« Zone de consentement extrême »
Le cabaret impudique du Collectif NU.E.S est une soirée immersive et déambulatoire, composée de plusieurs performances et animations érotiques. Les thèmes abordés pendant cette incursion dans l’éros queer et engagé du collectif sont la beauté des corps et de leur diversité, les jeux de pouvoir, le kink, le plaisir physique et le travail du sexe.
Avec Le cabaret impudique, le collectif offre une performance artistique déstabilisante, déroutante, belle, douce, sensuelle et inclusive. Un spectacle comme je n’en avais jamais vu avant!
Inspiré.e.s des animations impudiques du collectif, les artistes ont choisi quelques extraits parmi leur répertoire pour amener les spectateurs à explorer et célébrer avec elleux la diversité des érotismes. Avec ce cabaret, l’art contemporain et l’art underground des communautés queer et sex-positive se rencontrent, permettant de rassembler l’intime et le politique. L’érotisme est donc ici positif et agentif, un vecteur fascinant et un rappel de notre capacité à ressentir et à nous sentir vivant.
C’est parti! J’arrive au Rialto — accompagné – pour ce « cabaret » qui m’intrigue grandement. Je ne sais pas à quoi m’attendre en arrivant sur place. Juste avant d’entrer dans la salle (qui est simplement une grande pièce rectangulaire), il y a une affiche qui dit « Zone de consentement extrême ». C’est là que je commence à me demander dans quoi je m’embarque…
Une fois à l’intérieur, une personne vient nous voir pour nous expliquer que si on ressent des choses dont on à besoin de parler, il y a un intervenant sur place. Là, je me demande vraiment dans quoi je m’embarque.
Tout autour de la grande salle, il y a des chaises. Sur certaines d’entre elles, il y a des personnes qui sont installées. Ce sont les artistes du collectif qui sont déjà dans leur performance. Pour le néophyte que je suis, c’est troublant. Ielles sont vêtues de façon très provocante. Près d’ielles, il y a des petits haut-parleurs et des gens sont couchés par terre, l’oreille collée sur le petit bidule sonore. Dans ces speakers on entend des récits, des confessions de la part des artistes. Ielles parlent d’érotisme, de sexualité, d’intimité.
Puis, une voix résonne – provenant d’un haut-parleur – et nous explique le déroulement et le fonctionnement de la soirée. Des performances simultanées auront lieu dans la pièce. On peut se promener et regarder, participer aux performances. Il y a aussi une salle où on peut écouter des enregistrements. Puis, ça démarre pour vrai. Les 6 artistes dansent, bougent, excitent, s’amusent devant le public très diversifié et ouvert. L’atmosphère est incroyable. Je n’ai jamais vu un événement dans lequel les diversités étaient autant représentées, sans que ça ne se remarque vraiment. C’est un bel exemple de ce que devrait être – et serait – la société si on arrêtait de chercher à diviser les gens en catégories. Tout est beau et magnifique.
J’ai donc pu profiter d’une soirée mémorable, déstabilisante, excitante, belle, et géniale à regarder ces artistes et le public évoluer dans un spectacle comme je n’en avais jamais vu auparavant.
Vous vous demandez probablement pourquoi je parle d’un spectacle de ce genre, ici? Je crois que toutes les formes d’arts ont des choses en commun. Et dans « l’effort » de normalisation des diversités, le cinéma et les performances vivantes ont beaucoup en commun. Ce sont deux formes artistiques qui se permettent parfois d’être un peu plus choquantes, d’aller un peu plus loin. Parfois il faut bousculer les spectateurs pour faire avancer les choses.
La façon que le collectif à choisi afin de traiter de l’intimité n’est pas sans me rappeler les courts métrages d’Alexa-Jeanne Dubé. L’un comme l’autre réussit à traiter de l’intimité à travers la sexualité, sans que ça ne devienne pornographique, malgré le côté explicite de la chose.
Le cabaret impudique du Collectif NU.E.S me rappelle aussi des œuvres frappantes comme Climax, de Gaspar Noé. Des créations déstabilisantes dans lesquelles le mouvement et la beauté des corps sont mis à l’avant-plan.
S’il y a une chose que Le cabaret impudique réussit à démontrer, c’est que l’érotisme et la beauté ne répondent pas aux critères que l’industrie et la société nous imposent. Clairement, si nous avions l’occasion de voir toute cette diversité corporelle dans les médias et dans les écrans de tous les jours, nous en serions tous gagnants.
Je dois aussi mentionner la grande vulnérabilité démontrée par les artistes par leurs témoignages. Et, du coup, la vulnérabilité des spectateurs lorsqu’ils se couchent au sol pour écouter ces confessions. C’était beau de voir tous ces gens montrer cette vulnérabilité et communier autour de ce collectif créatif, talentueux et fort!
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