement. Ce sera finalement Netflix qui permettra à Del Toro de concrétiser le tout. Et l’attente en valait bien la peine.

Se voulant le troisième volet de sa trilogie sur la fascisme avec L’échine du diable et Le labyrinthe de Pan, le réalisateur mexicain propose ce que Disney a raté de faire avec ses différents remakes, une version de l’histoire d’origine qui se veut différente de tout ce qui a été fait avant et qui symbolise un vrai message. Traitant non seulement du fascisme, mais aussi des dérives du divertissement et du deuil, Pinocchio est un véritable conte porté à l’écran, très souvent sombre, mais enseignant toujours quelque chose d’important. De plus, le message se veut plus actuel et en accord avec le propos du film que le simplissime « Mentir c’est mal ». Aussi, c’est toujours un délice d’avoir un film en stop-motion.

Et on est d’autant plus excité quand le compositeur attitré du réalisateur Alexandre Desplat a annoncé qu’il allait réaliser une adaptation de Frankenstein avec Oscar Isaac pour Netflix.

Decision to Leave (Park Chan-Wook)

Hae-Joon (Park Hae-Il), détective chevronné, enquête sur la mort suspecte d’un homme survenue au sommet d’une montagne. Bientôt, il commence à soupçonner Sore (Tang Wei), la femme du défunt, tout en étant déstabilisé par son attirance pour elle.

Park Chan-wook for his latest film, Decision to Leave

J’adore le cinéma sud-coréen. Je trouve que leurs meilleurs films ont une sensibilité absolument unique qui les rend meilleurs que leurs homologues américains qui semblent trop suivre un cahier des charges. C’est même le cas dans les productions plus grand public du pays. Et si ce cinéma a pu franchir les frontières avec autant de succès, c’est notamment grâce à Park Chan-Wook. Après l’encensement critique de Oldboy à Cannes qui lui a valu le Grand Prix en 2004, les autres réalisateurs ont pu laisser leurs marques dans le monde, particulièrement Bong Joon-Ho avec le film historique qu’est Parasite. De son côté, Park Chan-Wook a continué à sortir des films mémorables, comme en 2016 avec Mademoiselle et cette année avec Decision to Leave.

Même si ce n’est pas le meilleur film du réalisateur, il en reste néanmoins fascinant. Que ce soit pour son intrigue très hitchcockienne et qui prend un virage inattendu vers la moitié du film, comme pour Mademoiselle, ou encore sa mise en scène ingénieuse qui a valu au réalisateur le Prix de la mise en scène à Cannes et qui reprend une des meilleures idées visuelles de Oldboy. En bref, Park Chan-Wook offre ce qu’il sait faire de mieux dans ce film et c’est un plaisir de voir un maître dans le meilleur de ses capacités.

De mon côté, j’attends toujours ce que prépare l’homme, que ce soit la série HBO The Sympathizer avec Robert Downey Jr. ou encore le remake américain du Couperet de Costa-Gavras.

Nope (Jordan Peele)

Les habitants d’une vallée perdue du fin fond de la Californie sont témoins d’une découverte terrifiante à caractère surnaturel qui affecte humains et animaux. Les gérants d’un ranch de chevaux (Daniel Kaluuya et Kiki Palmer) tentent de comprendre ce phénomène mystérieux alors que le propriétaire d’un parc à thème tente d’en tirer profit.

Nope

Si quelqu’un avait dit un jour qu’un grand humoriste américain deviendrait l’une des plus grandes figures du cinéma d’horreur moderne, tout le monde aurait dit d’arrêter de dire des affaires bizarres comme ça. Pourtant, Jordan Peele l’a fait. Ayant pendant des années créé de nombreux sketchs humoristiques avec son collègue Keegan Michael-Key pour l’émission Key & Peele, il s’est lancé en 2017 dans la réalisation avec le succès surprise que fut Get Out et continue avec le plus divisé Us en 2019. Il a cependant conquis les amateurs de films d’horreur comme moi avec son écriture mélangeant le comique et l’horreur ainsi que ses nombreux sous-textes sur la société capitaliste et le racisme, que ce soit avec les nombreux projets qu’il produit avec sa société Monkey Paw ou les films qu’il réalise lui-même. Nope, son troisième film, ne déroge pas à la règle.

