« Gilbert Marcel. Gilbert Marcel. Gilbert Marcel. Gilbert Marcel… »

La vie de Martine Racra (Gabrielle B. Thuot) est floue. À 14 ans, au début des vacances et avec un père absent, elle s’ennuie. Puis, Gilbert Marcel (Jean-Moïse Martin), son voisin optométriste, lui prescrit sa première paire de lunettes. Martine tombe follement amoureuse. Pour revoir Gilbert, elle se ruine les yeux. Avec ses nouveaux verres déformants, Martine voit des fantômes, des fantômes d’amour. Quand elle apprendra que Gilbert part en vacances avec sa famille à Old Orchard, elle fera tout pour le rejoindre. 

Avec Martine à la plage, Christian Lalumière et Simon Boulerice s’attaquent à un personnage mythique pour toute une génération. Mais surtout, ils offrent une série qui amène le spectateur quelque part entre réalisme et délire, entre passion et pathologie.

Martine

Qui ne connaît pas la Martine des livres pour enfants? Comme bien d’autres, j’ai redécouvert cette série lorsque j’ai eu mes propres enfants. Et j’ai réalisé à quel point ce personnage était… perturbant. C’est probablement un peu pour ça que Martine a été réutilisée à profusion dans les dernières années par les graphistes amateurs afin de chialer sur les réseaux sociaux. 

Ici, elle nous est présentée par le duo Lalumière / Boulerice, d’une façon encore plus perturbante. La fillette devenue adolescente nous apparaît un peu névrosée, voire psychopathe… 

À quoi s’attendre

Il faut dire que l’ambiance de la série est proche de celle du film d’horreur. La musique, les angles de caméras et les actions de Martine gardent le spectateur dans un état d’inquiétude.

À part les 2 premières minutes du premier épisode, le ton est parfait. Un genre d’humour noir à l’anglaise mélangé à un style kitch totalement assumé fait de Martine à la plage une série parfaite pour une séance de binge watching. Si seulement les épisodes étaient plus longs…

8 épisodes de 10 minutes c’est beaucoup trop court. Si le duo décidait de créer un long métrage ou une série plus longue, je serais preneur. 

Revenons sur le ton de la série. 

Martine s’adresse au spectateur pour lui raconter ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent. Ce genre de narration amène rapidement le spectateur à s’intéresser au personnage. Et du coup, à se désintéresser des autres personnages. Et c’est une bonne chose. Un peu comme le faisaient les créateurs des Peanuts, la présence des adultes devient une simple façon de valoriser les enfants. Ici, tout est au service de Martine. Mais pas nécessairement pour la montrer sous son meilleur jour. L’adolescente est inquiétante et perturbante. On se demande à quel moment elle tuera quelqu’une ou qu’elle écrira son amour avec du sang sur le patio de Gilbert.

Mais l’intérêt pour cette série n’irait pas au-delà du plaisir coupable si ce n’était du fait qu’elle touche aussi des sujets d’information pertinents (du genre que l’Épipen n’est pas un remède) et surtout, des tabous comme l’anorexie. Sujet qu’on nous présente pratiquement comme un bel objectif de vie. Martine explique avoir vraiment essayé d’être anorexique, mais qu’elle y a échoué. Voilà une façon osée de toucher une thématique de maladie mentale.

Si, comme moi, vous trouvez que la Martine des livres est un peu névrosée sur les bords, vous allez adorer cette série. 

Les épisodes

Les titres des épisodes sont évocateurs et parfaitement dans le ton : Martine en vacances, Martine voit flou, Martine aux esprits, Martine se ruine la vue, Martine et ses rivales, Martine est en amour, etc.

Martine à la plage sera disponible à partir du 10 novembre 2022, dans la section VÉRO.TV d’ICI TOU.TV EXTRA. 

Je sais, c’est frustrant que les productions originales de notre diffuseur public ne soient pas accessibles à tous. Quoi qu’il en soit, Martine à la plage vaut le détour!