LA SWITCH - une

[Cinemania] La Switch — Plonger dans le trauma

Le caporal Marc Leblanc, un tireur d’élite militaire hautement qualifié, quitte l’Afghanistan, démobilisé des Forces armées canadiennes. Il retourne dans sa maison natale, un coin paisible du nord de l’Ontario. Il porte une lettre détaillant l’état de santé de son père, lui-même ancien combattant. Père et fils, réunis, se cachent derrière leur silence, incapables d’exprimer leurs émotions, incapables de converser au-delà des banalités mondaines ou de nouer des liens durables avec leur entourage.

LA SWITCH - intro
Marc Leblanc (François Arnaud)

Le trouble du stress post-traumatique

La figure du soldat a très souvent été utilisée au cinéma. Que ce soit dans ses aspects les plus glorieux, mais aussi les plus sombres. Parmi elles se trouve le trouble du stress post-traumatique, un trouble mental qui affecte les personnes ayant été témoins ou victimes d’un événement traumatisant, comme des soldats qui ont vu les atrocités du champ de bataille. Si certaines fictions, notamment américaines, explorent ce thème en surface comme dans American Sniper de Clint Eastwood ou l’utilisent comme un prétexte pour avancer l’histoire comme dans le premier Rambo, rares sont les films qui posent un point de vue plus réaliste sur la question. Michael Cimino s’était déjà essayé à l’exercice avec The Deer Hunter en 1978. Au Québec, il aura fallu attendre jusqu’en 2022 avec la sortie de La switch de Michel Kandinsky, qui fait d’ailleurs partie de la programmation du Festival Cinemania de 2022.

Le trouble se voit à travers le personnage principal Marc Leblanc, interprété par François Arnaud, qui revient de son service militaire dans une petite ville du Nord de l’Ontario à la ferme de son père. Ce dernier est lui-même vétéran, et la guerre a eu un impact sur cette famille. Entre le père distant et même agressif envers son fils, en plus d’être négligeant de son terrain, Marc lui-même qui a du mal à se sortir de sa fonction de sniper et qui a quelques hallucinations ainsi que le frère dont le trouble a causé une grande tragédie, le traumatisme a causé bien des ravages.

Cela se voit notamment à travers les acteurs, entre autres François Arnaud, dans un rôle peu bavard et assez sombre qui détonne des récents films où il est apparu, comme Au Revoir le bonheur de Ken Scott et Norbourg de Maxim Giroux, soit des rôles plus dynamiques. Le contraste entre ces films et La switch fonctionne très bien. Roch Castonguay, qui joue le père, et Lothaire Bluteau, qui joue le shérif de la ville, sont eux aussi excellents. Leurs personnages représentent aussi deux facettes du trouble de Marc, soit la solitude pour son père et l’ouverture pour le shérif.

LA SWITCH 2

Mais c’est à travers la mise en scène de Michel Kadinsky que la représentation du TSPT est le mieux portée à l’écran. Il y a les quelques moments d’hallucinations mentionnés plus tôt, mais surtout une technique spéciale où l’image est floue, sauf la partie qui entoure Marc. Cela se voit notamment au début du film quand il arrive dans sa ville, mais aussi ce flou disparaît quand le personnage se sent plus à l’aise, soit quand il se pratique avec son fusil. Si cette technique peut déranger un peu au début, il s’agit d’un bon moyen d’exprimer la solitude et le malaise de soldats qui reviennent dans un environnement plus calme après leur service et le fait qu’ils retrouvent leurs émotions dans leur routine militaire qui est maintenant obsolète chez eux. Il y a aussi des moments où l’image se met à vibrer dans les vrais moments déchirants, ce qui reste beaucoup moins subtil comme outil de mise en scène.

Si le film réussit à faire porter le message sur le mal-être des soldats atteints de TSPT, il reste maladroit sur certains points. Notamment le personnage interprété par Sophie Desmarais, là pour créer une possible relation avec le personnage principal et exprimer sa difficulté à créer des liens sociaux, mais cette intrigue est assez clichée et n’amène pas grand-chose au récit. À mon avis, le personnage aurait dû avoir moins d’importance, cela n’aurait pas impacté le film. J’ai aussi mes réserves sur la fin, qui est un peu trop survoltée par rapport au reste du film qui réussissait à se contenir.

Si le film de Michel Kandinsky n’a pas la prétention d’être un grand film marquant, il réussit à faire passer son message sur l’appel à l’aide de tous les anciens soldats ayant un TPST et présente le problème à l’écran de manière respectueuse et intelligente, malgré quelques maladresses. La switch est un long-métrage simple et efficace et serait bon à montrer à ceux qui en ont besoin.

La switch est présenté à Cinemania le 9 novembre 2022.

Fiche technique

Titre original
The switch
Durée
85 minutes
Année
2022
Pays
Canada / Québec
Réalisateur
Michel Kandinsky
Scénario
Michel Kandinsky, Christian Martel et Nadine Valcin
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
The switch
Durée
85 minutes
Année
2022
Pays
Canada / Québec
Réalisateur
Michel Kandinsky
Scénario
Michel Kandinsky, Christian Martel et Nadine Valcin
Note
7 /10

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