«— Vous faites ça?
— Ouais! »

Le groupe écoterroriste REVERT veut s’attaquer à la surconsommation et revendique de multiples explosions simultanées dans les sites d’enfouissement et les centres de tri du monde entier. Ce coup d’éclat vise un seul objectif : une prise de conscience collective de la surproduction de déchets afin d’inciter les gens à réduire leur consommation. Mais, la suspension des collectes arrivera-t-elle à satisfaire REVERT qui menace de représailles? 

Avec Vidanges, Pierre-Luc Miville propose une série de courts épisodes qui remet en question notre mode de vie en lien avec l’écologie. La question qu’il amène est la suivante : on parle de diminuer notre production de déchets depuis longtemps, mais faisons-nous réellement des efforts?

Une série qui vise la prise de conscience

Imaginons un instant vivre dans une métropole devenue un gigantesque dépotoir à la suite d’un attentat écologique et que toutes les collectes d’ordures, de recyclage et de compost soient suspendues… C’est exactement ce qui arrive à la Ville de Montréal dans cette toute nouvelle série originale qui arrive sur ICI TOU.TV à compter du 7 décembre 2022.

Pour ceux qui se soucient réellement de l’environnement, on se questionne vivement à savoir qu’est-ce que ça va prendre pour que les gens agissent enfin et fassent un réel effort afin de diminuer leur consommation excessive. Avec cette nouvelle série, on offre une piste de réponse. Excessif, diront certains. Mais est-ce vraiment exagéré de supposer que le terrorisme écologique est potentiellement la seule façon de pousser les gens vers le changement nécessaire? 

Les 12 épisodes d’une durée d’environ 10 minutes auraient été tournés sur un plateau de tournage certifié vert. L’équipe de tournage de Vidanges a mis en place une série de gestes afin de réduire son empreinte écologique et établir un modèle de « tournage vert » : calcul des GES, achat de crédits carbone, déplacement à pied et à vélo, covoiturage, traiteur zéro déchet, système de tri des déchets,  location et réutilisation de costumes/décors/accessoires, équipements techniques rechargeables/moins énergivores, dons de vêtements usagés. Voilà un modèle qui devrait être mis de l’avant plus souvent sur nos plateaux. 

Lauréate du prix Vivats 2022 et accréditée niveau Excellence du programme « On tourne vert » initié par le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ) et le Conseil québécois des événements écoresponsables, la série Vidanges aborde non seulement de la question environnementale dans sa dystopie, mais incarne les valeurs de la production audiovisuelle écoresponsable en 2022. 

À noter que Équiterre est aussi un partenaire de production. 

Une série efficace à un détail près

Quand il y a des hommes (ou des femmes), il y a de l’hommerie… 

Judith (Alexa-Jeanne Dubé), une jeune mère de famille monoparentale, tente le tout pour le tout afin de sortir son fils asthmatique (Iani Bédard) de cet enfer puant. Sa solution? Déménager à Saint-Jérôme, seule municipalité au Québec qui semble vivre dans une utopie d’air pur et de gazon vert. Pour y arriver, elle doit amasser une grande somme d’argent. Aidée de son ex (Sébastien Huberdeau), magouilleur et attachant, elle plonge tête première dans le commerce illégal des « bougeurs », ces gens qui font disparaître vos vidanges hebdomadaires contre une rémunération élevée. Tout cela en composant avec les menaces constantes de REVERT et sans provoquer les soupçons de sa sœur, Laurence (Jeanne Roux-Côté), environnementaliste assumée et engagée, de son père, Alain (Richard Fréchette), ancien éboueur à la recherche de nouveaux défis, et de Pascale (Cynthia Wu-Maheux), une amie de la famille qui vient d’être nommée responsable de la transition verte à la Ville de Montréal. 

Vidanges (au titre évocateur) mélange le drôle et le dramatique de façon assez efficace. Portée par le talent de ses acteurs et actrices, cette série ne peut que faire réagir ceux qui la regarderont. Dès les premières images, le spectateur est choqué. Il s’agit certainement de la production québécoise (et canadienne) la plus frappante en ce qui a trait à l’environnement. 

Judith, on l’aime bien. Mais on ne peut s’empêcher d’espérer qu’elle finira par se faire prendre. Ou qu’elle prendra conscience de l’atrocité de ce qu’elle tente de faire. Du coup, elle représente bien le commun Nord-Américain. À ce niveau, le scénario est parfait. La représentation du Québécois moyen est « sur la coche ». Les scénaristes se sont bien amusés à incorporer les beaux commentaires intelligents que nous avons trop vu lors de la pandémie que nous connaissons trop bien. Je remets le prix de la meilleure représentation du colon d’ici à ce passant qui clame haut et fort sa liberté de produire des vidanges. Il faut aussi donner un morceau de robot à ce moron déguisé en Viking qui se pointe à la mairie, le visage peint, pour proclamer aussi son droit de produire des vidanges dans ce mouvement qui vise le méchant maire de Montréal. 

Et dans leur souci de réalisme, les créateurs de cette « malodorante » série montrent comment les dirigeants rejettent si facilement la responsabilité des mesures coercitives sur les subalternes. Ici, il s’agit de Pascale (Cynthia Wu-Maheux), la pauvre responsable de la transition écologique. 

Ce qui m’amène au gros point faible de la série. Deux personnages de cadets parcourent la ville pour donner des contraventions. Ils sont bien stupides. Lui se prend pour le dieu de la contravention, et elle… disons que le chat de ma copine a certainement une intelligence de loin supérieure. La série serait encore plus percutante sans ces deux personnages. 

Un peu plus…

J’aurais presque envie d’attirer l’attention des écolos extrémistes sur cette série. Soyons honnêtes ici. Quand allons-nous, en tant que société, faire ce qui doit être fait? Ne serait-ce qu’une partie de ce qui doit être fait. 

Je me permets de lancer quelques idées que la ville pourrait mettre en place : 

• la fin de tout sac de plastique dans les commerces;
• limiter le nombre de sacs à ordures par adresse, par semaine;
• diminution de la fréquence de la collecte des ordures;
• interdiction de la voiture au centre-ville certains jours dans le mois.

Voici 4 suggestions toutes simples qui pourraient avoir de grands effets sur le long terme. En attendant, chacun peut faire un petit effort de plus. Certains gestes miniatures peuvent aider. Janvier approche avec ses prises de résolutions. Je vous encourage à faire comme moi. Pour une troisième année consécutive, je prendrai la résolution (et la tiendrai) d’ajouter au moins un geste écologique à mes habitudes de vie. 

Qu’en dites-vous? On essaie?