Nope est lui aussi un film qui a divisé le public. D’un côté, les gens ont acclamé le film et les propos dont il traitait, de l’autre ils ont déclaré que le film passait à côté de ce qu’il tentait de raconter. Je suis cependant du premier avis. Si j’admire le message du film qui a l’intelligence de proposer plusieurs niveaux de lecture, ce que j’admire dans le film est plus le fait que Jordan Peele a réalisé le blockbuster le plus divertissant de l’été, alors que ce n’est pas vraiment dans sa nature. Aussi, j’ai rarement ressenti une terreur aussi intense face à la créature du film, et même si on nous l’avait teasé bien avant. Ce film montre bien que Jordan Peele a une véritable maîtrise dans ce qu’il a à montrer et à raconter.

Il a une belle carrière devant lui et je suis impatient de voir son prochain film qui restera un secret jusqu’à la dernière minute, comme à ses habitudes.

Everything Everywhere All at Once (Daniel Kwan et Daniel Scheinert)

Evelyn Wang (Michelle Yeoh) tient une laverie avec son mari, Waymond (Ke Huy Quan) qui veut divorcer. Evelyn est à bout. C’est alors qu’elle fait la connaissance d’Alpha Waymond. Ce dernier est une version alternative de Waymond. Il lui explique que de nombreux univers parallèles existent, car chaque choix fait engendrer la création d’un nouvel univers. Les habitants de l’Alphaverse ont ainsi développé une technologie permettant d’accéder aux compétences, aux souvenirs et au corps de leurs homologues de l’univers parallèle.

Everything Everywhere All at Once

Cette année, j’ai fait face à un sentiment que je n’avais jamais vécu avant. Peu importe tous les films que je regardais, je gardais une petite amertume en bouche, même si je les trouvais formidables. J’ai cependant très vite compris ce qui n’allait pas. Parce que j’avais déjà vu plus tôt dans l’année le film parfait pour moi et que rien n’allait l’égaler. Ce film, c’était Everything Everywhere All at Once.

Avec ce film, Daniel Kwan et Daniel Scheinert m’ont apporté tout ce que j’aime dans le cinéma. Une véritable lettre d’amour au septième art, un casting incroyable avec une actrice géniale, mais mal utilisée, des scènes d’action d’une telle créativité qui rendrait jaloux les productions les plus chères et un concept qui permet tellement de possibilités dans l’écriture et la mise en scène tout en créant une couche émotionnel dans l’histoire. Je me rappelle encore de ma séance où tout le monde était juste abasourdi par ce qu’il se passait à l’écran, moi le premier. C’est après 140 minutes incroyables que je me suis dit que Everything Everywhere All at Once était le film de l’année.

Et point supplémentaire, ce film a ramené au premier plan Ke Huy Quan, soit Demi-Lune d’Indiana Jones et le temple maudit, le héros de mon enfance. Il va même être dans la saison 2 de Loki.

Quelques mentions honorables

The Fabelmans : Steven Spielberg qui offre sans aucun doute son film le plus personnel avec une parfaite sobriété et le meilleur caméo de 2022.

RRR : La nouvelle porte d’entrée pour le cinéma indien et l’un des films les plus excitants de l’année.

Babylon : Damien Chazelle qui offre la version vulgaire et sous cocaïne de Singin’in  the Rain (le film fait la même comparaison).

The Batman : Le meilleur film de super-héros de l’année et ce qui devrait être l’exemple à suivre pour le futur.

Belle : Mamoru Hosoda, l’un des mes réalisateurs de film d’animation japonais préférés qui nous gâte avec cette épopée virtuelle et musicale.

Bien évidemment, je n’ai pas pu tout voir cette année. J’aurais notamment voulu regarder Aftersun, The Banshees of Inishirin ou encore Triangle of Sadness pour ne citer qu’eux, mais ce sera pour l’année prochaine.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le 26 décembre 2022

© 2023 Le petit septième